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Javier Pastore, le maigre a pris du poids
Arrivé en 2011, l'Argentin avait pour habitude de choisir ses matchs tout en se montrant incapable d'être performant sur la durée. Frustrant et énervant, El Flaco est pour le moment en train de réussir son début de saison. Pour la première fois depuis qu'il est à Paris, Javier Pastore est constant. C'en est presque troublant.
« Tu vois, je te l’avais dit. » Depuis plusieurs semaines, une certaine frange des suiveurs du PSG est sortie de sa tanière. Entre eux, ils aiment s’appeler les Pastoristes. Ce sont eux qui ont toujours cru – ou fait semblant – en Javier Pastore. Forcément, en ce moment, ils profitent de la vague, car ça ne va pas durer. Parce que depuis son arrivée dans la capitale en juillet 2011, le plaisir ne dure jamais avec le numéro 27 du PSG. Génial pendant trois mois, blafard les six suivants. Sublime au Nou Camp, ridicule au Roudourou. Divin quand il entre face à Chelsea, fantomatique pendant 10 minutes à Amsterdam. Difficile de trouver une cohérence et une logique dans le jeu parisien de Javier Pastore. C’est sans doute pour ça qu’il rend schizophrène. Avec lui, il faut toujours être sur le qui-vive, bien rester sur ses gardes et ne jamais trop s’habituer au luxe. L’art du contre-pied, en somme.
Le meilleur Pastore
Mais depuis le mois d’août et ses deux caviars pour Ibrahimović en ouverture de la saison à Reims, l’Argentin n’a pas encore faibli. Génial contre le FC Barcelone, il a livré plus de matchs intéressants en deux mois que sur les quinze derniers. Et si c’était le meilleur Pastore que le PSG ait vu en quatre saisons ? Difficile à dire, car les statistiques ne parlent pas vraiment pour lui (aucun but et aucune passe décisive à l’exception des deux rémoises). Et puis le joueur a déjà été trimbalé à plusieurs postes : milieu relayeur gauche, faux ailier gauche, numéro 10. Pourtant, il se passe quelque chose avec l’Argentin, c’est une évidence. Ce n’est pas un hasard si la sélection argentine a de nouveau fait appel à ses services après une pause de trois ans. Au sein du club, on essaie de garder les pieds sur terre. Après tout, il n’y a rien d’anormal dans le fait de pouvoir compter sur le moyen terme avec un joueur payé 42 millions d’euros. Pour expliquer cette bonne forme actuelle, le joueur s’était d’ailleurs livré dans les colonnes de L’Équipe.
La recette est pourtant très simple et s’appelle le travail. « C’est la première fois que j’accomplis toute la préparation physique. Avec les préparateurs, nous avons accompli un travail individualisé que j’aime énormément et qui m’a beaucoup apporté. Et, mentalement, j’ai changé beaucoup de choses. Cette année, j’ai repris avec l’idée de jouer beaucoup plus, de m’entraîner dur au quotidien pour gagner ma place » . Des propos qu’il avait confirmés sur SoFoot.com peu de temps après. « Mon temps de jeu, ça ne dépend que de moi. De personne d’autre. Je sais qu’il faut que je me défonce à l’entraînement si je veux être meilleur et jouer des matchs. Je veux gagner ma place parmi les titulaires et je vais tout faire pour que ce soit le cas… En t’entraînant bien, tu peux faire douter l’entraîneur sur ses choix. » C’est chose faite, puisque Blanc s’est retrouvé dans une situation unique : faire débuter Javier Pastore au détriment de Blaise Matuidi. Preuve que l’ancien de Palerme a mis les bouchées doubles à l’entraînement. Enfin.
Meilleur sans Ibrahimović
Aujourd’hui, les blessures de certains cadres (Lavezzi, Ibrahimović) « obligent » Laurent Blanc à miser énormément sur le numéro 27 sans parler de réelle concurrence. Et l’Argentin le lui rend bien. Entre les deux hommes, il y a une certaine estime. « On sait dans quelle position Javier se sent le mieux, dans l’axe, près de l’attaquant, a reconnu l’entraîneur parisien avant la venue de Monaco. Mais je pense surtout qu’il a emmagasiné beaucoup de confiance et pris une nouvelle dimension physique, ce qui l’aide à produire des prestations du niveau de celle qu’on a vue face à Barcelone. » Quand le garçon est en confiance et bien physiquement, il est insortable de l’équipe type. Sous Carlo Ancelotti, déjà, sa seconde partie de saison 2012-2013 avait été formidable, avec comme apothéose le récital du Nou Camp. Barcelone, déjà. Catalogué comme un joueur de « grands matchs » , on reprochait surtout à Pastore d’être médiocre, désintéressé, planqué quand il fallait aller au charbon en Ligue 1, loin des lumières européennes. C’était le cas jusqu’alors. Aujourd’hui, il semble avoir franchi un palier. Il joue plus libéré. Surtout, il joue sans Zlatan Ibrahimović, blessé.
Car entre les deux hommes, difficile de cohabiter sur un terrain tant jouer au poste de numéro 10 avec le Suédois est impossible. « J’aime ce rôle mais, avec le positionnement d’Ibra, c’est compliqué, admettait le meneur dans L’Équipe. Il est devant, puis décroche avec les trois milieux de terrain. Souvent, le coach me demande d’aller occuper le poste de numéro 10. J’y vais, mais on se marche parfois sur les pieds. C’est pour cela que j’essaie de me placer sur le terrain en fonction de lui. » Et quand le meilleur attaquant parisien n’est pas là, Pastore prend la mène en main. Comme tout meneur de jeu, c’est une mécanique fragile, précise, de l’horlogerie, mais ça paie. Le genre de type qui transforme un tacle le long de la ligne de touche en un petit pont. En ce moment, Pastore est (re)devenu une hype au PSG. Comme en 2011. Comme en 2013. Comme après Chelsea.
« J’avais la moitié du stade qui me sifflait »
Aujourd’hui, la question est simple : tout cela peut-il tenir sur la durée ? Personne ne le sait, mais une chose est certaine, l’opinion publique a envie de croire en lui, cette fois. Lors du match nul concédé face à Monaco début octobre (1-1), on a reproché à Laurent Blanc d’avoir sorti son joueur trop tôt en seconde période, tant il tenait son équipe à bout de petits ponts. Trois mois plus tôt, on lui reprochait de le faire jouer… « Je ne suis pas un joueur qui fait l’unanimité. À Huracán et à Palerme, j’avais la moitié du stade qui me sifflait et l’autre qui se levait de son siège pour m’applaudir, disait-il sur SoFoot.com. Il faut que je travaille pour que le nombre de personnes qui m’applaudissent soit plus important que le nombre de personnes qui me sifflent. Je fais tout pour, en tout cas. » Tu peux compter sur nous, Javier, on est souvent debout. Même si régulièrement, on s’est senti seul…
Par Mathieu Faure