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Jason Denayer, la revanche dans la peau
Lyon vient de faire un coup de filet sur un nouveau défenseur central, Jason Denayer, pour 10 millions d'euros. Un renfort qui arrive à point nommé pour l’OL et une aubaine pour le Belge, longtemps placardisé au rang de grande promesse à son poste, avant d’être trimbalé dans une série de prêts sans fin par Manchester City ces dernières saisons.
Les suiveurs acharnés des nombreuses rumeurs qui déchaînent le mercato estival l’auront remarqué. Ce n’est pas la première fois que Jason Denayer pointe le bout de son nez dans la boîte à idées de l’OL. Il y a un an, à l’été 2017, le Belge au bouquet de dreads sur le casque n’est en effet pas loin de débarquer en Rhône-Alpes. Il a suffi pourtant que son employeur-formateur, Manchester City, se montre plus exigeant dans les conditions d’achat pour faire capoter le transfert. Une démarche plombante pour le défenseur central, qui fait savoir plus tard son dégoût à Voetbal Magazine : « Lyon était un club parfait. Nous étions d’accord avec l’OL, mais pas City, qui veut absolument me prêter à Gérone. Or, ils sont promus, jouent en contres, c’est une petite ville, avec peu de supporters. Tout le contraire de Lyon. »
Finalement, on l’envoie une seconde fois en prêt à… Galatasaray. L’OL, de son côté, rebrousse chemin et met le paquet sur le Brésilien Marcelo, à Beşiktaş. Une saison plus tard, le lâcher-prise final des Citizens, qui viennent de refourguer leur produit maison à Lyon pour 6,5 millions d’euros (3,5 millions en bonus), symboliserait presque la fin des emmerdes de Jason, à 23 piges.
The new Kompany
Depuis 2014 et la fin de sa formation, Jason Denayer a surtout subi les affres d’un management à la ParcoursSup : à savoir, aller où le vent l’emmène. Si, très vite, sa première expérience au Celtic (saison 2014-2015) montre des prédispositions à gagner des duels aériens malgré un gabarit moindre pour un défenseur (1,84m), il galère dès son retour à se faire une place dans les plans de Manuel Pellegrini. Patrick Vieira, qui l’entraînait chez les jeunes auparavant, se félicite pourtant du boulot : « Quand je l’ai vu se débrouiller lors de son passage au Celtic, j’étais vraiment fier. »
À sa décharge, dès le retour à la maison, Nicolas Otamendi vient de débarquer pour 45 millions d’euros à la rescousse d’une défense qui a cogité toute la saison. Rebelote, Jas’ est envoyé un an en exil à Galatasaray taper du ballon. Et c’est ce qui définit à peu près tout son passage à City : l’éternelle attente d’une confiance qui ne s’est jamais pointée. Et ce, alors que les comparaisons affluent en Angleterre tout comme au pays avec son aîné Vincent Kompany. Pep Guardiola, qui prend les rênes des Sky Blues à l’été 2016, n’en a cure. Denayer est envoyé au casse-pipe à Sunderland, où il ne peut empêcher le glissement du club en Championship à l’issue de la saison.
« Vraie force tranquille »
Cette situation instable finit par gaver le natif de Bruxelles : « Ils ne veulent pas me vendre ou alors uniquement à des conditions exorbitantes et irréelles, comme par exemple avec une clause de rachat au même prix que celui de la vente. Du coup, les clubs me veulent, mais uniquement en prêt. »
Ce transfert à Lyon permet donc de constater que City a fini par lui lâcher les baskets. Jason n’en est pas à son premier combat de gagné, lui que son ancien entraîneur à la JMG Académie d’Anderlecht qualifiait de « vraie force tranquille. » Certes, certains prétexteront que, comme tout successeur prédestiné de Kompany, Denayer s’est, lui aussi, pris de passion pour l’infirmerie, une jolie collection de bobos depuis quatre ans à la clé (dix, en tout, dont plusieurs claquages). Mais son profil ne sera pas de refus pour une défense lyonnaise parfois inconsistante sur une saison (43 pions encaissés la saison dernière). Avec l’assurance d’insuffler un peu de hargne dans le socle défensif des Gones. Car Jason Denayer a, il faut le dire, une revanche sur la vie dans la peau.
Par Alexis Souhard