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« J’ai toujours refusé d’entraîner Daniele »

Par Valentin Pauluzzi
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Il a lancé Florenzi, Bertolacci, Okaka, Aquilani, Cerci, Romagnoli et bien d'autres encore. Si le centre de formation de la Roma est le plus productif d'Italie en joueurs de haut niveau depuis 20 ans, De Rossi Père y est pour beaucoup. Rencontre.

On trouve très peu d’infos sur votre carrière de joueur.Eh bien je vais vous la retracer, je l’ai entièrement passée dans les divisions inférieures et dans les années 80. Ça donne Piacenza et Mantova en Serie C1, Siena, Montevarchi, Prato en C2, trois ans à Livorno, deux à la Lucchese, puis San Marino et la Sarzanese, soit treize saisons professionnelles en tout et pour tout. J’ai raccroché à l’Ostiense en Serie D, le club de ma ville. C’était en 1991, l’année de naissance de la petite sœur de Daniele.

Et quel était votre poste ?J’étais un libéro à l’ancienne qui jouait dix mètres derrière le reste de l’équipe !

Vous êtes aussi passé par la Roma ?J’ai connu le centre de formation, mais très tard en fait, car j’ai intégré la Primavera, soit les U20, en provenance d’Ostia, et ce, pendant deux saisons, mais je n’ai malheureusement jamais porté le maillot de l’équipe une.

Et vous y êtes revenu entraîner.J’en suis à ma 22e saison ! Là, en revanche, j’ai fait tout le parcours. Je suis parti des poussins, puis les benjamins, les cadets, les minimes, et c’est en 2004 que j’ai été nommé entraîneur de la dernière catégorie de jeunes.

Si un garçon ne s’entraîne pas correctement, je le vois, je n’ai pas besoin de la technologie. Mais en lui montrant les chiffres, le gars est conscient qu’il devra faire un travail supplémentaire le jour suivant.

Votre devoir est différent de celui des autres formateurs du club, car vous êtes le dernier maillon de la chaîne.Tiens, c’est la première fois qu’on me pose cette question parce que d’habitude on me parle surtout des résultats de l’équipe ici (rires). Je ne suis pas plus important que mes collègues, mais je les représente et je peaufine leur travail pour obtenir un produit final pour lequel tout le monde a apporté sa pierre à l’édifice, de l’équipe des scouts aux secrétaires, en passant par les médecins et les différents collaborateurs. C’est un travail de longue haleine sur des garçons qui sont à Trigoria depuis 7, 8 ans.

Vous n’avez pas peur de louper la touche finale ?Non, je suis très attentif aux sollicitations de mon staff qui est de très grande qualité. Je ne me base pas seulement sur mes compétences. Nous sommes nombreux et bons, il est donc difficile de se tromper.

D’autant que la technologie aide à réduire la marge de manœuvre.Ici, on est suréquipé, on a même une application via laquelle les joueurs peuvent consulter leurs performances à partir de leurs smartphones. Tout est personnalisé. Hors du terrain, ils peuvent ainsi revoir leurs erreurs et savoir comment les corriger en vue du match suivant. Attention, il ne faut pas non plus tomber dans l’excès et ne se fier qu’à la technologie en recherchant à s’améliorer de façon subjective. Néanmoins, si des outils peuvent nous aider dans notre travail, ils sont les bienvenus.

Oui, il ne faut pas non plus que ce soit le soulèvement des machines…Je vais vous donner un exemple, il y a les GPS qui aident les entraîneurs à évaluer si le joueur s’est entraîné à 100 % et intervenir selon les carences décelées, mais le GPS ne te fait pas gagner une rencontre, c’est seulement une aide. Si un garçon ne s’entraîne pas correctement, je le vois, je n’en ai pas besoin, mais en lui montrant les chiffres, le gars est conscient qu’il devra faire un travail supplémentaire le jour suivant.

Comment s’organise votre travail ?Nous scindons la saison en deux parties. Durant la première, nous sommes encore dans la correction de défauts techniques, tactiques que ce soit collectivement, mais aussi individuellement. Il s’agit de consolider le boulot fait en amont. Pendant la seconde, à partir de janvier, on récolte les fruits et il faut penser à gagner les différentes compétitions qui se concluent entre le championnat, la coupe, la Youth League, car il s’agit aussi d’entraîner une mentalité de gagnant.

Vos jeunes doivent déjà gérer une certaine pression ?On doit chercher à les concentrer un maximum sur ce qu’ils font ici, leur apprendre à se confronter avec les autres dans le but d’améliorer le groupe et d’être prêts ensuite pour affronter un prêt. Maintenant, nous ne sommes pas dupes, entre leur agent, les espoirs de toute une famille, les journaux aussi, mais c’est une pression externe, pas interne.

Si j’ai voulu entraîner, c’était pour rester sur le terrain, sentir l’odeur de l’herbe comme lorsque j’étais joueur.

La Youth League a permis de vous confronter avec les excellences européennes, quelles différences avez-vous remarquées ?On dit souvent que le foot italien est en retard sur la formation par rapport aux autres pays, mais je trouve que c’est une considération un peu exagérée. Il y a deux aspects, d’abord celui concernant les structures et investissements. Nous sommes très bien lotis à la Roma où on ne manque de rien, mais quand nous sommes allés chez le PSG, le PSV, le Barça, l’Ajax, Salzbourg même, c’est très impressionnant et en avance par rapport à l’Italie. Ensuite, il y a le jeu, je sais à quoi se réfèrent ces discours sur la différence entre mon pays et les autres, on nous taxe d’être trop tactiques, défensifs, de miser sur la contre-attaque. C’est peut-être vrai pour certains, mais pas pour la Roma. Nous sommes une équipe joueuse, qui presse, qui attaque haut, et c’est d’ailleurs pour ça qu’on est la seule formation italienne à rivaliser avec les meilleurs, avec une demi-finale de Youth League l’an passé et un 8e cette année. Maintenant, je ne peux pas nier que nos adversaires ont un impact physique et technique différent.

Vous êtes d’ailleurs sortis face au PSG, qu’en avez-vous pensé ?J’ai été surpris par le fait qu’ils soient déjà très complets à leur âge, ils ont évidemment une puissance physique incroyable, mais attention, il ne s’agit pas seulement de leur taille ou de leurs muscles, non, je parle aussi de leur vitesse, de leur force. Et puis quelle technique individuelle, ils sont très à l’aise. C’était aussi le cas des jeunes de Chelsea qui nous avaient éliminés il y a un an.

Après plus de 20 ans chez les jeunes, vous n’avez jamais pensé à passer à l’étape supérieure ?Si j’ai voulu entraîner, c’était pour rester sur le terrain, sentir l’odeur de l’herbe comme lorsque j’étais joueur. Très vite, j’ai vu que mon caractère était adapté, je suis serein, patient, j’aime attendre tranquillement que mon travail se concrétise. Je m’en moque d’avoir tout tout de suite, et c’est ce qu’on vous demande en Italie quand vous coachez chez les pros. Je me suis bien inséré dans ce monde de la formation, alors pourquoi changer ?

Et changer le système italien ?Une chose est claire, les joueurs ont des difficultés à s’affirmer une fois sortis de Trigoria. On fait un gros travail, les gars ont un très bon background technique, tactique, mental aussi, mais il faut abréger la distance des équipes de jeunes à l’équipe première. C’est pour cela qu’il faudrait les équipes réserves comme dans les autres championnats. En plus, ça leur permettrait de rester ici et de mieux bosser.

Pendant toutes ces années, vous avez bien entraîné votre fils Daniele ?Je n’ai jamais voulu, et pourtant cela aurait pu arriver en quatre occasions, mais j’ai toujours fermement refusé, c’était un choix de ma part, et je n’ai pas de regrets, chacun fait sa propre carrière et on s’en est très bien sortis tous les deux.

Dans cet article :
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Par Valentin Pauluzzi

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