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Javi Poves : « Je ne crois pas à la théorie de la Terre ronde, c’est un mensonge »
Retraité à 24 ans après avoir disputé douze minutes en Liga (en 2010-2011 avec Gijón), Javi Poves a quitté le football de haut niveau, car il n'était pas en phase avec un « système » qu'il estime corrompu. Président du Flat Earth FC, en référence à la théorie de la terre plate, l'Espagnol de 32 ans se lance dans un nouveau projet pour son équipe qui vient d'accéder à la quatrième division et revient sur la genèse du « premier club de foot associé à une cause » et sur sa volonté « d'explorer la décentralisation dans le monde du foot ».
Comment as-tu décidé de lancer le Flat Earth FC, un club qui défend la théorie de la terre plate ? Depuis quand es-tu convaincu par cette théorie ?J’ai réellement commencé à me rendre compte que le monde n’était pas comme on nous le décrivait il y a deux ans. Je suis entré en contact avec des gens qui avaient des chaînes YouTube avec beaucoup de followers et on s’est lié d’amitié, on a enquêté ensemble.
C’est là que tu te rends compte qu’il y a un mouvement mondial que l’on ne peut pas nier, quand on voit qu’autant de personnes croient en cette théorie. Ensuite, je suis arrivé à la tête d’un club de football, le Mostoles Balompié, et de là est venue l’idée de monter le projet Flat Earth FC. Quand on voit la censure, la discrimination des médias de communication concernant la théorie de la terre plate, j’ai choisi la voie du football pour la défendre. C’est sûrement le moyen le plus agréable, mais aussi le plus dangereux, quand on voit les répercussions que cela peut avoir.
Il y a beaucoup de théories qui infirment justement cette théorie de la terre plate, que réponds-tu à cela ? C’est très simple : moi, je ne veux pas croire, je préfère savoir. La seule chose que je propose aux sceptiques, c‘est de me rejoindre. On va essayer de lever les doutes, de mettre au grand jour la vérité. Personnellement, je n’ai pas vraiment d’intérêt à savoir comment est vraiment la terre. Ce que je veux savoir, c’est la vérité. La théorie qui soutient que la terre est ronde, je n’y crois pas. Je pense que c’est un mensonge et il y a beaucoup, beaucoup de raisons qui me le font croire.
Lorsque tu as décidé de renommer le club en Flat Earth FC, certains dirigeants du Mostoles Balompié se sont désolidarisés. Il y a eu des frictions ? Non, je n’ai reçu aucune plainte. Évidemment, il y a beaucoup de personnes qui trouvent cela bizarre, qui pensent que cela est une blague, que je fais ça pour l’argent. Mais ce n’est pas du tout pour ça que je le fais. De fait, j’aurais pu gagner beaucoup d’argent d’une autre manière et je ne l’ai pas fait. Finalement, la seule chose que l’on promeut dans ce club, ce sont des gens qui essaient de redéfinir les choses. Des gens qui ne racontent pas d’histoires fausses concernant la politique, l’histoire, la science… Cela s’est fait depuis toujours, depuis des millénaires et je crois que c’est le moment de dire « ça suffit » !
Tu parles aussi d’un projet de décentralisation du football. Qu’est-ce que cela signifie et quelles sont les actions concrètes que tu envisages de mener ?
Ce qui est clair, c’est que les clubs les plus puissants du monde sont ceux dont la marque traverse les frontières de leur ville. Le Real Madrid a des supporters à New York, à Chicago, à Hong Kong, au Japon… Le PSG, pareil. Grâce aux investissements qu’ils ont faits dans le recrutement et à leur exposition médiatique. Au Flat Earth FC, nous voulons aussi traverser les frontières. Pas grâce à l’argent ou aux stars du foot, mais à travers un mouvement avec un but commun. Nous sommes le premier club du monde qui n’a pas un lieu de résidence fixe. On se base sur une construction émotionnelle et personnelle de l’individu. Je pense que c’est une idée fantastique.
Le club n’a pas de résidence fixe, ça veut dire que tu n’as pas de stade affilié au club et que tu pourrais donc envisager de jouer dans des lieux différents ? En Tercera División (D4), nous devons jouer à Madrid parce que c’est là où évolue l’ensemble des équipes du championnat. Mais, si nous montons en Segunda División B, nous pourrons en effet choisir de nous installer autre part. Après, moi, j’aime bien Madrid, je suis originaire d’ici, mais ça m’est égal que l’équipe joue là ou pas. Ce qui m’intéresse plus dans la décentralisation, c’est de toucher des supporters partout dans le monde. À Buenos Aires comme à Madrid, il y a des partisans de la théorie de la terre plate et il y en aura de plus en plus partout dans le monde. Je motive les gens pour qu’ils soient socios du club, pour vingt euros par an, chacun peut souscrire sur le site internet et aura la possibilité d’assister aux matchs. Mais avant tout, je veux que les gens s’intéressent à ce qu’ils ressentent au fond d’eux-mêmes et qu’ils recherchent la vérité.
Ton logo ressemble à celui de l’ONU. Dans l’idée, tu voudrais que ton club devienne une organisation internationale qui défende la théorie de la terre plate ? C’est ton objectif principal, au-delà du sport ? L’ONU a en effet un emblème avec une carte qui ressemble beaucoup à celle de théoriciens de la terre plate. Il faudrait demander aux créateurs de l’ONU pourquoi ils ont mis cette carte sur leur logo. Je crois que ceux qui ont le pouvoir connaissent très bien la forme de la terre et ils nous ont envoyé un message crypté. Au travers des symboles, on saisit beaucoup de choses. Et oui, devenir une organisation internationale passe avant le sport. Le sport, finalement, tu peux le faire devant chez toi, tu peux aller courir dans un parc, dans une salle de sport, tu peux le faire tout le temps. Maintenant, pour moi, le sport et en particulier le football sont un moteur de sensibilisation, de prise de conscience. C’est un outil pour transmettre des valeurs, pour trouver des choses. Malheureusement, le football d’aujourd’hui recherche l’argent et la commercialisation avant tout. Nous, loin de cette vision, on veut fédérer pour découvrir la vérité concernant la forme de la terre.
Avez-vous quand même des objectifs sportifs en quatrième division ? Oui, bien sûr ! Mon idée est très claire, c’est accéder à la première division espagnole. On va lancer une campagne d’abonnements et vendre des maillots. Tout cela, ce n’est pas pour que je devienne millionnaire !
Cet argent, je vais l’utiliser pour faire signer les meilleurs joueurs et pouvoir monter jusqu’en première division. Afin d’avoir l’opportunité de jouer contre le Real, le Barça et de pouvoir clamer haut et fort que nous combattons pour la vérité. La Liga, j’espère que ce sera dans trois ans. Après, ça peut être quatre ou cinq ans. Mais après, ce n’est pas grave si ça ne se passe pas comme prévu : moi, je suis un rêveur et je suis plus intéressé par notre capacité à traverser les frontières du savoir que par notre succès sportif.
Ce n’est pas un peu incohérent d’acheter des joueurs, vendre des maillots, lancer des abonnements… et de lutter contre la marchandisation du football ?Dans le monde dans lequel nous vivons, pour être « pur » , la seule chose que tu puisses faire est de te suicider. C’est l’unique moyen d’être propre. Je ne dis pas que je suis parfait. La seule chose que je dis, c’est que nous allons collecter de l’argent pour découvrir la vérité. Je ne suis pas contre l’argent, je suis seulement contre la manière dont il est utilisé. Vendre des maillots, si c’est pour financer quelque chose de bien, utile pour la société, ce n’est pas une mauvaise chose.
Dans ton équipe, est-ce que tous les joueurs soutiennent la théorie de la terre plate ? Non. En vérité, dans le foot, dès que tu montes, il y a beaucoup de joueurs qui veulent intégrer ton équipe. Donc tu peux faire signer de meilleurs joueurs. Les joueurs qui arrivent n’ont pas vraiment d’opinion sur la forme de la terre, mais ce qu’ils savent, c’est que c’est un projet passionnant, différent et avec lequel on va marquer l’histoire. Les joueurs font partie d’une équipe qui va attirer les regards du monde entier.
Dans une interview que tu avais donnée, tu avais parlé de ta vision différente en matière de formation, tu as aussi un projet dans ce domaine pour le Flat Earth FC, différent de ce que font les autres clubs espagnols ?Oui, absolument. J’ai rencontré ce jeudi une entreprise qui était intéressée par ce volet. Nous parlons de ça actuellement. En Espagne, aujourd’hui, tous les enfants qui jouent au foot paient cher. Moi, quand j’étais petit, je ne payais pas. Évidemment, un de mes projets sur le long-terme, c’est que le foot revienne à la rue, sans lieu prédéfini. Je ne veux pas faire de business avec les jeunes joueurs, avec les écoles de foot. Qu’un enfant paie pour faire du sport, c’est une connerie. Le système me paraît aussi très corrompu parce que les clubs font de l’argent avec les jeunes joueurs alors qu’ils sont subventionnés par l’État. Il faut dire stop.
Tu as eu le soutien de Coco Basile, l’ancien sélectionneur argentin. Comment es-tu entré en contact avec lui ? Le fils de Coco Basile est un convaincu de la théorie de la terre plate, c’est une personne très appréciée dans le mouvement. Son père aussi a eu le temps suffisant pour enquêter et a finalement considéré que nous avions raison. Il est convaincu par la théorie. C’est incroyable qu’un entraîneur de son niveau, une personnalité de cette importance, que je connais depuis que je suis né, soutienne le mouvement.
Certaines personnes affirment que tu es devenu fou en quelque sorte…
La vérité, c’est que je souhaite à tout le monde de connaître les années que j’ai pu vivre. Les gens disent que je suis fou, mais malheureusement, la société est malade et vit l’une des pires époques jamais vécues. Beaucoup de gens sont tristes, ont des problèmes émotionnels, et pour tout dire, ça m’est un peu égal ce que les gens pensent de moi. Je suis heureux, je pense que j’ai connu ce qui était important. Mais tout survient avec une vitesse folle. La vérité, c’est que j’ai peu de temps pour penser. En ce moment, je suis très occupé à répondre aux différentes sollicitations plus qu’à analyser, penser et créer. J’aimerais continuer à lire. À moins qu’ils m’éliminent, parce que le système n’aime pas trop cette théorie. Mais je n’ai pas peur.
Propos recueillis par Victor Launay