- Français de l'étranger
«J’ai été formé à Lens, alors le froid… »
Vincent Escudé-Candau, français, 22 ans, joue à Cork City, au pays de la verte Erin. Arrivé cet hiver en provenance de Bayonne, le changement de climat n'est pas pour lui déplaire. Et en plus, il joue le titre de la League of Ireland.
Comment as-tu atterri en Irlande?
J’ai commencé à Pau, puis après je suis parti en préformation à Castelmaurou, près de Toulouse, avec Erick Mombaerts. De là, j’ai été repéré par le RC Lens de Dominique Bijotat où je suis rentré en centre de formation. J’y suis resté cinq ans. Après, je suis parti à Troyes où ça c’est pas super bien passé. J’ai été blessé toute l’année et je me suis fait opéré du genou droit. L’année suivante j’ai débarqué au Gazélec Ajaccio où je me suis de nouveau blessé au genou gauche. Au final, j’ai passé deux saisons quasiment blanches. Finalement j’ai atterri à Bayonne en National pour la saison 2008-2009 où j’y suis resté jusqu’en janvier dernier.
Après ces deux années à Bayonne, qu’est ce qui t’a décidé à partir ?
C’est par l’intermédiaire d’un très bon ami à moi qui jouait déjà en Irlande. Il m’a dit qu’il y a un engouement assez important, des bons terrains et du monde au stade. Surtout dans le club dans lequel je suis : c’est assez agréable de jouer devant 3 à 4 000 personnes à chaque match à domicile. Il y a aussi des bonnes structures, ce qui rend le truc intéressant.
On a vu que l’équipe d’Irlande n’était pas dégueu, mais la plupart des joueurs de la sélection joue en Angleterre. Ca ne se ressent pas trop dans le niveau du championnat ?
C’est pas évident de situer le championnat irlandais par rapport aux niveaux où j’ai pu jouer auparavant. On me le demande souvent et je suis incapable de comparer. En tout cas, je peux te dire que c’est un niveau intéressant. En plus on est une équipe qui essaye de jouer au ballon. Sinon c’est un jeu assez direct. On va pas se le cacher : le jeu britannique c’est beaucoup plus physique que la France où on va peut-être être tactiquement plus en place. Mais j’ai pas à me plaindre, je suis vraiment bien tombé.
D’ailleurs avec Cork vous faites une belle saison : vous êtes premiers. Ca te change de ce que tu as vécu avant ?
On est premier du championnat, en quart de la coupe de la ligue irlandaise et encore en course pour la coupe d’Irlande. L’objectif principal c’est le titre. C’est sur que ça me change de ce que j’ai eu l’habitude d’avoir auparavant. Bon avec le Gazélec, on a toujours joué la montée, mais avec Bayonne on était au milieu de classement, à lutter pour ne pas descendre. Alors que là, on nous demande de gagner tous les matchs, à domicile comme à l’extérieur. Dans l’état d’esprit c’est une sacrée différence.
En France, quand on parle du sport en Irlande, on pense tout de suite au rugby. Personne n’entend parler du foot irlandais. Tu peux nous expliquer un peu les spécificités de ce championnat ?
Déjà le championnat est complètement décalé : à mon avis c’est à cause du temps. Parce que si on joue novembre, décembre, janvier, il va y avoir pas mal de matchs remis. Nous on a commencé le 4 mars et on doit finir le 6 novembre si je me plante pas. Donc on joue l’été, où on a juste une trêve d’une semaine en juillet. Sinon par rapport aux places européennes, celui qui gagne la coupe d’Irlande se retrouve en Europa League. Après le premier du championnat aussi, et le second et le troisième sont reversés dans le tour préliminaire.
En gagnant le championnat, tu pourrais donc jouer une coupe européenne l’année prochaine et pourquoi pas gagner en visibilité auprès des championnats européens. Tu y penses ?
A dire vrai, pour l’instant je ne me prends pas la tête, je reprends du plaisir à jouer au foot et si quelque chose doit arriver, j’en serais le premier ravi. J’essayerai de voyager et d’aller dans un championnat meilleur. Mais comme je te le dis, c’est très bien comme ça, et puis ça me permets d’apprendre l’anglais d’être en Irlande.
Et le foot gaélique, ça te tente ou c’est vraiment pas ton truc ?
Bah, j’ai jamais essayé mais ça a l’air super intéressant. Y a un engouement pour le gaélique, et le hurling aussi (mélange de hockey sur gazon et de foot gaélique, ndlr). Ce sont vraiment les sports nationaux. Moi, j’aimerais vraiment aller voir un match mais je crois que ça se joue que l’été. Je suis super curieux de voir ce que c’est.
Cork signifie « emplacement marécageux » en Irlandais. Bref, pas le paradis sur terre. Pas trop dur d’y vivre à l’année ?
Comme je te disais, à mon avis, je pense que tu dois avoir trois-quatre mois super compliqués. Mais moi j’ai eu la chance d’arriver juste après. Je t’avouerai que j’ai été agréablement surpris parce qu’il ne fait pas si froid. Après il y a des jours où il pleut, on n’a pas les 30 degrés que je pouvais avoir à Bayonne, du moins pas encore. Mais sinon, la vie est vachement agréable. La ville est sympa, les gens sont supers. En plus, moi j’ai fait ma formation à Lens, alors tu sais le froid, je connais.
Tas même pas eu de souci à conduire à gauche ?
J’avoue que ça a été un peu compliqué. Je n’ai pas conduit de suite. Au départ, j’ai laissé faire pour apprendre le truc. Mais bon j’avais passé deux mois à Londres cet été donc je m’y étais déjà un petit peu fait. Après, c’est sûr que la conduite, ça change : tu n’as pas le droit d’avoir la tête dans les nuages, sinon…
Tu aimes les rousses ?
Tous les Irlandais ne sont pas roux. C’est comme dire qu’il ne fait que pleuvoir. Depuis que je suis arrivé, je n’ai pas eu énormément de pluie. Pareil, les Irlandais ne sont pas que des roux. Après les Irlandaises… elles sortent beaucoup ! Assez fétardes mais très sympa. Ce qui est sûr, c’est qu’elles boivent pas mal de bière, autant que les Irlandais.
D’ailleurs, elle est meilleure la bière là-bas ?
La bière est bien meilleure. De toute façon, on est obligé d’en boire une après le match. Il paraît que ça fait du bien ici. C’est même conseillé !
Propos recueillis par Robin Delorme
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