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Jason Denayer, le p’tit gars qui monte, qui monte…

Par Émilien Hofman
Jason Denayer, le p’tit gars qui monte, qui monte…

Vincent Kompany et Thomas Vermaelen blessés et en méforme, le Citizen Jason Denayer en a profité pour grappiller quelques minutes en équipe nationale belge. Mais le défenseur aux dreads a déjà fait mieux que simplement remplacer et pourrait rapidement revendiquer sa place dans le 11 des Diables rouges… et de Manchester City.

Elle est peut-être là, la clé du réveil des Bleus dimanche dernier. Intraitable depuis le début de la rencontre, Jason Denayer quitte la pelouse à la 85e minute pour rejoindre son coéquipier et adversaire du jour Eliaquim Mangala sur le banc. Derrière, la France inscrit les deux buts qui atténuent quelque peu la défaite. Bien entendu, l’orgueil des Bleus et le relâchement des Belges n’y sont pas pour rien, mais la prestation du jeune Citizen est néanmoins à souligner. « Il a fait exactement ce qu’on a essayé de lui enseigner : des interceptions et de l’apport offensif, se réjouit Younes Zerdouk, un de ses anciens entraîneurs à la JMG Académie où il est resté entre 2008 et 2013. C’est vrai qu’il a concédé deux-trois pertes de balles qui auraient pu mettre les Belges en difficulté, mais sa prise de balle montre qu’il a confiance en lui. »

Formé pieds nus

Pour Jason, tout débute à Ganshoren, une des communes de la ville de Bruxelles où il s’affilie dès huit ans. Doué, le gamin ne tarde pas à être repéré par le grand Sporting d’Anderlecht, jamais bien loin quand il s’agit d’attirer des pépites du coin. C’est deux ans plus tard que la JMG (Jean-Marc Guillou) Académie est créée et que ses différents scouts commencent à faire le tour des clubs du Royaume à la recherche de potentielles recrues. Lors du test réalisé à Anderlecht, Jason ne convainc néanmoins pas les observateurs. « Mais quand il a entendu qu’un de ses coéquipiers d’Anderlecht était passé chez nous, il a décidé de repasser le test à l’automne, sourit Zerdouk. C’est là que nous l’avons sélectionné. » La JMG Académie ne fonctionne pas du tout comme les centres de formation classiques. Bien que liée au club du Lierse (actuellement en D2 belge), l’académie est une sorte de sport-étude où les jeunes s’entraînent pieds nus et ne jouent pas de compétition officielle. Zerdouk : « L’académie est une aventure humaine, mais tout se fait avec le ballon et est basé sur l’intelligence et le plaisir. On n’est pas en train de chercher absolument le résultat. »

Quand Denayer arrive à Tongerlo, il a déjà une fameuse différence de taille par rapport à ses coéquipiers. Mais surtout, à l’époque, il est encore attaquant. « Nous étions persuadés qu’il avait plutôt le potentiel pour devenir défenseur, clame Zerdouk. On lui a donc demandé s’il était prêt à redescendre, et comme il se rendait compte du niveau imposé par la concurrence, il a accepté. De toute façon, c’est toujours bien de commencer face au jeu pour pouvoir ensuite évoluer partout. »

Un lion enfoui

À l’aise sur le terrain, Jason est plutôt réservé en dehors. Lors de sa première sélection en équipe nationale, son plus gros stress fut d’ailleurs de devoir chanter devant toute l’équipe. « C’est un grand timide, balance Zerdouk, dont la volubilité prouve qu’il ne l’est manifestement pas. Mais une vraie force tranquille. Attention, ça ne veut pas dire qu’il a deux de tension, non ça signifie qu’il y a un gros moteur à l’intérieur. Il ne le montrait pas souvent, mais quand il perdait des un-contre-un ou des matchs, je peux vous dire qu’il n’était pas content. »

Taiseux, Jason ne se laisse pas toujours faire pour autant. Un jour, alors que les joueurs de Younes Zerdouk n’évoluent pas à un assez bon niveau à son goût, l’entraîneur hausse la voix. « C’est le seul à s’être rebellé. Il a beau faire calme, il y a un lion en lui, un très grand lion ! Il m’a crié : « Écoute coach, tu ne peux pas faire réussir tout le monde. » Et je peux vous dire que quand Jason parle, tout le monde l’écoute. » Serein avec le ballon au pied, le silencieux Jason travaille sans relâche sa communication et apprend petit à petit à diriger ses coéquipiers sur le terrain. L’apprentissage est tel que lors de sa première apparition en tant que Diable rouge contre Israël, en mars dernier, il s’est dit que Denayer dirigeait déjà tous ses coéquipiers.

Émancipation sous Vieira

Fin de saison 2011-2012, alors âgé de 16 ans, Denayer rejoint Manchester City contre une jolie somme de 275 000€ d’indemnités de formation. Plus tard, le défenseur déclarera à la RTBF : « Cela ne se passait pas très bien où j’étais, mon agent a dès lors décidé de contacter ses connaissances à Manchester City. Je suis venu faire quelques entraînements, et cela s’est bien passé. Quand je suis arrivé ici, on m’a accueilli comme si je faisais partie de la famille. » Denayer s’épanouit directement en EDS (Elite Development Squad) sous les ordres de Patrick Vieira, au point d’être nommé pour le titre de Joueur de la saison. Repéré par Pellegrini, Denayer signe son premier contrat pro en 2013, mais reste une saison supplémentaire chez les Espoirs. L’été dernier, il a participé aux stages de pré-saison en Écosse et aux États-Unis, mais vu la concurrence en défense (Demichelis, Kompany, Mangala), le jeune espoir a préfèré accepter la proposition de prêt du Celtic Glasgow.

Prêt gagnant au Celtic

10 mois plus tard, le bilan est excellent : 44 apparitions toutes compétitions confondues, six buts – dont un après quatre minutes lors de son premier match – le titre en Premiership, la League Cup et le titre de « Jeune espoir de l’année » tant au Celtic que dans le championnat écossais. Grâce à ses prestations, Jason a attiré l’œil du sélectionneur belge Marc Wilmots et, dès sa première apparition sous la liquette des Diables rouges, le défenseur n’a pas échappé à la comparaison avec Vincent Kompany. « C’est juste parce que je joue à City, que je viens de Bruxelles et que je suis métis » se défend néanmoins l’intéressé dans les pages de Sport/Foot Magazine. C’est pourtant clair qu’il y a du Kompany dans le cru Denayer : le gabarit, le calme, la relance, l’apport offensif. Sans même le vouloir ni devoir claquer des millions, Pellegrini a peut-être déjà trouvé la solution à ses errances défensives pour la saison prochaine en récupérant le Bruxellois cet été…

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Par Émilien Hofman

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