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Jack Rodwell, le chat noir des Black Cats
Arrivé à Sunderland à l’été 2014 en provenance de Manchester City, Jack Rodwell a, depuis, disputé trente-trois matchs de Premier League en tant que titulaire sous le maillot des Black Cats, sans jamais connaître la victoire. Voici l’histoire du plus grand loser de la Premier League.
Si Jack Rodwell était un Gunner d’Arsenal, il ne sortirait jamais de chez lui sans un flingue glissé dans sa chaussette. S’il jouait pour les Foxes de Leicester, il rentrerait chaque soir de l’entraînement avec un mulot ou des lombrics dans la gueule. Mais Jack Rodwell évolue à Sunderland, où les joueurs sont surnommés les Black Cats. Et devinez quoi ? En deux saisons, il est devenu le plus gros chat noir de l’histoire du championnat anglais. Sur les trente-trois rencontres de Premier League qu’il a disputées en tant que titulaire pour Sunderland depuis son arrivée en août 2014, le club a compilé quinze nuls pour dix-huit défaites. Si vous êtes à l’aise avec la soustraction, vous l’avez déjà : ça fait zéro victoire. Une statistique invraisemblable pour cet ex-immense espoir du foot anglais, milieu de terrain polyvalent, devenu, à vingt-cinq ans, le plus grand des serial loser.
International anglais à vingt ans, puceau à Sunderland
Brillant récupérateur doté de grosses qualités athlétiques, Jack Rodwell découvre la Premier League à dix-sept ans, avec Everton, et devient international anglais à vingt ans. En 2011, alors qu’il conclut en beauté sa quatrième saison à Everton, Rodwell est l’objet d’une passe d’armes entre Arsenal et Manchester United, qui souhaitent tous deux l’arracher aux Toffees contre une vingtaine de millions d’euros. C’est finalement Manchester City qui, un an plus tard, se l’offre pour dix-sept millions d’euros, pensant alors décrocher le jackpot. Mais Rodwell n’arrive pas à s’imposer et, après deux saisons décevantes, rejoint Sunderland le 5 août 2014. Le premier jour d’une nouvelle carrière qui, deux ans et demi plus tard, ressemble à une grande farce. Au vrai, Jack Rodwell est arrivé de Manchester City avec un statut intéressant. Tout le monde pensait qu’il allait devenir un moteur pour l’équipe, mais plus ça va, plus on a le sentiment qu’il régresse. Tous les supporters ont gardé en mémoire ce match perdu 2-0 à la maison, l’an dernier, face à Leicester, où Rodwell avait été vraiment catastrophique. Aujourd’hui, les fans préfèrent le voir sur le banc, et avoir des gars comme Lee Cattermole ou Didier Ndong sur le terrain. C’est dire.
Moyes n’a pas conjuré le sort, au contraire
Lors de sa première saison à Sunderland, Rodwell est titularisé à dix-sept reprises en championnat : aucun match gagné. Il ne goûte que trois fois à la victoire, à chaque fois en entrant dans les ultimes minutes de la rencontre. La saison suivante, il plafonne à neuf titularisations et continue de porter la guigne à son équipe, incapable de gagner le moindre match lorsque Rodwell figure dans le onze de départ. Des statistiques effrayantes, mais pas suffisamment pour dissuader David Moyes, arrivé cet été sur le banc des Black Cats et encore bercé par le souvenir de leurs douces années communes à Everton, d’en faire l’un de ses joueurs-clés. « Quand j’ai connu Jack à Everton, il avait l’étoffe d’un futur défenseur central ou milieu de terrain de l’équipe d’Angleterre, rapportait Moyes au Chronicle en août dernier, juste après avoir pris les rênes de l’équipe. Son échec à City lui a fait du mal, et il a eu beaucoup de pépins physiques qui l’ont handicapé. Mais je vais faire travailler Jack encore plus dur que les autres, car je sais de quoi il est capable. On va le remettre sur les bons rails. » Et Moyes a tenu promesse : il a fait travailler ce brave Jack, en le titularisant sept fois depuis le début de saison. Pour six défaites, un nul et un bonnet d’âne bien enfoncé sur la tête des Chats noirs de Sunderland, derniers du championnat avec deux malheureux points. Et un Jack Rodwell toujours marabouté.
Par la petite porte, le milieu de Sunderland sera au moins entré dans le livre des records du championnat anglais, puisque sa folle série de trente-trois titularisations sans victoire est la plus longue qu’ait jamais connue la Premier League. Avant lui, Darren Moore avait ramé pendant vingt-neuf matchs avant de connaître sa première victoire sous le maillot de Derby County, lors de la saison 2007/08. À son arrivée à Tottenham, la même année, Gareth Bale avait, lui, dû attendre son vingt-troisième match pour enfin gagner avec son nouveau club. Depuis, le Gallois a gagné deux Ligues des champions, illuminé un Euro et s’est fait recoller des oreilles qui poussaient à l’horizontale. Comme quoi, ces histoires de chat noir, c’est vraiment des conneries.
Par Albert Marie