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Jadon Sancho, le patient anglais
Pendant que la presse britannique revient inlassablement sur son potentiel transfert record à Manchester United, Jadon Sancho attend. La pépite du football anglais n'a pas disputé la moindre seconde lors des deux premiers matchs de l'Euro. Gareth Southgate l'avait même mis en tribune lors de l'entrée en lice des Three Lions contre la Croatie. La 3e journée du groupe D, programmée ce mardi soir à Wembley face à la Tchéquie, permettra peut-être de mettre fin à ce mystère. En attendant, comme le disent si bien les sujets de Sa Majesté : what the fuck ?
Trois tirs cadrés en 180 minutes. Si l’Angleterre dispose d’un vivier offensif pléthorique, sur le terrain, tout ce talent ne se voit pas encore vraiment. Les difficultés des Three Lions ont été encore plus exposées vendredi contre le voisin écossais (0-0). Certes, John Stones a touché le poteau. Certes, les gants de David Marshall ont chauffé sur une frappe lointaine de Mason Mount. Mais le constat est implacable : dans le jeu, les Anglais ont largement peiné pour se créer des occasions nettes. Pire, ils n’ont presque jamais réussi à amener le danger dans la dernière demi-heure, alors qu’ils pouvaient valider leur qualification en huitièmes. « Nous n’avons pas trouvé de réponse », a reconnu Gareth Southgate. Sur le banc, Jadon Sancho a dû trouver le temps long. Très long.
Ferdinand : « Je n’arrive vraiment pas à comprendre »
Le milieu offensif de 21 ans est, malgré lui, invisible depuis le début de l’Euro. Laissé en tribune contre la Croatie, il a réintégré la feuille de match vendredi, mais sans pour autant entrer en jeu. Difficile à comprendre pour bon nombre d’observateurs outre-Manche, encore plus au regard du manque de créativité dont a fait preuve la sélection nationale contre l’Écosse. « Tu peux faire beaucoup de changements maintenant, Southgate n’en a fait que deux alors que tu peux en faire cinq, pestait Rio Ferdinand sur sa chaîne YouTube. Sancho ? Qu’est-ce qu’il a fait ? Il a dû faire quelque chose dans les coulisses. Depuis trois saisons, il est le joueur de cette équipe qui est impliqué dans le plus de buts après Sterling et Harry Kane. Je n’arrive vraiment pas à comprendre. Tu as ce talent assis là et tu as une équipe qui attend de se faire battre. Libérez ces garçons, on ressemble à nouveau à une vieille équipe d’Angleterre rigide. »
De la liberté, Sancho a montré qu’il aimait en avoir. Depuis le début de l’année civile, il pèse 12 buts et 12 passes décisives avec le Borussia Dortmund, malgré une déchirure musculaire qui l’a mis sur la touche pendant plus d’un mois. Impossible de justifier son statut de cireur de banc par une forme incertaine, lui qui avait martyrisé Leipzig en finale de Coupe d’Allemagne avec un doublé et un caviar pour Erling Haaland. L’épisode automnal de sa participation à la fête d’anniversaire de Tammy Abraham, au mépris du protocole sanitaire, aurait-il laissé des traces ? Piste difficilement crédible quand on voit le temps de jeu de Phil Foden, qui avait fait les choux gras des tabloïds britanniques en brisant la bulle de la sélection pour inviter une jeune femme à son hôtel en Islande.
Quand ça compte, c’est sans lui
Bien sûr, la concurrence fait rage, Marcus Rashford, Raheem Sterling, Phil Foden ou Jack Grealish convoitant également l’un des spots offensifs. Mais de là à ne pas le lancer à 0-0 contre la Tartan Army ? Depuis le mois d’octobre, son sélectionneur ne l’a titularisé qu’à deux reprises, à chaque fois en amical : contre l’Irlande le 12 novembre et contre la Roumanie le 6 juin. Dès que les choses deviennent sérieuses, Sancho doit se contenter de miettes : entrée à la 89e contre la Belgique, à la 73e face au Danemark, à la 70e en Belgique, à la 76e contre l’Islande. Peut-être Southgate a-t-il été déçu par son rendement en sélection. Il est vrai que les stats du wonderkid ne font pas rêver sous le maillot des Three Lions : 3 buts et 5 passes décisives en 19 rencontres, dont un doublé contre le Kosovo.
Son imprévisibilité et son dynamisme auraient tout de même pu aider à bousculer les défenses croate et écossaise. On est encore davantage en droit de le penser à la lecture du verdict de Tyrone Mings auprès de la BBC : « Parfois, les choses ne se passent pas comme prévu, et c’est très dur de mettre le doigt sur la raison exacte. Mais je pense que c’était probablement l’intensité. L’intensité et la vitesse à laquelle nous avons déplacé le ballon n’étaient pas vraiment là. » Le tour du feu follet du BvB viendra peut-être à l’occasion du troisième match ce mardi. « Nous avons quelques options explosives, et beaucoup d’entre elles sont de jeunes joueurs qui vivent un grand tournoi pour la première fois, soulignait Southgate dimanche. Jadon en fait partie. Il s’est bien entraîné ces derniers jours et bien sûr, nous avons ces options. » Le faire jouer au frisbee à l’entraînement, c’est bien. Le faire jouer au football pour aller chercher un Euro, c’est mieux.
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