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Jacques Piriou (Concarneau) : « Si c’était une rave-party, le problème aurait été réglé »
Depuis samedi, les terrains d'entraînement de l'US Concarneau ont été transformés en camping improvisé par plus d'une centaine de caravanes. Impuissant, le président du club, Jacques Piriou, assiste au ravage de l'outil de travail de son club. Et s'attend déjà à en faire les frais toute la saison. Entretien avec un Breton en colère.
Cela fait deux jours que vos terrains d’entraînements ont été investis par plus de 150 caravanes. Comment ça va ? On a connu des jours meilleurs. En quinze ans de présidence de l’US Concarneau, je n’ai jamais vu ça. Je pensais avoir tout connu, mais apparemment non. Même après l’année dernière, on arrive à faire encore pire. C’est catastrophique ce qu’il se passe, on perd toutes nos capacités d’entraînements, c’est terrible pour la suite de la saison, surtout après une année de Covid. C’est encore plus difficile à accepter, il faut être costaud dans la tête là pour garder le moral. Mais je ne suis pas le genre à arrêter, je suis un combattant, même si c’est fatiguant, usant, et surtout très contrariant.
Pour réussir à provoquer une réunion à la mairie un dimanche matin, c’est que c’est assez grave, oui…Ah oui, c’est grave là. On était en réunion de crise avec la municipalité dimanche pour essayer de trouver des solutions. Aller à la mairie un dimanche matin, ça veut tout dire. Normalement, si on se réunit le dimanche matin, c’est pour des bonnes nouvelles. Là c’est pour une situation très problématique.
Qu’est-ce qu’il s’est passé concrètement ?Samedi midi, à la fin de l’entraînement du groupe de National 1, des gens du voyage sont arrivés, ils ont forcé les grilles de notre stade et se sont installés sur nos quatre terrains d’entraînements qui servent à toutes les équipes du club, pas seulement à l’équipe fanion. Ils appartiennent à la mairie mais ils sont dédiés uniquement à l’US Concarneau. Il y avait au moins 150 caravanes, donc on a rien pu faire, d’autant que certains d’entre eux ont été assez agressifs. J’ai quitté le stade à 10h30, on m’a appelé à midi pour m’avertir. Ça a duré 2-3h, ça a même encombré la voie express. J’ai appelé immédiatement la mairie mais dans ces cas-là il n’y a pas grand monde qui peut faire quelque chose. Il restait trois joueurs à ce moment-là, mais ils n’ont rien pu faire face à ce passage en force.
Un passage en force, carrément ?On a très bien compris qu’il ne fallait pas les empêcher de rentrer quoi. Quand vous avez 150 caravanes qui arrivent avec des personnes qui n’ont que cette solution pour se loger, face à trois joueurs de chez nous… C’était hors de question de monter au créneau, ce n’est pas notre rôle ça. La police est venue, mais au commissariat de Police de Concarneau, il n’y a qu’une voiture donc à un moment face à autant de monde, que peuvent-ils faire ?
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— US Concarneau (@USConcarneau) July 31, 2021
Donc personne ne va les déloger de vos terrains ?Les terrains appartenant à la ville, ce sont les équipes municipales qui sont allées discuter samedi. On leur a répondu qu’ils sont là pour huit jours. Il semblerait que la loi dise qu’on ne peut pas les déloger avant huit jours, donc ils se sont installés. Quand ils vont partir, les terrains seront ravagés, les vestiaires je n’imagine pas. On fera le compte dans une semaine, si véritablement ils partent dans une semaine. Mais qu’ils restent une journée ou une semaine, les dégâts y seront. Ils roulent avec leurs camions et leurs caravanes sur le terrain, des ornières se sont déjà créées, ça va être catastrophique. Aujourd’hui pour refaire un terrain, ça ne se fait pas en un mois, ça prend au moins six mois. Les dégâts sont à long terme : on se pose la question de la gestion de toute la saison avec quatre terrains en moins. On en est déjà là. On a évacué tout ce qu’on pouvait des vestiaires, les ballons, le matériel d’entraînement, etc. Heureusement les appareils de musculation étaient déjà ailleurs, mais ce qui nous inquiète c’est l’état dans lequel on va retrouver nos douches et les sanitaires.
Cela peut avoir des conséquences sportives pour l’US Concarneau ?Non je n’irai pas jusque-là, la contrariété du club est surtout de pouvoir entrainer toutes les équipes. Il n’y aura pas de rupture de condition d’entraînement pour l’équipe professionnelle. Mais on doit entraîner et faire jouer du senior au tout petit. Les pros étaient en repos dimanche, et ont pu reprendre dès lundi sur un autre terrain, donc ça ira pour l’ouverture de la saison. C’est pour le reste du club que c’est lourd. On est complètement démuni. Les déloger, ce n’est pas en mon pouvoir je ne suis pas préfet. Je n’ai eu aucun message de la Ligue, ni du District ni de qui que ce soit donc je suppose qu’on n’existe plus.
Vous n’avez reçu aucun soutien ?Des instituions, non, mais j’ai reçu beaucoup de soutien de président d’autres clubs de N1, des mairies et des clubs environnants qui sont prêts à nous aider. Ça va être compliqué, mais on va trouver des solutions. On a un terrain homologué à côté du stade, et un autre non homologué pour pouvoir s’entraîner. La mairie va essayer de remettre un autre terrain en état, mais pour les jeunes on n’a pas encore de solution.
Vous avez quand même fini votre communiqué sur une touche d’humour… Oui, parce qu’on nous prend la tête tous les jours à nous expliquer les gestes barrières, les normes sanitaires, etc. Au club, on fait attention à tout bien respecter, le gel, les masques, les distanciations. Et là on voit des centaines de personnes qui arrivent, qui s’en foutent de tout, et qu’on laisse faire. Il y a deux poids deux mesures. Si ça avait été une centaine de gamins qui faisaient la fête, ils auraient été vite délogés. Mais là les gens s’en fichent, ils laissent faire. Si on avait annoncé que c’était une rave-party, le problème aurait été réglé beaucoup plus rapidement.
Propos recueillis par Adrien Hémard