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Jarni : « Modrić est un ordinateur »
Aujourd'hui entraîneur, l’ancien footballeur croate (81 sélections) Robert Jarni a porté le maillot de la Juventus et du Real qui s’affrontent en finale de la Ligue des champions samedi. Il revient sur ses expériences et s’épanche sur les arrières latéraux dont il a été un des meilleurs spécialistes en son temps.
À laquelle de ces deux équipes es-tu resté le plus attaché ?C’est difficile à dire, car cela a été deux belles expériences, peut-être un peu plus au Real parce que j’y ai passé plus de temps qu’à la Juve. En revanche, cette dernière est légèrement favorite, pour sa défense imperméable certes, mais aussi la dangerosité de ses attaquants. Maintenant, le Real a retrouvé un Ronaldo extrêmement prolifique ces derniers mois, et puis, il y a un garçon sans qui ce club n’aurait pas pu gagner le championnat, un joueur imprévisible qui joue bien entre les lignes. Il s’agit d’Isco.
Tu passes une seule saison à la Juve, mais elle est bien remplie.Doublé coupe-championnat et finale de Coupe de l’UEFA ! J’ai joué avec des grands champions, de Kohler à Baggio en passant par Vialli, Ravanelli, Deschamps, Conte, Ferrara. Je n’ai pas eu un temps de jeu très élevé parce que seulement trois étrangers étaient autorisés à jouer et on était quatre, du coup, j’ai fait partie d’un turnover avec Orlando au poste d’arrière gauche dans la défense à quatre.
C’est pour ça que tu n’es pas resté plus longtemps ?J’ai reçu des offres, je suis allé parler avec la direction qui voulait me conserver, mais il y avait l’Euro l’année suivante et je voulais jouer le plus possible, or on ne pouvait pas me garantir un temps de jeu conséquent donc je suis parti.
Au Real, tu atterris en 1998, c’est pour y faire le vice-Roberto Carlos ?Du tout ! Lui jouait bien arrière gauche, mais moi je restais sur trois saisons au poste d’ailier gauche au Betis où on jouait en 4-2-3-1, c’est d’ailleurs mon poste naturel. Mon transfert à Coventry était pratiquement bouclé, mais le Real m’a appelé au dernier moment et c’est un club impossible à refuser. Je fais dix-huit mois, car quand Toshack arrive, il a pris les joueurs qu’il voulait. Tous les extracommunautaires présents ont pratiquement dû partir, moi, Šuker, Mijatović. On a laissé nos places à des gars comme Balić et Geremi.
Tu as réussi à jouer dans ces deux équipes sans gagner la Ligue des champions…(Rires) Oui, je voulais vous le dire, je quitte la Juve, elle la gagne un an après, je viens au Real juste après qu’il l’ait gagnée et je m’en vais un avant qu’il ne la regagne. J’ai été malchanceux.
Toi qui as été un grand arrière latéral, cette finale opposera les meilleurs spécialistes du poste, tous brésiliens.Ce sont tous des gars orientés vers l’attaque plutôt que la défense. Alves est le plus complet, car il revient bien derrière. Marcelo est le meilleur devant, mais tactiquement il a des difficultés, même s’il s’est repris récemment. Sandro, je ne l’ai pas vu jouer beaucoup, un bon joueur, mais qui n’a pas encore exprimé tout son potentiel.
C’est un poste qui a pris du grade ces dernières années.C’est le foot moderne qui veut ça, tout le monde doit avoir du ballon, même les défenseurs centraux doivent être capables de s’insérer pour créer le danger. Dans des équipes comme le Real et la Juve, il faut maîtriser tous les aspects du footballeur.
Ton compatriote Mandzukić joue aussi comme un arrière latéral…Je dois dire que je ne l’imaginais pas capable de s’adapter sur le côté. C’est un avant-centre pur, mais qui a une grosse volonté et du caractère, c’est sa façon d’amener sa contribution. Allegri sait très bien qu’il sait se sacrifier défensivement, mais il sait aussi que quand il y a des centres venant de la droite, Mario pénètre dans la défense adverse au second poteau, et réussit à être dangereux avec son excellent timing. Il a marqué beaucoup de buts comme ça.
Modrić, Mandzukić, Kovačić et Pjaca même s’il est blessé, la Croatie est bien représentée dans cette finale.Absolument. J’espère que Pjaca guérira bien afin de faire voir son talent, car il a un potentiel énorme. Kovačić a déjà fait son petit bout de chemin, quand il entre en jeu, il fait son travail. D’ici un an ou deux, on verra un grand Kovačić. Quant à Modrić, il n’y a pas grand-chose à rajouter, c’est l’âme du Real, il accélère le jeu, il le calme quand il le faut, c’est un ordinateur.
Sur le banc du Real, il y a Zidane que tu as affronté en demies du Mondial 1998.J’ai encore des regrets, après avoir ouvert le score par Šuker, on se fait égaliser sur une erreur après une minute trente.
On parlait justement d’arrière latéral…Oui, Thuram a marqué ces deux buts et après plus rien, c’est juste incroyable ! Sur le second, il me déménage bien avec son épaule, l’arbitre aurait même pu siffler une faute en notre faveur. Mais ça reste des bons souvenirs hein !
Vous avez trouvé le successeur de Srna qui a pris sa retraite internationale l’an passé ?Šime Vrsaljko de l’Atlético de Madrid, je pense qu’il peut très bien le remplacer. C’est un joueur intelligent, rapide, qui défend et attaque bien en un contre un.
Et parmi les jeunes pousses du vivier croate sans fond ?Borna Barisić d’Osijek, et un autre encore plus jeune, Borna Sosa de la Dinamo Zagreb, âgé de 19 ans. Je l’avais vu contre la Juve en Youth League, une semaine plus tard, il affrontait Séville en Ligue des champions. Un joueur très talentueux.
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Propos recueillis par Valentin Pauluzzi