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« J’ai fait croire que je chanterais La Marseillaise à l’Euro »
Le 1er avril, la révélation pop Fishbach a fait croire qu’elle allait interpréter La Marseillaise lors du match d’ouverture de l’Euro 2016. Et beaucoup sont tombés dans le panneau. Alors, même si elle n'y connaît rien au foot, ça valait le coup de revenir sur cette petite blagounette en quelques questions...
Le 1er avril, tu as fait croire à tout le monde que tu allais interpréter La Marseillaise lors de France-Roumanie, le 10 juin prochain, en ouverture de l’Euro… C’était une idée de mon label, Entreprise. Mais ne me demande pas pourquoi, c’était juste pour la blague. Apparemment, ça a bien pris. (Rires)
Si on te l’avait réellement proposé, tu aurais réagi comment ?Je pense que je me serais posée un peu la question.
J’aime beaucoup l’histoire de la France, son patrimoine, et je suis très fière de vivre ici, mais il y a certaines choses qui me dérangent quand même dans ce morceau. Après tout, l’interpréter, c’est une façon de cautionner le jeu des politiques et le business lié au football. Et puis elle est hyper difficile à chanter, cette chanson, les paroles et la mélodie sont très violentes. Mais bon, il ne faut pas se mentir, je ne pourrais pas refuser. Ce serait trop ouf de pouvoir faire ça. Du coup, je pense que j’accepterais, mais en l’incarnant différemment. Je ne la chanterais pas la main sur le cœur en regardant la foule, mais de façon nettement plus dark, presque détachée.
Tu comprends que les paroles de La Marseillaise aient pu susciter autant de débats dans le football ? J’ai cru comprendre qu’il y en avait eu pas mal, oui. Et je le conçois totalement si le mec qui refuse de les chanter apporte de solides arguments derrière. Après tout, quand on y pense, c’est un geste politique très fort de refuser de chanter La Marseillaise et ça ne doit pas être pris à la légère. Ça ne doit pas être un caprice et j’aimerais bien entendre ce que les footballeurs ont à dire là-dessus. Malheureusement, je ne suis pas certaine qu’ils aient eu l’occasion de se lancer dans un réel débat à ce sujet. Au même titre que les artistes, les footballeurs ont un pouvoir de représentation et de parole immense, mais j’ai plus l’impression que ce sont les journalistes qui interprètent ce geste à leur place.
Malgré ton poisson d’avril autour de l’Euro, tu l’avoues sans mal : tu ne suis pas vraiment le foot… Je connais à peine quatre joueurs. (Rires) Barthez parce que c’était un gardien chauve et parce qu’il faisait partie de l’équipe de France 98. Zidane parce que c’est devenu plus un people qu’un footballeur, et Zlatan et Ribéry parce que ce sont des personnages, des icônes, au même titre qu’Ève Angeli et Hanouna ! Sinon, mon papa était l’entraîneur du club de mon village et j’en suis très fière. Ce n’était pas notre village d’origine, et ce poste, mine de rien, nous a permis de nous intégrer auprès des autres habitants. Tous les dimanches, avec ma mère, on allait voir les matchs et c’était très sympa. Il y avait une ambiance populaire et fédératrice que j’aimais bien. Cela dit, je n’ai jamais réussi à shooter dans un ballon et je n’ai même jamais vu un match dans un stade. Il faut vraiment que je le fasse, que j’aille voir un match de Ligue des champions pour entendre la musique aux côtés de supporters un peu fous. Cette frénésie m’intrigue.
Quand on ne s’intéresse pas trop au foot, on s’apprête quand même à suivre l’Euro 2016 ?J’avais suivi la Coupe du monde et ça m’avait bien plu. Je faisais ma pro à commenter les actions, les fautes et tout le reste. Ce sont des moments assez fous, il faut bien l’avouer. Tout le monde se réunit et tout le monde vit les mêmes émotions. C’est beau à voir. Donc, il y a des chances pour que je refasse ça cet été.
Tu n’as pas peur que l’on te demande vraiment de chanter La Marseillaise, du coup ? Si c’est le cas, je chanterai Aux armes et cætera. C’est une façon d’interroger la version officielle, de s’en moquer et je préfère nettement cette version.
Propos recueillis par Maxime Delcourt