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Jackson Martínez, l’autre buteur colombien
Jackson Martínez, c'est un nom, une gueule et des buts. Beaucoup de buts. Successeur de Radamel Falcao à la pointe de l'attaque du FC Porto, le Colombien explose tout sur son passage pour sa première année en Europe. De quoi inquiéter la défense de Málaga avant le huitième de finale retour de Ligue des champions.
« Les gens parlaient beaucoup à mon arrivée. Ils disaient que je n’allais jamais faire aussi bien que Falcao. Mais moi, en réalité, je n’y ai jamais vraiment fait attention. J’ai toujours travaillé pour atteindre mes objectifs et, grâce à Dieu, pour le moment, tout se passe bien. » Sale époque pour être un buteur colombien. Venir du pays de Shakira quand on est un goelador revient, irrémédiablement, à être comparé à Radamel Falcao. Un poids encore plus lourd à porter lorsque l’on signe au FC Porto. C’est pourtant là, dans l’ancien club du Tigre, que Jackson Martínez décide de poser ses longues cannes l’été dernier. Histoire de prouver que la Colombie ne se résume pas qu’au rugissement du meilleur numéro 9 du monde. Et force est de constater qu’il est en train de réussir son pari. Avec 23 buts en 22 matchs de championnat plus 3 en 7 rencontres de Ligue des champions, Martinez a même dépassé les stats de l’ancienne idole du Dragao. Radamel qui ?
Cha cha cha, Pablo Escobar et Corée du Sud
Jackson Martínez a donc choisi le Portugal pour éclater à la face de l’Europe. « Enfin » , sommes-nous tentés de dire car, à 26 piges, son explosion est tardive. Une longue attente qui s’explique, en partie, par le chemin atypique du bonhomme. Le buteur se révèle d’abord à l’Independiente de Medellín, le doyen des clubs colombiens. C’est dans le fief de Pablo Escobar qu’il claque ses premier pions (55 en 151 matchs au total) et qu’il gagne un surnom : « Cha cha cha » . Oui, comme la danse. « C’est le seul surnom que j’accepte, racontait-il en février dernier à Marca. Ça vient de mon père. Il était footballeur, mais il n’a jamais été professionnel. Il a laissé le foot de côté pour aller travailler au village et pouvoir m’élever. On le surnommait ainsi, car il adorait danser le cha cha cha. Aujourd’hui je sais que ça le rend fier quand on m’appelle comme ça. »
Goleador attitré de l’Independiente, Martínez est rapidement convoité par quelques pointures en Amérique Latine. River Plate tape notamment à sa porte. Le natif de Quibdó opte, à la surprise générale, pour… la Corée du Sud et l’Ulsan Hyundai. Une décision sportive étonnante qui aurait pu, si elle s’était confirmée, flinguer une carrière pourtant bien lancée. « J’ai signé un précontrat avec Ulsan, mais ils ont changé les conditions au dernier moment. Ils m’ont envoyé un contrat en coréen, je n’y comprenais rien. Quand ils me l’ont renvoyé en espagnol, tout ce que nous avions accordé était différent. Je me suis dit « C’est pas sérieux » et j’ai fait marche arrière. » Adieu Hyundai, bonjour Jaguar. Après sa tentative foirée en Corée, Martínez signe pour les Jaguares de Chiapas, au Mexique. Pas vraiment une grosse écurie. Fondé en 2002, le club des Felinos va pourtant donner une impulsion définitive à la carrière de l’attaquant. Au total, le Colombien plante 37 buts en 80 matchs au pays des tacos. Propre. Assez, en tout cas, pour attirer l’œil de quelques clubs européens.
Aile de pigeon, panenka et rap divin
Comme souvent lorsqu’une pépite brille à l’autre bout de la planète, le FC Porto se positionne et rafle la mise pour 9 millions d’euros. Un buteur colombien à Porto, il n’en fallait pas plus pour entrer dans le jeu des comparaisons avec vous savez qui. Un jeu dont, au fond, Martínez se fout. Lui est venu pour écrire sa propre histoire. La preuve : pour son premier match avec son nouveau club, il marque dans les arrêts de jeu contre l’Académica Coimbra et offre la Supercoupe aux Dragões. La love story peut commencer. Le Colombien empile les pions. Des buts de la tête, du gauche, du droit, des retournés, des panenkas et, même, un amour d’aile de pigeon contre le Sporting lors de la 6e journée de la Liga Sagres. La presse portugaise ne tarde pas à le surnommer « Jackshow Martínez » .
Jackson M (puisque c’est ainsi que son maillot est floqué) n’a pas le temps de s’adapter, et il le sait. Il aime marquer les esprits, même si, parfois, cela peut lui coûter cher. Comme lorsqu’il tente et foire une panenka contre Rio Ave, il y a quelques semaines. « The best penalty fail ever » , selon les spécialistes de Youtube. Une humiliation qui ne l’empêche pas de marquer deux buts lors de cette même rencontre (victoire 2-1) et d’être nommé meilleur joueur du mois de février au Portugal (après avoir été élu en octobre et en novembre). Histoire de mettre tout le monde d’accord.
« Cha cha cha » est aussi imprévisible dans la vie qu’en dehors des terrains. En 2010, il sort Gracias Dios, un rap dédié à Dieu dans lequel il remercie le Tout-Puissant pour toutes les bonnes choses qui lui arrivent dans la vie. En attendant de gagner un disque d’or, MJ devrait continuer de régaler la Colombie et le Dragão avec ses pions venus d’ailleurs. À moins qu’il ne décide de se tirer sous d’autres cieux l’été prochain. Des rumeurs l’envoient du côté du Barça et de l’Atlético de Madrid. Les Madrilènes préparent déjà l’après Falcao. Pas cons.
par Grégory Blasco