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« J’ai foi en Adil Aouchiche »
Deux frères qui font de la musique, c’est un refrain connu. Raphaël et Théo ont grandi dans le quartier de Terrenoire, à Saint-Étienne. Un nom qu’ils ont aussi donné à leur duo musical. Raphaël et Théo sont évidemment supporters des Verts.
Dans votre musique, vous décrivez votre attachement à votre quartier et à votre ville. Vous êtes autant attachés à son club de foot ?Théo : C’est tellement important, la place du football à Saint-Étienne, on grandit avec, il y a des city stades partout. Chaque quartier a son club, tous les dimanches tous les gamins viennent voir le foot. Il y a un chauvinisme dans cette ville qui est inexplicable, parce que ce n’est pas la ville la plus jolie du monde, il ne s’y passe jamais grand-chose… Mais tout le monde, quelle que soit la classe sociale, se retrouve dans le foot. C’est un vecteur très important pour la bonne santé de la ville. Quand l’ASSE est en danger en Ligue 1, comme cette saison à la 17e place avant le confinement, on sent que la ville en pâtit en matière de vitalité, d’entrain… C’est très spécial.
Une descente en Ligue 2, ce serait un cataclysme plus qu’ailleurs ?Théo : La dernière descente ne remonte pas à si longtemps que ça. Mais ça rendrait la ville franchement malheureuse. Au lycée, j’étais avec des ultras des deux kops, des Green Angels et des Magic Fans. À chaque mauvais résultat de l’ASSE, ils étaient abattus, la journée de lycée était déjà ratée pour eux. Je suis sûr que s’il y a une descente en Ligue 2, il y a 20 000 personnes qui ne peuvent plus dormir le soir à Saint-Étienne. Rien que d’imaginer ça… Non.
Vous avez eu l’opportunité de travailler avec le club ?Théo : J’ai mixé il y a quelques années à l’Étrat au centre d’entraînement (aujourd’hui baptisé Centre sportif Robert-Herbin, N.D.L.R.). C’était assez drôle, c’était pour la présentation des nouveaux maillots du club. Il y avait tous les anciens, de Julien Sablé à Pascal Feindouno, et ils faisaient un petit tournoi avec les professionnels. J’ai mixé du matin au soir avec mes idoles de jeunesse qui jouaient entre eux, c’était assez fou.
Raphaël : Quand j’ai commencé à faire de la musique, j’ai été produit par un gardien du club, Jody Viviani, qui ne joue plus maintenant. Je faisais de la musique avec un pote à lui, et il kiffait ce qu’on faisait. Donc il nous a acheté des instruments pour qu’on puisse jouer dans les bars.
Et le stade de Geoffroy-Guichard, il représente quoi pour vous ? Théo : C’est la bouilloire. Je me souviens de la première fois que je suis allé au stade Geoffroy-Guichard : c’était pour un derby en Coupe de la Ligue ASSE-OL. Et je me souviens de me prendre cette décharge d’émotion… Je dois avoir 8 ans et me prendre la décharge d’émotion du stade… Je ne suis pas migraineux, mais la nuit, impossible de dormir et de fermer l’œil tellement la pression était énorme. C’était spectaculaire, un moment incroyable.
Ce serait cool un concert dans le Chaudron…Raphaël : C’est dans les tuyaux. Ça se fera peut-être avec d’autres artistes de la nouvelle scène musicale stéphanoise, dans le cadre d’un documentaire que projette de réaliser le Fil, la salle des musiques actuelles à Saint-Étienne.
Les joueurs mettent votre musique dans le vestiaire ?Théo : Ce n’est pas encore assez « pompelup ». Mais franchement, prochain album, carrément.
Vous avez déjà tenté un remix d’« Allez les Verts » ?
Raphaël : On réfléchissait dessus, et on a fait une sorte de mini version. La ville se complaît dans ses anciennes idoles : les poteaux carrés, le charbon, la mine… C’est une musique iconique. Mais on se dit qu’on fait partie de la nouvelle garde, alors peut-être que c’est notre devoir de réfléchir à du nouveau, à ce que la ville se mette du nouveau sous la dent. Et pas ressortir du réchauffé à chaque fois pour entretenir ce mythe qui est un peu passé.
Adil Aouchiche, c’est une recrue un peu rock n’roll, non ?Théo : Oui, ça a l’air d’être assez spécial, ce qui se passe. Je ne sais pas trop quoi en attendre, mais je pense que ça va être une recrue assez folle. J’y crois comme Denis Bouanga. J’ai foi en lui.
TERRENOIRE / Les Force Contraires / Premier album / le 28 août 2020 / Black Paradiso/NEUVE
Par Guillaume Laclotre