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  • Ligue des champions – Groupe C – J5 – Bayer Leverkusen/Monaco

Jardim le mal aimé…

Par Chérif Ghemmour
Jardim le mal aimé…

Avec Leonardo Jardim, la danse du scalp ne s'arrête jamais. Dépositaire involontaire du changement de projet monégasque, son ASM rame en L1, mais demeure encore en vie en Ligue des champions. Focus sur le « mort qui marche » préféré du foot français…

Jardim sème le trouble

« Quand ça ne gagne pas, les gens visent l’entraîneur, c’est partout pareil. Et quand c’est un coach portugais peu connu, c’est plus facile. (…) J’ai l’impression qu’en France, les gens sont nationalistes : ils défendent beaucoup leurs compatriotes, moins les étrangers. » Parano, Leonardo ? Dans L’Équipe du 13 octobre 2014, il prenait tout simplement acte du « Jardim bashing » qui l’escortait depuis son arrivée à l’AS Monaco. Et les choses ne se sont pas arrangées. Une preuve, au hasard ? Le Canal Football Club de dimanche dernier. Dans un entretien accordé au CFC, Jardim fustigeait à mots feutrés la nouvelle génération de joueurs, notamment français : « Je trouve que les jeunes sont peu professionnels. Il faut qu’on leur parle des horaires, de la discipline et de la rigueur qu’ils doivent avoir dans ce métier. Je pense qu’en France, on oublie parfois l’âge de ces jeunes et qu’on les met trop vite sur un piédestal, alors qu’ils ne sont pas des joueurs confirmés. » Les réactions à chaud sur le plateau sont offusquées : Jardim se fait reprendre de volée par Pierre Ménès (qui allumera le jeune Ntep), Éric Carrière et Jordan Ayew (il s’avouera « ingérable » , du temps de ses jeunes années). Même le bon Duga se tortillait avec ses arguments à la fois désapprobateurs et confirmatifs. Et pourtant ! Le bon Leonardo ne faisait que répéter des vérités déjà entendues et validées, entre autres, par le collège du CFC… Gregory van der Wiel : « Aux Pays-Bas, les jeunes sont beaucoup plus consciencieux. Ici, à Paris, les jeunes sont toujours en train de se marrer. (…) C’est comme si, le foot, ils n’en avaient pas grand-chose à faire. » Joey Barton : « En France, quand tu travailles dur, ça sous-entend que tu n’as pas de talent. Ils ne croient pas au travail, aux efforts. »

Jardim lance les jeunes

Carlo Ancelotti s’était aussi lâché après avoir rejoint le Real Madrid : « Les Français n’avaient pas une mentalité de gagnants. L’entraînement était à 11 heures. Ils arrivaient à 10h30, puis repartaient à 12h30 ou 13 heures. Il n’était pas évident de leur dire : vous devez rester après l’entraînement, manger sainement, boire sainement, vous reposer. » Un constat partagé par son successeur, Laurent Blanc : « C’est spécifique aux footballeurs français… Il faut faire comprendre qu’une semaine de joueur de haut niveau, c’est du travail. Il faut l’inculquer aux jeunes, une culture du travail est à mettre en place dans les centres de formation. » On arrête là… Même les évidences deviennent suspectes quand elles sont assénées par Jardim. Le coach portugais ne faisait pourtant que souligner le manque de professionnalisme de certains jeunes placés au centre du nouveau projet monégasque (à la différence de la politique des stars de l’été 2013).

Certes, Jardim est un peu dur. Mais les joueurs qu’on devine incriminés méritent d’être recadrés. Personne ne nie les qualités des rookies Kondogbia, Martial, Tiémoué Bakayoko ou Lacina Traoré. Mais à des titres divers, ils peuvent tous apporter plus. Notamment Kondogbia : si l’international Espoir réellement doué veut forcer les portes de France A, il devra se montrer plus régulier au plus haut niveau. Peu de clubs du calibre de l’ASM offrent à leurs jeunes l’opportunité de jouer la L1 et la Ligue des champions. Lacina Traoré a été titularisé à Lisbonne contre le Benfica pour un rendu très décevant… Layvin Kurzawa reste l’exemple à suivre. Revenu d’une jeunesse très dissipée et « melonesque » , il s’est mis au boulot afin de ne pas gâcher son immense potentiel. Le latéral gauche désormais international A a su saisir la chance que Monaco lui a offerte. Il a compris que les « grands clubs » viendraient plus tard et qu’une ASM même dévaluée, c’était ici et maintenant qu’il fallait y réussir.

Jardim navigue à vue

Plusieurs procès en illégitimité accablent Jardim depuis son arrivée azuréenne cet été. Obscur technicien portugais au CV modeste, il a remplacé le « cador » Ranieri. Il n’y est pour rien, mais le bon souvenir tenace laissé par le coach italien, certes viré comme un malpropre, l’a ravalé direct au rang d’intrus. Du coup, cet été, quand le « grand projet monégasque » claironné en 2013 par le président Ribolovlev s’est rapetissé avec les départs échelonnés de Rivière, Obaddi, James, Abidal et Falcao, Jardim en est devenu le bouc émissaire tout désigné. La France du foot le lui a fait comprendre au soir de la défaite inaugurale de championnat, 1-2 face à Lorient à Louis-II. Un revers marqué par l’autre péché originel qu’on ne lui pardonnera jamais : la non-titularisation de Toulalan face aux Merlus. Un crime de lèse-majesté qu’on lui ressort encore régulièrement… Par la suite, les performances très moyennes de Monaco en L1 (8e avec 20 points à 11 unités de l’OM) ont contribué à le rendre encore plus indéfendable. Paradoxalement, c’est le parcours européen inespéré de l’ASM qui a atténué les attaques. Monaco, deuxième de son groupe derrière Leverkusen est encore en course pour les 8es. Pas mal pour un club placé dans le chapeau 4 lors du tirage d’une poule C devenue difficile du fait du départ estival de ses cadors partis au Real ou à MU…

Jardim est à la tête d’un projet totalement différent de celui qu’on lui avait vendu à son arrivée. « Falcao, Rivière et James, c’était 30 buts à eux trois » , rappelait-il dans L’Équipe. Il est le capitaine d’un vaisseau qui navigue à vue au point que le prince Albert envisage ouvertement un plan B dans la perspective probable du désengagement du président Ribolovlev. Aux dernières nouvelles, Jérémy Toulalan ne serait pas chaud pour prolonger (son contrat s’achève en juin prochain). Quant au décevant Moutinho qui avait mandaté dans l’urgence son agent Jorge Mendes pour un départ de Monaco à la fin du mercato d’été, on reparle d’un transfert au mercato d’hiver à venir… Leonardo Jardim a abandonné ses projets ambitieux d’un beau jeu offensif avec un bloc placé haut. Il a écouté ses joueurs et s’est rangé au 4-3-3 plus rassurant qu’ils lui réclamaient. Monaco va mieux et se dirige même vers le seul objectif, lucide, que Jardim a fixé : figurer dans les cinq premières places. Le coach portugais a signé à l’ASM pour deux ans. Deux ans à faire monter en grade des jeunes pousses prometteuses, pour la plupart destinées à la revente… Technicien authentique et animé d’une vraie vision du foot, Leonardo Jardim a dû en rabattre et il s’essaye quand même aujourd’hui à bien « coacher » son groupe plutôt qu’à le « gérer » (au sens actionnarial du terme). Très peu le créditent pourtant de cet effort méritoire…

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Par Chérif Ghemmour

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