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« J’ai voulu raconter ce que j’ai vu au Parc des Princes »

Propos recueillis par Lucas Duvernet-Coppola
10 minutes
« J’ai voulu raconter ce que j’ai vu au Parc des Princes<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Jeune rappeur parisien issu du groupe Cool Connexion, membre des collectifs Grande Ville et l’Entourage, Jazzy Bazz vient de sortir son premier album, P-Town. Dans son dernier clip, « Ultra Parisien », le MC évoque ses années au Parc des Princes et revient sur le conflit entre les tribunes Auteuil et Boulogne. Interview fumigène, où il est question du Parc des Princes, mais aussi du Paris Football Club et du look casual.

Dernièrement on t’a vu arborer une casquette aux couleurs du Paris Football Club, alors que tu es un supporter déclaré du PSG. Pourquoi ?Parce que c’est un club parisien. Moi, depuis toujours, je supporte mon club, le PSG, parce que c’est le club de Paris. Certains supportent les Girondins ou Lyon alors qu’ils viennent de Paris, peut-être parce qu’ils ont kiffé le style de jeu ou l’univers autour de ces clubs. Moi je marchais parce que c’est ma ville, et que je supporte le club de ma ville. Il s’avère qu’on a plusieurs clubs dans notre ville, qu’on a une histoire très compliquée avec le PSG, et je supporte aussi le PFC. Je supporte les deux. Ça peut paraître fou, mais je supporte deux clubs. Mon frère a joué au PFC. Paris FC qui galère en Ligue 2, qui sont derniers, faut aussi leur donner de la force. C’est bien beau aujourd’hui de supporter le PSG qui gagne tous les matchs et de dire « j’ai toujours supporté le PSG » alors que tu vas au stade depuis qu’il y a des stars… même s’il y avait des stars avant en plus. PFC je leur donne de la force. Je rêve qu’il y ait plusieurs clubs parisiens en Ligue 1. Ce serait marrant. Même pour le mouvement ultras à Paris ça serait bien. Tu es donc dans le délire ultras.Ouais. À Paris, en vérité, il y a plein de gens dans le délire ultras. Mais comme au PSG c’est interdit, c’est de moins en moins visible. Il y a le PFC où je vais souvent. À Créteil, ils bougent bien, Red Star aussi, même si les pauvres jouent à Beauvais. Ils ont fait un gros parcage à Charléty je dois le reconnaître. Créteil, j’y suis allé pour le match contre le PFC aussi. Le « déplacement » était interdit mais je suis allé juste avec un pote, en tribune présidentielle. On était en face du bloc, j’ai trouvé que Créteil, ça bougeait bien et ce pendant tout le match. Pas mal de mecs torse-nus sous 0 degré, deux groupes rassemblés, ça faisait un beau bloc en plein milieu. Au PSG, t’as rien de tout ça. Si le Red Star monte en L1 la saison prochaine, ils vont mettre des fessées aux supporters du PSG. Clairement. Ça serait beau à voir. Moi j’applaudis, je les encourage à mettre des fessées aux supporters de ce PSG.

Tu supportes le PFC de quelle façon ? Façon ultras ?Je vais voir les matchs depuis la saison dernière en National. Maintenant, je suis carté dans un groupe, Old Clan. Le Old Clan existe depuis 2010. Dans le groupe, y a pas mal d’anciens d’Auteuil. J’allais voir les matchs au début, bizarrement, pour le football. Quand j’ai vu qu’ils allaient monter en L2, j’y suis allé pour voir comment ça jouait. C’est pas cher, je ramène des potes, et voilà. J’aime bien passer des matchs avec le Old Clan, je me mets dans le bloc, je chante avec eux.

Tu bouges aussi en déplacement ?Je suis allé à Valenciennes et au Havre cette saison, À Valenciennes, j’étais juste sympathisant du OC mais ça c’est tellement bien passé que derrière je me suis rapidement carté. On ne va pas vraiment compter le match à Créteil parmi les déplacements. Je pense que j’irai à Lens, à Beauvais contre le Red Star, et si on doit jouer le maintien en fin de saison je me déplacerai au max.

Et avant ça, t’étais donc abonné au Parc des Princes, tribune G, groupe Authentiks (ATKS). Ouais. J’ai arrêté vers 2006. Je regrette de ne pas avoir connu la fin, je regarde les vidéos de ce que c’est devenu, c’était complètement fou. Moi, j’étais là dès la première saison des Authentiks, en 2002. C’était un mini groupe. Quand j’ai commencé, j’étais le plus jeune du groupe. Avant la section Juniors, il y avait une section Biberons. Je l’avais créée avec quelques autres gars. J’étais même le plus jeune de la section Biberons. Et j’ai arrêté parce que le rap devenait ma passion. Mais c’est vrai qu’être le plus jeune d’un groupe, c’est pas facile niveau intégration. Quand t’as 13 ans et que les mecs ont 24 ans, 25 ans… J’étais un membre discret, qui faisait le maximum qu’un gars peut faire à cet âge là. Finalement, quand je suis arrivé dans les meilleurs âges pour vivre la tribune, je me suis mis au rap. Personne n’avait rien contre moi et je n’avais rien contre personne, mais du fait de mon âge je me suis senti un peu à l’écart. Au tout début du groupe, fallait pas trop se bousculer devant la bâche, car le PSG nous interdisait de la mettre comme les autres groupes à cause de la pub, et ça tenait mal. J’aurais vraiment bien aimé connaître la période 2007-2010, quand toute la tribune G était débout.
Tu as d’autres expériences au Parc ?Oui, j’y ai joué (rires). Avec mon club de foot du 19e arrondissement, FC Solitaires, j’avais fait le trophée Wanadoo alors que j’étais déjà Authentiks. Ma tribune m’encourageait, c’était génial. J’étais gardien de but, c’est un peu cliché mais j’étais le seul blanc de mon équipe. Quand on fait le tour de terrain, on passe devant Boulogne, et là, les mecs nous font des cris de singe, alors qu’on est des enfants. Moi, au fond, j’étais pas surpris. Enfin, j’étais choqué, mais je l’ai très vite analysé et compris. Parce que je connaissais le mouvement, le délire du Parc. Mes potes, eux, avaient l’air choqués mais n’en ont même pas parlé en fait. Pourtant, je suis sûr qu’ils s’en souviennent encore aujourd’hui. Quand j’ai vu ça, j’ai compris que c’était vrai ce qu’on disait sur le racisme à Boulogne.

Stone Island, faut dire que c’est très rigolo ce qu’il se passe en ce moment. Ils ont fait une collab’ avec Supreme. Depuis, Drake et plein de hipsters qui n’ont rien à voir avec les tribunes portent du Stone Island.

Tu viens de faire un son, Ultra Parisien, dont le clip vient tout juste de sortir. Tu évoques notamment, en creux, le conflit entre Auteuil et Boulogne.Oui, je parle notamment d’un match à Auxerre, où j’étais allé. Celui dont je parle, c’est le match qui suit la banderole que les Tigris My stic avaient sortie pour leur anniversaire des dix ans, « L’avenir est à nous » , et qui avait servi de prétexte à la guerre entre une frange de Boulogne et les Tigris. Les prémices de notre drame, en fait. « C’est le début de la guerre entre Auteuil, Boulogne, et ses indépendants » . Voilà ce que je dis dans le son. À cette période là, il y avait beaucoup d’embrouilles. Ce Auxerre-PSG, c’est simple, c’était l’une des premières saisons où j’étais carté, j’étais très jeune. Je fais le déplacement avec le groupe, on arrive, cortège Authentiks, classique. Et en ville, on voit des indéps de partout. Des gars torchés en pleins de petits groupes de 6, 7. Des types vraiment énervés. Je sens qu’il y avait une ambiance bizarre, mais je capte pas. Juste, je constate. Et là, un gars s’approche du président des ATKS et lui casse une bouteille sur la tête. Nous, on réagit sans violence, on prend le président et des gars l’emmènent se faire soigner. Ça discute un peu dans le groupe, moi je reste avec les Biberons, on arrive au parcage avec un peu en retard, on se met à l’entrée du côté où il y a Auteuil. On voit où est notre groupe, on les rejoint, et on a eu beaucoup de chance, parce que les indéps ont déboulé après. Si on était restés juste à l’entrée, on aurait mangé sévère. Sévère. Moi, 14 ans, face à un mec de 40 ans, plein de haine. Bon.


Comment s’est passé l’écriture de ce passage ? Le conflit entre Auteuil et Boulogne est toujours un sujet très clivant, c’est pas forcément évident à rapper sur ce thème. J’ai voulu raconter ce que j’ai vu, c’est juste mon vécu. Tout en disant ce que je pense de la situation et en faisant attention à ne pas mettre tout le monde dans le même sac, puisque c’est ce que je reproche au PSG. Je vais jamais mettre tous les gens qui étaient abonnés à Boulogne dans la case raciste. Je dis RIP pour Yann le supporter qui est décédé. Ce clivage et ce conflit sont allés beaucoup trop loin. On parle à la base d’encourager un club de foot et on finit par se tuer, c’est un truc de malade. Je ne veux pas que le son soit clivant. Il y a toujours eu des embrouilles mais on peut former des groupes ensemble entre ex Boulogne et ex Auteuil. Moi, ça ne me dérange pas. De toute façon, les clivages politiques, ça ruine le monde des tribunes, on est là pour encourager un club, une ville, on a aucune raison de se diviser. On dit souvent que le club passe avant sa femme, alors si la politique passe avant le club, je comprends plus rien.
Le problème c’est que c’est rarement Les Républicains contre le Parti Socialiste, et je ne considère pas le néo nazisme comme une appartenance politique respectable, le racisme doit disparaître des tribunes.
Tu t’es posé la question aussi de l’illustration du morceau dans le clip ?Bien sûr. Tu vois, le clip, ça suit l’ordre chronologique, entre 70 et 2010. Donc il y a des images de tribunes qui correspondent aux années des maillots que je porte. D’ailleurs, le poto qui s’appelle Max et qui m’a prêté ses maillots pour le clip c’est un des plus gros passionnés que je connaisse. Il a déjà été abonné à Boulogne. Je représente pour des mecs comme lui et comme moi, donc dans le clip il y a des images de Boulogne et d’Auteuil. Plus d’Auteuil parce que c’est mon virage et que ce clip retranscrit l’histoire du PSG à travers ma chanson qui est mon histoire personnelle.

Pour terminer, dans le clip du Roseau, tu arbores un style casual, avec des marques prisées par la mouvance casual, Stone Island, Fred Perry… c’est par rapport au foot que tu portes ces marques là ?

Depuis que j’ai 13 ans et que je m’intéresse au délire ultras, j’ai intégré les codes vestimentaires et j’ai porté plein de marques. J’aime bien le style Casual, que j’ai toujours porté. Ma veste Stone Island, tu peux la voir déjà à l’époque de l’album de l’Entourage. Fred Perry, pareil j’en ai déjà porté dans des clips. Les gens ne remarquaient pas forcément en fait. Moi, je portais ça mais on ne savait pas forcément que c’était par rapport aux tribunes, à la base. Maintenant que le son « Ultra Parisien » est sorti, je vais être de plus en plus grillé. Après, Fred Perry c’est une marque qui est démocratisé de ouf. Stone Island, faut dire que c’est très rigolo ce qu’il se passe en ce moment. Ils ont fait une collab’ avec Supreme. Depuis, Drake et plein de hipsters qui n’ont rien à voir avec les tribunes portent du Stone Island. Ce serait marrant que des hipsters se fassent embrouiller à cause de leur Stone en mode « Pourquoi tu portes du Stone ? Qui tu supportes ? La Stone faut l’assumer. »

Dernière question sur ton tatouage Fluctuat Nec Mergitur. Tu l’as fait quand ? Il y a quatre ans, avec un pote. On a fait le même tatouage au même endroit. C’était mon premier tatouage, le premier truc que j’ai eu envie de me tatouer, c’était le blason de Paname. J’étais trop jeune pour le faire pendant mes années stade. Les darons ils kiffent pas, et je suis pas du genre à vouloir offenser ma daronne. Du coup, je n’ai pas fait de tatouage avant de devenir adulte.

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Propos recueillis par Lucas Duvernet-Coppola

Écouter : P-Town, en vente et disponible en numérique.

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