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Jagoba Arrasate, la compétence n’a pas d’âge
Jeune, basque et compétent. Tels sont les trois mots pouvant définir Jagoba Arrasate, nouveau coach de la Real Sociedad. À 35 ans, le successeur de Philippe Montanier s'apprête à guider son club en Ligue des champions face à Lyon.
Une fausse surprise, ou un étonnement relatif. Telle pouvait être la réaction de tout un chacun suite à la nomination de Jagoba Arrasate à la tête de la Real Sociedad. Sans passif d’entraîneur en Liga, âgé seulement de 35 ans, l’ancien adjoint de Philippe Montanier apparaît comme un novice. Face aux deux favoris pour succéder au Français – à savoir Laurent Blanc et un certain Tata Martino –, le curriculum vitae du bougre ne soutient en rien la comparaison. Mais à regarder de plus près le pedigree du natif de Berriatua, cette surprise dégage finalement quelque chose de naturel. Car Jagoba Arrasate est un enfant de la Real Sociedad, tout ce qu’il y a de plus basque. Faisant fi de ses origines et de sa jeunesse, le bien-nommé Jagoba a surtout la compétence requise. Mieux, il en a le talent. Et comme l’a si bien résumé le président des Txuri-Urdin le jour de sa présentation : « Jagoba est l’entraîneur qui pourra obtenir le meilleur des joueurs que nous avons dans notre effectif. » Et Lyon pourrait bien l’apprendre à ses dépens.
Basque, mais pas que
Jokin Aperribay, président de la Real Sociedad de son état, est pour beaucoup dans la nouvelle vie de Jagoba. Bien entendu, il l’a introduit en tant qu’entraîneur de son équipe fanion. Mais, il y a de ça trois étés, c’est lui qui l’a fait revenir à Donostia – San Sebastián en langue basque. Avant cela, celui qui avait arrêté sa carrière de joueur à seulement 30 ans entraînait le club de son village natal (2007-2008), puis le CD Elgoibar (2008-2010), club avec lequel il connaît ses premiers succès. « Il a rejoint la Real Sociedad où il a directement pris en main les juniors durant deux années (2010-2012, ndlr), se rappelle Eric Olhats, recruteur de la Real Sociedad. Dans un projet d’avenir, il a par la suite été intégré au groupe professionnel avec l’appui du président et du directeur sportif. » Second de Philippe Montanier, il apprend et fait valoir sa connaissance de jeunes joueurs qu’il a déjà eus sous ses ordres. Formé en tant que joueur à la Real Sociedad, ce serait un euphémisme de dire que l’intéressé connaît la maison.
D’autant plus que, dans un club marqué culturellement comme la Real, être basque est loin d’être un défaut. Eric Olhats, toujours : « Être basque à la Real Sociedad, c’est forcément un avantage : tu connais bien la culture, tu maîtrises également la langue car il y a beaucoup de conversation en basque… » Ses origines locales lui permettent donc de se faire accepter illico par le club, mais surtout par les supporters – un appui que n’a finalement que peu connu Philippe Montanier. Cependant, être « basque c’est un avantage, mais la compétence demeure le plus important » , rassure ce même scout de la Real Sociedad. Et de la compétence, Jagoba Arrasate en a à revendre. Car, bien que n’ayant que 35 ans, et étant donc l’entraîneur le plus jeune de cette édition de Ligue des champions, il n’en est pas moins « mature » footballistiquement. Et surtout humainement : « De voir quelqu’un de 35 ans sur un banc de touche, c’est certes très jeune dans le football. Mais dans la vie, on est déjà mature à cet âge-là. Il peut avoir sous ses ordres des joueurs proches de son âge, mais on ne parle pas non plus d’un gamin de 20 ans. Il a une vie de famille, il est sociable, intelligent… » , complète Eric Olhats.
Dans la continuité du travail de Montanier
Cette maturité, il l’a fait valoir à ses dirigeants qui lui ont proposé la succession de Montanier. Comme le racontait son président, « il nous a confié qu’il serait à la hauteur et a une énorme envie de réussir » . Sur un plan purement sportif, Jagoba Arrasate va apporter ce que l’on nomme de la continuité. Une donnée déterminante pour le board de San Sebastián qui ne compte pas faire table rase des deux années du désormais coach du Stade rennais. « Dans la philosophie de jeu, à savoir être attractif, et jouer pour gagner et non pas pour ne pas perdre, il sera dans la continuité, explique Eric Olhats. Après, il amènera sa touche personnelle dans le relationnel et sur un plan tactique. Mais tout ça à dose homéopathique, car il n’arrive pas pour tout changer d’un coup. Il va s’appuyer sur des bases qui ont fait leurs preuves. » Et à en croire la partition récitée ce samedi en ouverture de la Liga, les préceptes n’ont pas varié d’un iota. Avec un XI toujours en mouvement, un jeu court – Íñigo Martínez mis à part – et des touches de balle limitées, ce sont les mêmes ingrédients qui ont forgé la quatrième place de cette Real Sociedad version 2012-2013. Jean-Michel Aulas a beau « ne pas craindre la Real Sociedad » , il ferait bien de s’en méfier. Car l’âge de raison rime quelques fois avec 35 printemps.
Par Robin Delorme, à Madrid