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Jan Koller : « Monaco est supérieur au Borussia »
Sur un terrain, Jan Koller était avant tout Dino, un mec loin des standards types, mais qui arrivait quand même à claquer sa dizaine de buts par saison. Passé par l'AS Monaco et le Borussia Dortmund, le géant tchèque revient sur ses années françaises, mais aussi sur sa nouvelle vie. Une vie sur un court, principalement.
Quand tu arrives à la Coupe du monde 2006 en Allemagne avec la Tchéquie, dans quel état d’esprit es-tu ?C’est particulier. Je sais, dans ma tête, que mon histoire de cinq ans avec le Borussia Dortmund est terminée. J’ai envie de quelque chose de neuf, d’une nouvelle aventure, avec un nouveau groupe et une ambiance différente, alors je décide de partir pour Monaco. Au niveau de la confiance, ce n’était pas non plus le top.
Comment on sait qu’une histoire avec un club est terminée ?On le ressent, simplement. Dortmund voulait me proposer un nouveau contrat, mais j’étais arrivé au bout du truc, il me fallait quelque chose de différent. Cinq ans, c’est long quand même.
Pour vous convaincre de signer à Monaco, László Bölöni était venu vous voir. Comment ça s’est passé ?Il me suivait depuis déjà quelques semaines et était venu me voir pendant le stage de préparation à la Coupe du monde. László connaissait mon caractère, ce que je pouvais apporter et avait assisté à notre dernier match amical avant la Coupe du monde contre Trinité-et-Tobago. J’avais marqué deux buts. On s’est ensuite rencontrés à Prague, il y avait aussi les dirigeants de l’AS Monaco et j’ai signé mon contrat. Heureusement d’ailleurs, car je me suis déchiré la cuisse pendant le Mondial. Le club cherchait un attaquant avec de l’expérience, un peu comme il y avait eu avant moi Morientes, Saviola ou Vieri.
C’était aussi le cas de Saint-Étienne, non ? Oui, il y a eu des discussions. L’entraîneur de l’époque était Ivan Hašek qui est aujourd’hui devenu un ami. Finalement, j’ai choisi Monaco pour le cadre de vie. C’était important pour moi. Dortmund, c’était bien pour le foot, mais pas forcément pour y vivre. Quand je pars du club, j’ai 33 ans, donc je recherche aussi avant tout un nouvel environnement pour ma famille, un endroit plus calme. Tout simplement car pendant cinq ans au Borussia, j’ai vécu avec la presse, une pression quotidienne et je voulais me reposer un peu de tout ça. Forcément, à Monaco, c’est plus calme (rires), c’est autre chose quoi !
Tu arrives dans un club en pleine reconstruction, dont on ne connaît alors pas trop les objectifs, ça n’a pas été trop difficile ?Si, un peu, surtout que je ne parlais pas français. Heureusement pour moi, il y avait Jaroslav Plašil qui m’a beaucoup aidé. Au niveau sportif, le groupe était sympa, mais on n’avait pas de bons résultats, c’était assez difficile à vivre et Bölöni a rapidement été licencié. La première année a été très compliquée.
Le départ aussi rapide de László Bölöni n’a pas trop foutu le bordel pour vous ?Forcément si, mais je suis passé au-dessus, j’ai trouvé une nouvelle maison pour ma famille, j’ai continué de travailler. J’ai découvert progressivement le football français avec un nouveau club, un deuxième entraîneur en quelques mois à peine et je me suis adapté. La Ligue 1 est un championnat de bonne qualité et l’était déjà à l’époque. Pour un attaquant comme moi, c’était plus difficile, car j’avais des défenseurs très costauds en face. Le championnat français est avant tout compliqué pour ça.
Mais vous aviez quand même, sur le papier, une équipe de qualité.Oui, je n’arrive pas à comprendre. On avait une belle équipe, avec Yaya Touré, Jérémy Ménez, mais les résultats ne venaient pas. Il y avait aussi Meriem. En tant qu’attaquant, c’étaient des joueurs importants pour moi et certains ont fait une belle carrière derrière. Mais on n’arrivait pas à gagner.
Tu vas finalement rester deux ans en France. Puis, il y aura Nuremberg, la Russie puis un retour dans le sud, à Cannes. Revenir ici, c’était important ?Avec Nuremberg, c’était pas top et quand je suis parti en Russie, j’avais déjà acheté un appartement à Monaco. Jouer au Krylia Sovetov était une bonne expérience, mais on voulait revenir en France avec ma famille.
Avec Cannes, tu as notamment bouclé une saison deuxième du classement des buteurs derrière Thibault Giresse. Il était vraiment plus fort que toi ?Bon, Cannes, c’était vraiment la fin de ma carrière. C’était bien, je jouais au foot pour le plaisir et parce que j’avais encore envie de jouer, tout simplement. Aujourd’hui, je suis triste pour le club parce qu’il est descendu très bas. En 2011, on est presque montés en Ligue 2, mais les problèmes financiers commençaient à venir. À mon âge, les statistiques n’étaient plus trop importantes, c’était surtout le collectif que je regardais.
En National, tu as laissé une bonne image. Tu n’as jamais joué pour l’argent ?J’ai toujours favorisé le challenge sportif à l’argent. Après, oui, quand je suis allé en Russie, c’était plus pour l’argent que pour la qualité du championnat, mais j’ai toujours réfléchi avant tout à ma progression plutôt qu’à mon compte en banque.
Et le beach-soccer avec l’équipe nationale de Tchéquie, c’était pour quoi ?(Rires) Oui, j’ai joué quelques matchs avec eux, c’était assez drôle, j’ai même joué quelques matchs de Ligue des champions. Mais à un moment, j’ai arrêté. Aujourd’hui, c’est terminé, je fais d’autres choses. Je fais un peu de tennis, je fais quelques tournois amateurs sur la Côte d’Azur, un peu de hockey sur glace et du paddle.
Tu as un bon niveau de tennis ?Ah non, très moyen ! Ce matin, j’ai perdu par exemple. Je n’ai jamais gagné un tournoi, le niveau est trop important. Si je fais trois tours, c’est déjà pas mal (rires) !
Tu as encore l’occasion d’aller voir jouer l’ASM cette saison ?Une fois par mois environ ou sinon à la télévision, mais je suis recruteur pour le Sparta Prague maintenant, donc je surveille surtout des matchs de Ligue 2 ici. Cette équipe de Monaco est très forte, a nettement progressé, c’est assez incroyable. Voir le club à ce niveau me fait plaisir.
Tu seras pour qui mardi soir ?C’est difficile à dire… J’ai quand même passé cinq ans à Dortmund, mais vivant maintenant à Monaco… Je pense que cette année, l’ASM est supérieure au Borussia. Je ne regarde plus trop le BvB sauf pour les gros matchs comme le derby contre Schalke. Ils sont bons offensivement, mais très fragiles défensivement. Leur avantage, ce sera surtout le stade avec l’ambiance incroyable que peut faire la tribune sud lors des gros matchs.
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Propos recueillis par Maxime Brigand