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Jacques Passy : « Si on va à la Gold Cup, c’est comme si Andorre se qualifiait pour l’Euro »

Propos recueillis par Jacques Besnard
Jacques Passy : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Si on va à la Gold Cup, c’est comme si Andorre se qualifiait pour l’Euro<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Jacques Passy, actuel sélectionneur de Saint-Christophe-et-Niévès, est un ancien ami de Johan Cruyff qui a fait grimper cette petite sélection de la 115e à la 77e place au classement FIFA en moins d’un an et demi. Entretien belle île en mer.

Après avoir foiré sa carrière dans L’Entraîneur ou Football Manager, viré lamentablement par Angers ou Raon-l’Étape, qui ne s’est jamais tapé un délire en prenant en main Saint-Marin, le Liechtenstein ou les îles Turques-et-Caïques ? Le Mexicain, Jacques Passy, a réalisé ce rêve en devenant sélectionneur de Saint-Christophe-et-Niévès. Ce petit pays des Antilles, composé de deux îles et plus connu pour les sprints de Kim Collins que pour son football, a troqué la culture de la canne à sucre pour le tourisme, l’exil fiscal et, apparemment, le football, puisque qu’il a l’occasion de se qualifier pour la première Gold Cup de son histoire. Pour cela, la bande à Passy devra terminer première d’un groupe comprenant la Guyane et Haïti (le match prévu ce mardi a été finalement annulé en raison de l’ouragan Matthew, ndlr). Rencontre avec le coach des Sugar Boyz qui est aussi directeur de l’institut Johan Cruyff à Mexico.


Salut Jacques, comment va ? Vous êtes actuellement en Guyane, c’est ça ?Enfin ! Le voyage a été très très long. Presque 48 heures. La Guyane et le Mexique, où j’habite, ne sont pas connectés par avion. J’ai donc pris un vol du Mexique jusqu’à Miami, puis un autre vers la Barbade, puis la Martinique pour finalement arriver en Guyane. C’était un voyage interminable.

Comment se retrouve-t-on sélectionneur de Saint-Christophe-et-Niévès ?Je participais à un congrès sur le football à la Barbade il y a plus d’un an et demi et j’ai rencontré à cette occasion le président de la Fédération de Saint-Christophe-et-Niévès. On a parlé pendant quinze minutes et il m’a proposé directement le poste de sélectionneur. J’ai accepté.

Comme ça, sur un coup de tête ?Oui. On a parlé quinze minutes et on a trouvé un accord… C’est incroyable, hein ?

Qu’est-ce qui t’a convaincu dans ce projet ?J’ai fait toute ma carrière au Mexique et je recherchais une opportunité internationale. C’est sûr que dans mon esprit, à la base, je ne pensais pas à Saint-Christophe-et-Niévès… Quand je suis arrivé, j’ai découvert un petit pays avec un potentiel immense, mais sans aucune organisation. Le niveau était très faible, mais le talent était là. Mon objectif, c’était d’apporter avec mon staff une approche professionnelle à cette équipe. Combiné au talent, j’étais persuadé que ça pouvait nous mener vers de très bons résultats. Maintenant, on est à la 77e place au classement de la FIFA.

La moitié de l’équipe est amateur. On a des gars qui bossent pour le gouvernement, certains à l’aéroport, d’autres dans des hôtels, dans le bâtiment, certains ont un business, on a de tout.

Vous devancez d’ailleurs la Chine et son milliard d’habitants. Il n’y a que 50 000 âmes à Saint-Christophe-et-Niévès. Combien de joueurs, selon vous, peuvent prétendre à la sélection ?Parmi les locaux, je dirais une cinquantaine. Après, il y a beaucoup de joueurs qui vivent en Angleterre. Même s’ils ne sont pas de Saint-Christophe, ils ont un père, une mère ou un de leurs grands-parents qui a la nationalité.

C’est compliqué de les convaincre de venir jouer pour Saint-Christophe-et-Niévès ?Ce n’est pas facile. Il y a des joueurs qui ne sont pas motivés. Mais ce que j’essaye de faire, c’est de leur montrer qu’on est très professionnel et qu’on progresse. C’est pour ça que je voyage en Europe le plus possible pour les rencontrer et leur faire comprendre que notre projet est ambitieux.

Vous avez des joueurs pros et amateurs, j’imagine. C’est compliqué de créer une équipe cohérente avec des joueurs de différents niveaux ?La moitié de l’équipe est amateur. On a des gars qui bossent pour le gouvernement, certains à l’aéroport, d’autres dans des hôtels, dans le bâtiment, certains ont un business, on a de tout. De même, j’ai des joueurs qui évoluent dans le championnat local, un au Mexique, Atiba Harris joue à Dallas en MLS et plusieurs en Europe. Il y a Harry Panayiotou prêté par Leicester à Raith Rovers en D2 écossaise, Romaine Sawyers est à Brentford FC en Championship. Ici, on essaye de créer une équipe unie, compacte et peu importe que tu sois né au Royaume-Uni ou dans les îles, peu importe que tu sois pro ou amateur, la seule chose qui importe c’est que tu représentes Saint-Christophe-et-Niévès.

Vous avez fait vos deux matchs amicaux en Europe contre Andorre (victoire 1-0) et l’Estonie (défaite 3-0). C’est vous qui les avez contactés ?On a appelé plusieurs fédérations et aucune ne savait qui on était… J’ai parlé à Koldo Álvarez, le coach d’Andorre, un super entraîneur, un super gars. Il m’a dit : « Ce serait un plaisir de jouer contre vous. » Après Andorre, une autre équipe nous a contactés, c’est l’Estonie.

Je suis le CEO d’un business. C’est ma façon de voir le football. Le coach doit être en charge de pratiquement tous les domaines. Pas seulement la tactique, mais aussi la logistique, l’analyse vidéo, l’analyse des performances, la relation mentale entre les joueurs… Tout.

Tu es directeur de l’institut Johan Cruyff à Mexico. Tu l’as connu ?C’était un très très bon ami. Il a eu une très grande influence sur ma vie. Sur tous les aspects. Avec Johan, j’ai beaucoup appris sur l’attitude des joueurs, comment regarder une situation, comment prendre la bonne décision, comment faire le bon choix. Je pourrais te dire que j’ai appris beaucoup au niveau footballistique auprès de lui, mais ce serait réduire ma relation avec Johan au football. Ce serait sous-évaluer les choses les plus importantes que j’ai pu apprendre avec lui. Il n’avait pas d’idée préconçue, il était intelligent, il était pragmatique, c’était un génie. Johan, c’était plus un coach de vie qu’un entraîneur de foot, selon moi.

En parlant d’entraîneur, c’est quoi le rôle du sélectionneur pour toi ?Je suis le CEO d’un business. C’est ma façon de voir le football. Le coach doit être en charge de pratiquement tous les domaines. Pas seulement la tactique, mais aussi la logistique, l’analyse vidéo, l’analyse des performances, la relation mentale entre les joueurs… Tout. Et donc, en tant que CEO, j’ai apporté beaucoup de soin à la sélection de mon staff, parce que quand tu as les bonnes informations, tu prends en général les bonnes décisions.

Quel est ton rêve ? Voir ton équipe se qualifier pour la Gold Cup ? La Coupe du monde ? Soyons fou…La Coupe du monde, c’est impossible. En football, le rêve c’est une chose. Mais être réaliste par rapport à ton objectif en est une autre. En ce moment, atteindre le troisième tour des qualifications pour la Gold Cup, c’est déjà beau. C’est le plus bel accomplissement qu’on a réussi pour l’instant. Aller à la Gold Cup, ce serait au-delà de nos rêves. Je vais te donner un exemple européen pour que tu comprennes bien. Si on va à la Gold Cup, c’est comme si Andorre se qualifiait pour l’Euro. Ou Saint-Marin. En ce moment, je pense que c’est impossible avec 3,5 places qualificatives en CONCACAF. Mais, s’il y avait six places, je pense qu’un jour on pourrait le faire.

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Propos recueillis par Jacques Besnard

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