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Jan Jongbloed, le « buraliste volant »

Par Éric Maggiori
4 minutes
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Dans l'équipe des Pays-Bas emmenée par Johan Cruijff qui atteignit la finale de la Coupe du monde en 1974, il y avait, dans les bois, un certain Jan Jongbloed. Un gardien aussi atypique que son parcours.

Jan Jongbloed aurait pu juste avoir son quart d’heure de gloire, cher à Andy Warhol. C’était le 26 octobre 1962. Jan a 22 ans, et fait sa toute première apparition avec le maillot des Pays-Bas. Il rentre pour les dernières minutes d’un match amical face au Danemark, alors que son équipe est déjà menée 4-1. Il a le temps de faire un bel arrêt avant que l’arbitre ne siffle la fin. Il ne sera plus sélectionné par la suite, et retombera dans l’anonymat. Ces quelques minutes sous le feu des projecteurs auraient pu être les seules de sa carrière. Mais douze ans plus tard, le sélectionneur néerlandais, Rinus Michels, va en décider autrement.

Pêche, numéro 8 et bureau de tabac

À l’aube du Mondial 1974, Rinus Michels doit faire ses choix. Lors d’un match amical face à l’Argentine, il décide de rappeler en sélection Jan Jongbloed, qui évolue à l’époque au FC Amsterdam. Le portier revient ainsi en équipe nationale, douze ans après sa première sélection. Il a désormais 34 ans. Et va se retrouver projeté au poste de titulaire en quelques semaines. En effet, Jan van Beveren, le gardien du PSV Eindhoven, et accessoirement meilleur portier du pays, va se faire dégager des cages des Oranje. La raison ? Ce syndicaliste dans l’âme aurait demandé à ce que tous les internationaux néerlandais touchent la même rémunération, alors que la Fédé avait prévu de donner une grosse partie à ses stars, dont Johan Cruijff et Neeskens. Dommage.

Voilà donc Jongbloed dans les cages de l’une des meilleures équipes au monde, à quelques encablures du Mondial, devant des gardiens pourtant plus renommés comme Schrijvers de Twente et Treytel de Feyenoord. Une surprise pour tout le monde. Les Néerlandais découvrent alors un gardien au profil original, passionné avant tout de pêche, et qui ne possède qu’un contrat semi-professionnel, puisqu’à côté de son métier de footballeur, il est également gérant d’un bureau de tabac. Mais Rinus Michels a été conquis par ses caractéristiques. D’un point de vue tactique, le sélectionneur a fait reculer en défense Arie Haan, milieu de terrain de profession, et avait donc besoin d’un gardien qui puisse quasiment jouer au poste de libero. Lorsque le Mondial 1974 débute, Jongbloed, numéro 8 sur le dos (!), est parfois moqué pour sa dégaine et ses interventions maladroites. Pourtant, force est de constater que le gardien ne va encaisser que trois buts sur l’ensemble de la compétition : un CSC de son coéquipier Krol, et les deux buts en finale face à l’Allemagne, dont un penalty. Pas mal, pour un buraliste.

Le deuxième après Gilmar

Convaincu par ses propres prestations, Jongbloed décide, à 34 ans, de devenir enfin footballeur à part entière. Au terme du Mondial germanique, il met de côté le bureau de tabac et se concentre sur le football. Transféré à Roda JC en 1977, il décide de s’entraîner deux fois plus que les autres. Entre-temps, Rinus Michels a été remplacé par George Knobel, lui-même remplacé par Ernst Happel à la tête de la sélection oranje. Et Happel, conservant l’héritage de ses prédécesseurs, n’a aucun doute. Jongbloed sera bien son gardien titulaire lors du Mondial 1978 en Argentine. Trois buts encaissés en phase de poules, puis quatre jusqu’à la finale, et trois en finale face aux Argentins emmenés par Mario Kempes. Malgré la déception d’une deuxième défaite en finale, celui qui, quatre ans plus tôt, était encore à moitié amateur, devient alors le deuxième gardien de l’histoire à disputer deux finales de Coupe du monde, après le Brésilien Gilmar. De quoi mettre un terme à sa carrière, à 38 ans ? Tu parles.

En 1981, à l’âge de 41 ans, Jongbloed s’engage avec les Go Ahead Eagles, le quatrième club de sa carrière. Il y disputera 81 matchs. À 45 ans, il ne se voit toujours pas arrêter. Mais le destin va en décider autrement. Du moins, deux épisodes tragiques vont en décider autrement. En septembre 1984, son fils, Erik, âgé de 20 ans, lui aussi footballeur, va être frappé par la foudre pendant une rencontre. Il décède sur le coup. Un an plus tard, en septembre 1985, lors d’un entraînement avec les Go Ahead Eagles, c’est cette fois-ci Jan lui-même qui est victime d’une crise cardiaque. Lui s’en sort miraculeusement, mais décide de mettre immédiatement un terme à sa carrière. Il raccroche ainsi après 707 matchs d’Eredivisie, record qui n’a jamais été battu depuis. Celui que l’on surnomme le « buraliste volant » est ensuite devenu talent scout pour le Vitesse Arnhem, puis entraîneur adjoint jusqu’en 2010. Aux dernières nouvelles, il était conseiller technique du club amateur du Hellas Sport Zaandam. Et n’aurait toujours pas revendu son bureau de tabac.

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