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Javier Pastore, le malade imaginaire
Tout était parfait, un entraîneur qui souhaite jouer avec un meneur de jeu, un numéro 10 sur le dos, un but dès le premier match, la saison de Javier Pastore commençait bien... et puis le garçon s’est blessé. Il est revenu. Pour se reblesser. Avant de revenir. Et de se reblesser. Ça pourrait être drôle, mais ça ne l’est pas.
Quand on aime le PSG et Javier Pastore, il faut avoir de l’humour. À chaque fois que l’alerte « Javier Pastore a repris l’entraînement collectif » arrive à nos oreilles, au lieu de se dire « Chouette, enfin » , on a toujours ce réflexe pavlovien : « Rechute dans 5, 4, 3, 2, 1… » Car la saison de Javier Pastore est un éternel recommencement. À quelques minutes près, l’Argentin a passé autant de temps sur une pelouse qu’Abou Diaby, ce qui n’est pas flatteur. La semaine dernière, on pensait avoir vu le bout du tunnel avec son apparition face à Rennes en Coupe de France. D’autant que le salaud ne fait rien comme tout le monde, puisque aussitôt rentré, il permet à Hatem Ben Arfa de marquer. Dans la foulée, l’ascenseur émotionnel s’emballe, le garçon jouera contre Barcelone et qualifiera son équipe. Tout est déraisonné quand il s’agit de « Flaco » . Sauf que deux jours après sa balade bretonne, l’Argentin se pète à nouveau à l’entraînement. Sur une frappe. Rechute. Encore et encore. En novembre, déjà, il avait fait son come-back contre Nantes après deux mois passés à creuser le trou de la sécurité sociale. Au Parc des Princes, il avait changé le cours du match en dix minutes, obtenant même un penalty. On s’était alors dit qu’il était enfin de retour. Puis sur un contact quelconque avec un Canari, le genou a vrillé. Infirmerie. Un tunnel qui va durer jusqu’à Rennes, la semaine dernière donc.
Premier buteur de l’ère Emery
À force, on n’a plus envie de croire en son énième retour. D’ailleurs, il est encore forfait pour la venue de Lille, ce soir. Précaution ? Rechute ? Vraie blessure ? Mental en carton ? Un peu des quatre, sans doute. Non pas que le garçon nous a déçus, mais ça devient usant de croire au miracle. Son mal est à la fois psychologique, puisque l’Argentin aurait la sensation permanente d’être diminué, mais aussi physique. Long et fin, l’homme n’a jamais été épargné par les blessures musculaires depuis son arrivée au PSG en 2011, notamment ses mollets. Dommage pour lui, Unai Emery voulait en faire son maître à jouer, son numéro 10, son patron dans le 4-2-3-1 qu’il souhaitait mettre en place au PSG. Tout semblait écrit, comme ce numéro 10 dans le dos récupéré après le départ de Zlatan Ibrahimović. On y a cru. Vraiment. Lors du Trophée des champions face à Lyon, il est le premier buteur de la saison et donc de l’ère Emery. C’était parfait. Comme si la poisse le laissait enfin tranquille… avant de le clouer en dehors de la feuille de match dès le déplacement à Monaco, lors de la troisième journée de Ligue 1. Le début d’une énième rechute après les galères de la saison passée.
Verratti et Pastore plus alignés ensemble depuis… un an
En janvier, certains suiveurs du PSG ont lâché prise quand les rumeurs l’envoyaient en Chine. Gâchis était un mot trop faible pour expliquer cette éventualité. Mais il faut se rendre à l’évidence, le PSG peut-il encore s’appuyer sur un garçon qui émarge à 700 000 euros par mois et qui passe son temps à l’infirmerie ? Sujet compliqué qu’il faudra trancher à un moment donné… « Le cas Pastore préoccupe tout le club » , a simplement avancé Emery, ce lundi, avant la venue de Lille. Son absence s’accompagnant souvent de celle de Marco Verratti, voilà le PSG bien trop souvent obligé de composer sans ses deux dépositaires du « beau jeu » . C’est simple, les deux hommes n’ont plus commencé un match ensemble depuis janvier 2016. Et ça sera encore le cas contre Lille, ce soir. Dans deux semaines, le FC Barcelone débarquera dans la capitale. D’aucuns croient encore aux miracles et espèrent le retour des deux milieux. Mais comme souvent à cette période de l’année, le PSG entamera son sprint final avec des cadres sur le carreau. La faute à qui ? À un moment, au-delà du cas Javier Pastore, il faudra trouver une réponse à cette question. En attendant, on file allumer un cierge aussi fin que le corps de l’Argentin pour espérer voir sa frimousse sur un terrain, même cinq minutes. Tout ce qui est rare est beau… et cher.
Par Mathieu Faure