- Coupe du monde 2014
- 8e de finale
- Colombie/Uruguay (2-0)
James Rodríguez fait regretter Luis Suárez
Grâce à un flamboyant James Rodríguez, auteur notamment d'une reprise de volée splendide, la Colombie a mangé l'Uruguay (2-0) et accède pour la première fois de son histoire à un quart de finale de Coupe du monde. Sans Luis Suárez, la Celeste n'a jamais vraiment existé.
Colombie – Uruguay (2–0) J. Rodríguez (28′), J. Rodríguez (50′) pour Colombie
Ce soir, en conférence de presse, en zone mixte ou sur les plateaux TV de Montevideo, l’Uruguay ne pourra pas crier au complot. Juste au génie. Celui d’un gaucher de 22 ans avec encore pas mal de boutons d’acné sous la bouche quand, une fois par mois, il se rase les poils autour du menton. Face à la Celeste, James Rodríguez a prouvé trois choses : qu’il méritait bien son titre de meilleur joueur de la phase de poules, que son adversaire du soir n’était vraiment rien sans Luis Suárez (1 seule victoire sur les 8 derniers matchs en son absence) et qu’il pouvait marquer du droit (2-0, 50e). Il a aussi placé la barre très haut pour le titre de plus beau but de ce Mondial. Cette même barre qui l’a aidé à faire entrer ce ballon derrière la ligne à la 25e minute. Dos au but, il amortit le ballon de la poitrine, l’oriente du torse vers les cages et frappe directement une volée plus que parfaitement exécutée. Muslera ne peut de l’effleurer. Transversale, but ! À cet instant, tout le stade a compris. Compris que le maillot de Suárez accroché dans le vestiaire uruguayen avant le match ne suffirait pas. Compris que Falcao ne manquerait pas à la Colombie pour écrire son histoire. Celle d’une première qualification en quart de finale d’une Coupe du monde.
Une ola et des « olé »
Le match a d’ailleurs débuté comme n’importe quel amateur de foot le prévoyait : aux Colombiens le ballon, aux Uruguayens les crampons. Et hop, le petit taquet de Rodríguez dans la cheville de Cuadrado (1e) et pan, le tampon d’Álvaro Pereira sur le même Cuadrado, intenable (3e). Entre deux moulins de hachoir, les Cafeteros réussissent à inquiéter le bunker de Muslera. La solution adoptée : des tirs moyenne portée. Cuadrado (décidément !) n’hésite pas à frapper directement un coup franc des quarante mètres (6e) et Zúñiga, monté tout schuss depuis son couloir droit, à miner les cages uruguayennes une fois à portée de vue (11e). Par habitude ou, plus sûrement, par peur de manquer d’une raison valable pour le faire après, le Maracanã offre aux joueurs une ola bien présomptueuse. Puis des « olé » , eux aussi bien vaniteux, pour la passe à 10 infructueuse des Tricolor. Pas de quoi réveiller plus que ça l’orgueil des Uruguayens. Il y a bien ce coup franc – au-dessus – de Cavani (32e) ou cette volée – boxée par Ospina – de Gonzalez (38e), mais rien qui puisse faire se lever même les faux supporters handicapés. Il faut dire qu’entre-temps, ils ont vu le plus beau but de la compétition.
Une action d’école
En 2010, Forlán en avait inscrit des pas mal lui aussi. Mais il ne lui reste plus grand-chose du meilleur joueur du Mondial qu’il a été. Appelé à remplacer numériquement Suárez, l’attaquant du Cerezo Osaka n’a pas dû toucher plus de 10 ballons lorsque Tabárez le remplace à la 53e. Son équipe vient d’en prendre un deuxième. Centre de la gauche d’Armero, remise de la tête de Cuadrado et but de… Rodríguez. Du droit donc. La combinaison a tout du schéma travaillé à l’entraînement. Vexés, les Charruas répondent par ce qu’ils savent encore faire de mieux : du tacle appuyé. Mais la Colombie gérant son avance, elle laisse immanquablement les Bleus ciel dépasser la ligne médiane puis les 20 mètres. Le duo Rodríguez-Ramirez tente d’en profiter et offre un semblant de suspense à cette fin de match. Mais leurs frappes sont détournées en corner (63e et 67e) ou Ospina s’interpose. Comme lors de ce face-à-face côté droit avec Maxi Pereira qui finit dans le buste du gardien niçois (79e). Mais même cette action ne réussira pas à faire se lever le stade autant que la dernière action de James Rodríguez. Sorti, il se lève du banc dans le temps additionnel pour haranguer ses supporters. La caméra fait un gros plan sur lui. Hourra. L’arbitre peut siffler la fin du match sur ce triplé.
Par Maxime Marchon, au Maracanã