- Coupe du monde 2014
- 1/2 finale
- Pays-Bas/Argentine
Jasper Cillessen, l’autre gardien des Pays-Bas
Il garde les cages néerlandaises depuis le début de la Coupe du monde, pourtant personne ou presque ne sait qui est Jasper Cillessen. La faute à un charisme limité et l'entrée déjà légendaire de Tim Krul face au Costa Rica. Pourtant, c'est bien le premier qui disputera la demi-finale face à l'Argentine. Du moins jusqu'à une éventuelle séance de tirs au but.
Depuis le départ en retraite d’Edwin van der Sar, les Pays-Bas ont jusque-là pêché dans leur quête de numéro 1. D’accord, Stekelenburg est à créditer d’une Coupe du monde 2010 encourageante, mais l’ancien portier de l’Ajax s’est depuis perdu en chemin. Sans une hiérarchie claire, Louis van Gaal a longtemps tergiversé, essayant pendant les matchs de qualification Vorm (Swansea), Krul (Newcastle) et Vermeer (Ajax). Mais aucun des trois ne se démarque réellement. Et puis Jasper Cillessen débarque en début d’année. En concurrence avec Vermeer, aussi bien en club qu’en sélection, Jasper grille la politesse à son aîné. Après une sévère défaite 4-0 contre le PSV, dès la 7e journée d’Eredivisie, Frank de Boer décide de laisser sa chance à sa doublure. Le blondinet ne ressortira dès lors plus des bois. Plus constant, à l’aise avec deux pieds, plus rassurant sur ses sorties aériennes, moins fantasque, la défense Ajacide respire de nouveau sans pour autant s’être trouvé un patron.
Décisif contre le Costa Rica
Avec son flow d’élève Erasmus et sa carrure peu imposante (1m87 pour 82kg), le portier de l’Ajax ne fait rêver personne au pays. Malgré l’absence de la moindre boulette, le garçon est loin de faire le consensus. À 25 ans pourtant, le natif de Groesbeek représente la nouvelle glorieuse génération de l’Ajax. Talentueuse, compétitive, mais sans traits de caractère et parfois fade. C’est ce que semble lui reprocher Willem van Hanegem, finaliste de l’édition 1974 : « Je me demande pourquoi il est numéro un. Je le trouve trop petit et très fragile. Tim Krul a, lui, plus le gabarit en cas de corner dangereux. Lui a appris des attaquants costauds et sait ce que c’est la bagarre pour le ballon. Je n’ai rien contre Cillessen, mais dans notre nouveau système de jeu, je donnerais la priorité à Krul » , déplorait-il dans les colonnes du Algemeen Dagblad. Van Gaal n’écoute pas les critiques – pas le genre de la maison – et continue d’accorder sa confiance à son jeune gardien. Mais alors que Keylor Navas, Memo Ochoa ou encore Claudio Bravo ont écœuré plus d’un attaquant et ont fait saliver plus d’un club, Jasper délivre des prestations plus discrètes. Pas exempt de tout reproche sur la frappe de Giovani dos Santos contre le Mexique en huitièmes, Cillessen est l’auteur d’une parade décisive dans les dernières minutes contre le Costa Rica. Un arrêt tombé dans l’oubli, la faute à l’incroyable coup de bluff de son sélectionneur.
Van Gaal le rassure
Quand Krul s’est avancé pour le remplacer, Jasper a baissé la tête dans un premier temps, avant de finalement exploser et révéler une réelle déception. « Je tiens à m’excuser. Je ne savais pas que c’était prévu et ce changement a été un choc pour moi » , s’excusera-t-il à froid. C’est que le garçon doit une nouvelle fois faire profil bas. Peu connu pour ses talents de psychologue, Van Gaal a pourtant tenu tout de suite à rassurer Cillessen en réaffirmant que sa place de titulaire n’était pas menacée. Une mesure indispensable pour remettre en confiance d’un garçon presque devenu invisible même aux yeux de ses partenaires. Une vidéo traîne sur le net où on le voit serrer la main en vain à un de ses coéquipiers, trop occupé à fêter une qualification et célébrer Tim Krul.
Par Quentin Müller