- C1
- 8es
- Lazio-Bayern (1-4)
Jamal Musiala, symbole des ressources du Bayern
Diagnostiqué grippé, le Bayern semblait plus prenable que jamais pour la Lazio. Mais cette machine rodée à toute épreuve a démontré qu’elle pouvait compter sur des pièces de rechange toutes neuves et super fonctionnelles. Et au Stadio Olimpico, c’est le jeune Jamal Musiala (17 ans) qui a symbolisé ce caractère inoxydable.
Quelle image retenir de cette démonstration du Bayern à Rome ? Les esthètes retiendront les gracieux grigris de Niklas Süle, ce catcheur en ballerines placé exceptionnellement arrière droit. Les comptables, épiciers et apothicaires noteront le 72e but en Ligue des champions de Robert Lewandowski, permettant au Polonais de déloger Raúl du podium des meilleurs buteurs de la compétition. Les poseurs de fenêtres déploreront les courants d’air pris par les défenseurs laziali Patric, Acerbi et Musacchio. Mais tous les autres préféreront se souvenir de la prestation d’un gamin, Jamal Musiala, parachuté titulaire d’un huitième de finale pour compenser les forfaits d’une petite moitié des habitués et mener le jeu d’un Bayern supposément fragilisé.
Il ne fallait pas se fier à cette attitude de collégien au moment de l’hymne de la Ligue des champions, car 24 minutes plus tard, c’est bien le numéro 42 des Roten qui conclut froidement une action bien amenée par Alphonso Davies et Leon Goretzka. Pepe Reina n’a jamais aussi bien porté son diminutif : du haut de ses 178 matchs européens, l’Espagnol vient de se faire fusiller par un joueur de 20 ans son cadet qui dispute lui son deuxième match en C1. Le choc des générations, le vrai.
Jamal game
Dans trois jours, Jamal Musiala aura toute la liberté de naviguer sur des sites réservés aux adultes. Pourtant ce mardi, à 17 ans et 363 jours, il ne s’est pas privé de participer à l’orgie bavaroise en terre romaine (1-4). Et avec ce but, il devient le plus jeune buteur du Bayern en Ligue des champions (détrônant Samuel Kuffour, 18 ans et 60 jours en 1994), le plus jeune buteur anglais en C1 et le second plus jeune buteur en phase finale de la compétition (derrière Bojan Krkić, 17 ans et 218 jours lors d’un Schalke-Barça disputé le 1er avril 2008). Et encore, si ce n’étaient que les premiers records de précocité du bonhomme… À la lecture de ces chiffres, on pourrait lâcher dans un soupir un « y a plus de jeunesse ». C’est pour ça qu’il est important de mettre les choses dans leur contexte : par exemple, au même âge, son coéquipier Lewandowski venait de boucler une saison compliquée avec la réserve du Legia Varsovie, où il n’avait inscrit que deux petits buts en troisième division polonaise.
Né en Allemagne d’un père nigérian et d’une mère allemande, le petit Jamal a débarqué en Angleterre à 7 ans et s’est fait les pieds à Southampton puis à l’académie de Chelsea. Et pendant que son ancien club bataillait pour se débarrasser de l’Atlético, lui a apporté sa fraîcheur et a assumé ses responsabilités, même s’il a disparu aussi progressivement que le suspense dans cette partie. À la 89e minute, celui qui défend les couleurs des Three Lions a été remplacé par Eric-Maxim Choupo-Moting (qui a bien le profil pour lui servir de chaperon). Il faudra peut-être encore un peu de métier pour trouver la constance sur 90 minutes, mais ce n’est pas le temps qui devrait lui manquer. Et alors que son nouveau contrat longue durée l’attend le jour de sa majorité à Munich, ses coéquipiers savent déjà ce que ce petit gars peut leur apporter. La preuve avec Joshua Kimmich : « Jamal est incroyable pour son âge. Il maîtrise vraiment bien le ballon, et il est lucide.[…]Quand il jouera plus souvent, il va continuer à s’améliorer et devenir encore meilleur. J’espère qu’on va pouvoir l’aider, et en particulier moi, à devenir un grand joueur du Bayern Munich. » Bizarrement, il y a peu de doutes là-dessus.
Par Mathieu Rollinger
Propos de JK issus du site de la Bundesliga.