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« J’ai senti que La Mosson voulait que je gagne les 50 000 euros »

Propos recueillis par Arthur Stroebele
7 minutes
« J&rsquo;ai senti que La Mosson voulait que je gagne les 50 000 euros<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Il a vécu un rêve lors de la mi-temps de Montpellier-Rennes (0-1), sur la pelouse de La Mosson. Un supporter du MHSC, Nicolas Siffre (28 ans), est le premier en France à réussir le fameux challenge de la barre transversale : après trois réussites consécutives depuis les trente mètres, il a remporté un chèque de 50 000 euros. La journée internationale des gauchers, que nous célébrons aujourd'hui, est une raison supplémentaire pour prendre des nouvelles du héros.

Alors, est-ce que tu as déjà un peu flambé grâce à l’argent gagné suite à ce challenge de la barre ?Je peux vous dire qu’on a vraiment bien profité après le match, malgré la défaite de Montpellier (0-1 contre Rennes, N.D.L.R.) ! On est allé chez des amis, on a sorti le champagne, on a fini dans la piscine à faire la fête jusqu’au lever du jour. C’était grandiose, une soirée exceptionnelle.

Qu’est-ce que tu as prévu de faire avec ces 50 000 euros ? J’avoue que je n’avais absolument pas prévu de gagner ça. Donc on va voir, mais je vais me mettre une petite enveloppe de côté pour me faire plaisir, déjà. Après, évidemment, une autre pour investir dans des projets personnels. Peut-être acheter un appartement ou une maison, on verra un peu plus tard. Mais ça fera un joli apport, c’est clair.

Comment est-ce que tu as pu participer à ce challenge de la barre ? C’est un jeu sur Facebook, organisé par PasinoBet. Ça fait quand même un an que j’essaye d’y participer. Pour être sélectionné, il faut envoyer une vidéo de soi en train de toucher la barre transversale depuis les 30 mètres. Avec des amis, on prend cette vidéo. Sauf que je la touche au bout de je ne sais pas combien de temps, ni combien de tentatives ! J’ai mis un moment à réussir, au point que mes amis m’ont même dit « bon allez, on reviendra hein »… Et, finalement, j’ai été sélectionné ! Autant dire que c’était inespéré ce qui arrive par la suite.

Raconte-nous un peu comment ça se passe avant d’entrer sur la pelouse.Étant né à Montpellier et supporter du MHSC depuis tout petit, je connaissais beaucoup de monde en tribunes, notamment mon parrain qui était venu avec moi. Et je suis aussi abonné à la Butte Paillade (groupe des Ultras montpelliérain, N.D.L.R.), donc dans le kop aussi j’avais pas mal de connaissances. Et avant de rentrer, j’étais à la fois excité et stressé. Fouler la pelouse de La Mosson, c’est un rêve de petit garçon. Jamais je n’avais pu le faire… Enfin, si, une fois ! Mais c’était un envahissement après la montée en Ligue 1 contre Strasbourg en 2009. C’était moins légal (rires). Mais entrer dans un stade, c’est forcément stressant.

On voit souvent de gens qui tombent en tirant devant un stade plein. Quand tu arrives à La Mosson, tu penses vraiment que tu peux gagner, ou tu veux surtout ne pas être ridicule ?C’est clairement ce que je redoutais !

Le truc qu’il fallait absolument éviter, c’était la glissade. Et en plus, le coach Der Zakarian avait demandé aux jardiniers d’arroser la pelouse…

On en avait discuté avec des amis, et le truc qu’il fallait absolument éviter, c’était la glissade. Et en plus, le coach Der Zakarian avait demandé aux jardiniers d’arroser la pelouse, ce qui a un peu retardé notre entrée. Et franchement, ça glissait bien. Mais bon, l’important était de fouler la pelouse, le reste c’est pas très important.

Et raconte-nous comment se passe le challenge. Qu’est-ce qu’il fallait faire exactement pour arriver à remporter la mise maximale ? Alors là, c’était la réussite totale ! Le facteur chance y est pour beaucoup. Le principe est simple, tu positionnes ton ballon à 30 mètres des cages et tu dois taper la barre transversale. On était trois à passer ce jour-là, je passe en dernier. Et les gains se font par étape : une fois c’est 1 000 euros, deux fois c’est 5 000 euros, et la troisième consécutive c’est 50 000. Un autre gars a réussi également à taper une fois la barre mais ça s’est arrêté là. Moi, j’enchaîne mes trois tirs. Le premier ? Ça tape. Le deuxième ? Ça tape. C’est déjà fou.

Vient le troisième tir. On a les jambes qui tremblent à ce moment-là, non ? J’avais une boule au ventre, mais j’ai essayé le plus possible de rester concentré. Mais bon, j’en profite et je lance un petit clapping pour m’encourager. Je me lance… Franchement, je sens directement qu’elle part bien. Elle monte, elle monte, elle monte et clac, pleine barre quand elle redescend. Plein fer. Quand j’entends le bruit, je me suis tenu la tête, j’ai couru à droite, à gauche, des gens m’ont sauté dessus… C’était vraiment dingue, je ne savais plus où aller. En fait, au moment de mon troisième tir, j’ai senti que le public de La Mosson commençait à se prendre au jeu, à espérer que je gagne les 50 000 euros. Les gens voient la balle partir et j’entends une petite clameur qui monte, et quand ça tape, ils ont crié, célébré, applaudi ! Un peu moins que sur un but du MHSC, mais c’était marrant. Pour moi, c’était déjà énorme.

Tu t’étais entraîné pour réaliser le défi ?Je me suis fait une petite séance de tirs le jour même, samedi dernier, sur le terrain à côté de chez moi. Mais le taux de réussite n’était vraiment pas terrible pendant cet entraînement. Quelle chaleur d’ailleurs ! C’était surtout histoire de toucher le ballon. J’ai dû tirer une vingtaine de fois, pour sept tentatives réussies. Sachant qu’il faut taper trois fois d’affilée… C’était pas énorme. Après, à chaque fois je ne passais pas loin de la barre.

Et tu t’étais préparé comme un pro pour cet événement, avec repas équilibré, repos ?

J’ai eu quelques galères, j’ai même du faire des travaux avant d’aller au match.

Oh là, non, du tout. J’ai eu quelques galères, j’ai même du faire des travaux avant d’aller au match. L’hygiène de vie, c’était pas vraiment mon souci (rires).

Mais tu joues dans un club de foot ?

Je n’ai jamais été un grand joueur de foot, mais dans mon village, on m’appelait quand même « patte gauche », donc j’ai fait honneur à ce surnom.

J’y joue depuis que j’ai dix ans mais j’ai arrêté il y a deux ans à cause d’une fracture de la pommette. Donc je me suis mis au foot à sept avec le club de la ville de Gignac, où on joue sur des demi-terrains. C’est un sport basé notamment sur le fair-play et le loisir, beaucoup plus que dans le foot à onze. Je n’ai jamais été un grand joueur de foot, mais dans mon village, on m’appelait quand même « patte gauche » , donc j’ai fait honneur à ce surnom.

C’est la première fois en France que ça arrive. Fier d’être entré dans l’histoire des challenges des mi-temps ? C’est une grande première, ouais. Peut-être même en Europe je crois. Mais en tout cas, en trois petits tirs, je suis arrivé à rendre fier ma famille, mes proches, le public de La Mosson et le club du MHSC. Je vois des articles sortir en Angleterre, en Islande… Je suis surpris de l’ampleur que ça prend. C’est super !

Tu auras l’occasion de défendre ton titre ? Si un joueur veut faire un défi, ça serait avec plaisir ! Mais surtout, le sponsor m’a réinvité pour un nouveau challenge lors du prochain match à domicile contre Lyon. Mais cette fois-ci, ça sera pour le compte d’une association. Si c’est pour faire plaisir à des enfants malades, ou aider la lutte contre le cancer, ça serait magnifique. Mais j’espère que je n’enverrai pas des saucisses dans les tribunes !

Dans cet article :
Loum Tchaouna : « Et là, j’entends des cris de singe »
Dans cet article :

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