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Jallet, le dernier survivant
Il était arrivé sur la pointe des pieds, de Lorient, avec une calvitie précoce et l'espoir de jouer un peu. Aujourd'hui, Christophe Jallet est le dernier représentant du PSG d'avant dans le onze de Carlo Ancelotti.
« C’est rare qu’il fasse une erreur tactique, il est tous les jours focalisé, concentré, dynamique. Il est très professionnel. C’est un joueur sur lequel nous compterons sans problème la saison prochaine, on n’a pas l’idée d’aller chercher un défenseur latéral » déclarait Carlo Ancelotti en mai dernier. Cette formule exclusive est lourde de sens. Le choix du mot « problème » aussi. Ils sous-entendent que les autres ne sont pas au niveau espéré. Oui, Carlo Ancelotti en a vu d’autres. Oui, du PSG Colony Capital, Christophe Jallet est le seul à l’avoir pleinement convaincu. Au point qu’il militait en sa faveur pour le maillot bleu avant l’Euro : « Je ne veux pas perturber le travail du sélectionneur. Mais j’ai le droit d’exprimer mon opinion. Je pense que Jallet est le meilleur latéral droit de France. » Ce qui avait passablement agacé Laurent Blanc : « Les entraîneurs militent pour leurs joueurs, que dire de plus ? Mais si tout le monde s’y met, ça devient un peu pénible. Quand Ancelotti dit qu’il ne veut pas se mettre à la place du sélectionneur, il s’y met quand même. » Un joueur qui permet à Carlo Ancelotti d’asseoir son autorité de coach à renommée mondiale sur Laurent Blanc doit bien avoir quelque chose de spécial.
Content d’être là
A y repenser, on a du mal à trouver un match où Christophe Jallet a été mauvais à Paris. Quand il débarque dans la capitale, en balance avec Ceara, il saisit sa chance d’abord au milieu, où il surprend et distille quelques passes décisives qui font remarquer sa justesse technique. C’est dans son parcours polyvalent que se comprend l’intelligence tactique du joueur. Christophe Jallet n’a pas toujours collé la ligne et joué les pistons de service. Derrière l’attaquant à Cognac, devant la défense avec les Chamois Niortais, arrière droit dans le Lorient très joueur de Gourcuff, le joueur s’est façonné avec le temps, sans brûler les étapes, et sans trop attendre du foot non plus. Aujourd’hui, il est un arrière droit capable de servir ailleurs. Si Kombouaré l’a utilisé au poste de milieu droit, Carlo Ancelotti l’a même apprécié milieu défensif. Doté d’une bonne frappe, techniquement précis, joueur appliqué, tactiquement adapté et adaptable, la transition Lorient-PSG ne l’a pas perturbé outre mesure, pas plus que le changement de cap Kombouaré-Ancelotti.
Contrairement à Gameiro, Hoarau, Erding, ou Sakho, ceux qui ont le plus souffert de l’arrivée de QSI, il est peut-être le seul à ne pas avoir considéré le PSG comme un tremplin mais bien comme une fin en soi. Sa force est à trouver par là, dans une ambition modérée. « J’aimerais bien finir à Paris. Il me reste encore trois ans de contrat à la fin de saison. Si je m’intègre toujours dans un projet… Je suis très bien ici. Je n’espère pas m’arrêter en 2015 mais une carrière, ça va vite. Ce n’était pas un club que je portais dans mon cœur quand j’étais plus jeune mais ça a été un honneur d’y venir. Plus j’y suis et plus je m’y plais » avouait-il en avril dernier. Avec la direction que prend le PSG, on le comprend un peu. Mais sa place, il ne la doit qu’à lui-même. L’OM découvrant les joies de l’austérité a voulu s’offrir son Jallet. Il s’est offert son Jérémy Morel. Et un joueur tout moyen. N’est pas Christophe Jallet qui veut.
L’heure de se mettre au Bleu ?
Le natif de Cognac, titulaire d’un bac S et d’un BTS d’œnologie, trimballe son profil atypique branché terroir, d’ex-joueur gentil, dans les excès parisiens : « Niort me suivait depuis mes 13 ans, mes parents avaient considéré que j’étais trop jeune pour partir, et trop immature. J’y suis allé à 15 ans. Le déclic est arrivé six mois après mon arrivée à Niort. Mon coach de l’époque, Jacques Capoue, a convoqué mes parents et il leur a expliqué que je n’étais pas assez méchant pour pouvoir m’imposer. Ce jour-là, j’ai décidé de mettre le bleu de chauffe » raconte-t-il en 2011 à La Charente Libre. Censé être un joueur comme un autre du PSG de Kombouaré, il est désormais titulaire dans le cinquième budget européen et s’apprête à jouer la Champions’ League, avec des nouveaux coéquipiers qu’il ne pensait jamais croiser.
Christophe Jallet est tout sourire à l’heure de découvrir Zlatan Ibrahimovic : « On a hâte de le voir à l’œuvre en matches et à l’entraînement. On sait que c’est un très grand joueur et qu’il va beaucoup nous apporter. » Hormis une fausse note avec cette déclaration maladroite concernant la taxe Hollande, Christophe Jallet fait un sans-faute à Paris depuis ses débuts. Dans les Bleus de Deschamps et la liste qui se profile pour France-Uruguay, on ne serait pas étonnés de le voir appelé. Son profil correspondrait aux aspirations du moment. Son profil de joueur sage plairait à la vox populi. Cette fois, elle n’aurait pas tort.
Antoine Mestres