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James Milner, ou l’homme qui ne s’essoufflait jamais
Deux décennies à tenir son rang dans le championnat le plus exigeant de la planète. Unanimement respecté pour son incroyable longévité, James Milner pète le feu à un âge où les joueurs de champ de sa génération commencent à se faire rares. L’homme aux 568 matchs de Premier League continue de rendre de fiers services à Liverpool, où il joue les pompiers de service au bon vouloir de Jürgen Klopp.
L’âge, c’est juste un chiffre. Et quand on regarde James Milner, on comprend pourquoi. À bientôt 36 ans, le Yorkshireman continue d’épater la galerie. Poussé sous les projecteurs de la Premier League en novembre 2002 à seulement 16 printemps, il n’a depuis jamais quitté cette scène, malgré son niveau d’exigence. Loyal serviteur de Leeds, Newcastle, Aston Villa et Manchester City, c’est désormais à Liverpool que ce bourreau de travail transpire à grosses gouttes, déterminé à apporter sa pierre à l’édifice. Et comme il n’est pas du genre à compter les efforts, on parle ici plus d’un parpaing que d’un caillou.
« Je suis sûr que je vais être repris à un moment donné, mais… »
24 juin. Sortie en tête de son groupe, l’Angleterre se prépare à défier l’Allemagne en huitièmes de finale de « son » Euro. Pendant ce temps, James Milner se prépare à défier les lois du football pour enchaîner une vingtième saison consécutive dans l’élite. Un simple post sur ses réseaux suffit à envoyer un message clair sur sa détermination, et sur sa condition : 8,53 kilomètres parcourus en 34 minutes, soit une moyenne de 15,05 km/h. Une session running de brutasse pour le roi du « lactate test » de présaison à Liverpool, pas du genre à rendre sa couronne dans une épreuve d’endurance et de résistance à l’acide lactique.
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— James Milner (@JamesMilner) June 24, 2021
« J’essaie simplement de me dépasser, justifiait-il à la BBC en avril 2020. Il y a peut-être cinq ou six ans, les gens disaient :« Tu vas devoir commencer à diminuer ton travail à l’entraînement et à réduire tes chiffres pour conserver cette longévité. »Je n’étais pas vraiment d’accord. Je me suis dit qu’il était évident que mon rendement physique diminuerait à un moment, mais si je me pousse davantage, je tiendrai plus longtemps. Si je suis à l’avant maintenant, quand je déclinerai, je me retrouverai dans le peloton. Je suis sûr que je vais être repris à un moment donné, mais j’espère que ce ne sera pas avant quelques années. » Une philosophie qui fait ses preuves, puisque la machine tourne comme au premier jour. Trent Alexander-Arnold, de douze ans son cadet, s’inclinait volontiers à l’automne dernier : « Beaucoup de joueurs ont de bons moteurs – Hendo (Henderson), Gini (Wijnaldum), Robbo (Robertson). Mais Milly, je ne pense pas que je verrai un jour quelqu’un d’aussi en forme que lui. Compte tenu de son âge et du temps qu’il a passé à jouer, être encore le joueur le plus en forme de l’équipe, sans doute le plus en forme du monde, et de loin, ça demande un certain effort. » Toujours prêt à ferrailler pour montrer l’exemple. Et rappeler aux petits jeunes que Papy fait de la résistance n’est pas qu’un film.
Monsieur Pro
Toujours discipliné. Toujours prêt à dépanner. Ned Flanders, mais en vrai. Homme de devoir et de confiance, Jürgen Klopp n’hésite pas à miser sur lui. Il l’a déjà titularisé quatre fois en championnat, mais aussi à l’Estádio do Dragão, où il a offert une passe décisive à Sadio Mané. Latéral droit contre Porto, Crystal Palace et Manchester City en l’absence de Trent Alexander-Arnold, l’Anglais a retrouvé le milieu de terrain samedi face à Watford, puisque Klopp devait composer sans Fabinho, Thiago, Curtis Jones et Harvey Elliott.
Comme souvent, Milner est venu, s’est battu et a vaincu. En plus d’avoir réalisé le plus grand nombre d’interceptions de son équipe, il a soigné ses statistiques en devenant le plus vieux Red à délivrer une passe décisive en Premier League depuis Gary McAllister en octobre 2001. À la manière d’un fringant box-to-box, en accompagnant une phase offensive et en offrant une possibilité de dédoubler sur le côté, avant d’adresser un centre tendu vers Roberto Firmino, pour permettre à Liverpool de mener 2-0. Il se murmure d’ailleurs qu’il devrait rester dans l’entrejeu ce mardi au Wanda Metropolitano, pour aller au mastic face à Koke et sa clique. Son entraîneur loue régulièrement l’investissement et le rôle de modèle de celui qu’il avait surnommé « Monsieur Professionnel » en 2019. Après la coupe aux grandes oreilles décrochée à Madrid, Klopp avait d’ailleurs estimé que « sans les paroles de Millie dans le vestiaire avant le match », Liverpool n’aurait pas pu monter sur le toit de l’Europe. Un vrai relais auprès de l’effectif, raison pour laquelle il en a fait son vice-capitaine. Pas le plus brillant des diamants, mais une pierre ô combien précieuse.
Par Quentin Ballue