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Jan Kozak : « Nous sommes largement assez forts pour passer »
Milieu de terrain de la grande Tchécoslovaquie de la fin des années 197O, Ján Kozák est assis depuis 3 ans sur le banc de la Slovaquie. Une équipe qu’il a mené au premier Euro de son histoire.
Comment tu définirais le style de jeu de ton équipe ? L’essentiel c’est l’esprit d’équipe. On est très bien organisé, bien en place. Quand on a le ballon, on essaye de bien le traiter et d’être dangereux pour l’équipe adverse.
C’est quoi la qualité première de la Slovaquie ? C’est un groupe expérimenté, avec des joueurs de grandes qualité, mais surtout une équipe équilibrée.
Tu le vois comment ce premier Euro de la Slovaquie ?Avec la volonté de se battre jusqu’au bout pour obtenir le meilleur résultat possible. Les adversaires ne commenceront à nous respecter que si nous les battons. Nous sommes largement assez forts pour atteindre les huitièmes. Quand on aura franchi le premier tour, on verra jusqu’où on peut aller.
Éclaire-nous un peu sur la tradition du football slovaque ? En matière de nombre d’habitants, nous sommes un petit pays, nous n’avons pas un vivier énorme. Nous devons donc jouer en fonction de nos meilleurs joueurs. Leur confier les clés de la sélection. Ce sont eux qui nous guident vers le succès.
Qu’est-ce qui différencie le football tchèque, du football slovaque. Votre passé commun sur le terrain et en dehors jusqu’en 1992, a-t-il laissé un héritage commun ? Il y a bien sûr des éléments communs, un héritage dans la manière de voir le jeu. Après la séparation de la Tchécoslovaquie fin 1992, la Tchéquie avait des kilomètres d’avance, ils formaient l’ossature de la sélection tchécoslovaque. Cela s’est traduit lors de l’Euro 1996, où ils ont été en finale. À l’époque, les joueurs tchèques évoluaient dans les plus grands clubs d’Europe. Mais pas à pas, nous avons réduit l’écart et aujourd’hui, il n’y a plus aucune différence en matière de qualité entre les deux sélections je trouve.
Quel genre de coach es-tu, quel est ton schéma tactique favori ?Nous ne sommes pas assez forts pour jouer de la même manière contre tous les adversaires, seulement en voulant imposer notre jeu. Nous devons réagir sur le terrain en fonction de l’équipe adverse, nous adapter en fonction de leur jeu et être sans cesse en capacité de réagir.
Vous avez fait une très bonne campagne éliminatoire, notamment en battant l’Espagne…Je crois surtout que la victoire contre l’Ukraine a été essentielle. Cela a permis à nos joueurs de prendre conscience qu’ils pouvaient rivaliser avec n’importe qui. Nous avons joué un des meilleurs matchs de l’histoire du football slovaque contre l’Espagne. Et surtout, nous avons confirmé cette victoire sensationnelle dans les matchs suivants. Nous avons aussi battu l’Allemagne.
Ton équipe est surtout connue pour ses contre-attaques rapides. Je suis heureux que cela soit considéré comme notre marque de fabrique, comme je te disais, nous donnons les clés du jeu à nos meilleurs joueurs et jouons le football qui correspond le mieux à nos qualités.
Vous avez quelques joueurs de classe mondiale comme Marek Hamšík ou Martin Škrtel, mais ne penses-tu pas que ton équipe manque d’un attaquant de classe pour conclure ?L’attaquant de grande classe est le souci de beaucoup de coachs et ce qu’il manque à pas mal d’équipes, pas juste nous. C’est surtout dû au fait que mettre un but est la partie la plus difficile du football. Mais on a des joueurs et un style de jeu qui peuvent palier ce manque.
Quel est le plus grand jour de l’histoire du football slovaque pour toi ? Si l’on parle de l’époque tchécoslovaque, je situerais notre période dorée entre les années 1976 et 1980, quand notre équipe nationale a gagné l’Euro 76 et fini troisième de l’Euro 80. Cela notamment grâce à la superbe génération slovaque de l’époque (Pivarnik, Ondrus, Masny et… Kozák). On a une génération d’un niveau similaire aujourd’hui, ceux qui se sont qualifiés pour la Coupe du monde 2010 et qui y ont battu l’Italie. Et aujourd’hui nous sommes dans notre premier Euro. L’expérience des joueurs qui ont disputé le Mondial sud-africain va beaucoup nous aider.
Quels coachs ont été une source d’inspiration pour toi ?J’ai eu la chance d’avoir beaucoup de bons coachs. Parmi tous, je mentionnerais Jozef Venglos et Vaclav Jezek, qui ont mené la Tchécoslovaquie au titre européen. Mais en tant que coach, c’est aussi important de se « détacher » de cette influence et de rester qui tu es.
Qui fait figure de favori pour toi ?L’Espagne, l’Allemagne, la Belgique ou la France.
En parlant de la France justement, tu as joué à Bourges un an, à la fin des années 1980, le football français représente quoi pour toi ? J’aime regarder le football français, car c’est un football qui produit énormément de joueurs intéressants. Malheureusement pour vous, les meilleurs partent vite à l’étranger et vos clubs ont un problème durable : ils n’arrivent pas à atteindre le top niveau.
Ton année à Bourges, tu en gardes quels souvenirs ? C’était disons ma retraite en tant que joueur de foot. J’aime me souvenir du coach Alain Michel et de sa famille, qui m’ont beaucoup aidé.
La vie à Bourges c’était comment ?Les gens de Bourges sont des gens bien. Grace à eux, j’ai pu découvrir un nouveau pays, une nouvelle culture, c’était une belle expérience.
Et la nourriture française ? Je ne suis pas un gourmet, la nourriture ne m’a jamais vraiment importé, mais à Bourges j’ai aimé ce que j’ai goûté. Bien sur la gastronomie française est délicieuse. J’ai d’ailleurs remarqué que pour les Français il est souvent plus important de bien cuisiner, de bien manger, que de bien s’habiller.
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