Jack Grealish, un lion en devenir

ChelseaAston Villa

le 04/12/2019 à 20:30

Premier League

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« Lorsqu’il reçoit le ballon, le match s’arrête, et les gens attendent de voir ce qu’il va faire. Les défenseurs ont peur de l’attaquer et d’aller vers lui, ils attendent une passe astucieuse, un mouvement du corps. » Jamie Carragher décrit à la perfection ce qu’Andreas Pereira a vécu dimanche dernier lors du nul entre Manchester United et Aston Villa (2-2). On jouait alors la dixième minute de jeu, lorsque Jack Grealish a décidé de fixer le Brésilien, avant d’envoyer une frappe enveloppée somptueuse dans la lucarne de David de Gea. Quatre-vingts minutes plus tard, après un match de patron, le jeune Anglais a offert sa tunique à la mère de son entraîneur, Dean Smith. Une action à l’opposé même de l’image de bad boy que l’Angleterre lui colle sur le dos depuis ses débuts avec Villa en 2014. Mais en l’espace de cinq ans, le gosse de Birmingham a bien grandi. Tellement grandi qu’il a permis à son club de cœur de remonter parmi l’élite avant de devenir l’un des joueurs les plus décisifs et intouchables de Premier League. De quoi grimper et taper à la porte de Gareth Southgate en vue de l’Euro 2020.

Souvent à terre, mais toujours décisif

Le 10 août dernier, alors qu’Aston Villa s’inclinait sur la pelouse de Tottenham pour son retour parmi l’élite, les médias britanniques se moquaient pourtant allègrement du triste record détenu par Jack Grealish : celui d’avoir perdu son 19^e match consécutif en Premier League. Mais,

près de quatre mois plus tard, le numéro dix des Villans a fait taire son monde, portant en permanence son équipe et affichant des statistiques impressionnantes. Et ce, notamment depuis que Dean Smith l’a repositionné au poste d’ailier gauche, où sa vista et ses prises de balle font un carnage au cœur des défenses adverses. Après le match contre Newcastle le 25 novembre dernier, et alors même qu’il revenait de blessure, les progressions balle au pied de Grealish étaient les plus prolifiques de Premier League. Et pour cause, sur 260 percées, 17 avaient permis à ses coéquipiers de se créer une occasion.

Si ce classement a légèrement évolué après le match nul contre les Red Devils, les prestations du gosse de Solihull n’en sont pas pour autant moins impressionnantes. Car outre un taux de passes vers l’avant réussies bien au-dessus de la moyenne, Grealish ne se fait pas confisquer le cuir si facilement. En 2014, alors qu’il participait au troisième match de Premier League de sa jeune carrière, le jeune Jack provoquait trois fautes et trois cartons jaunes en l’espace de quinze petites minutes sur la pelouse de Villa Park. Aujourd’hui, avec une moyenne de 4,4 fautes subies par rencontre, il est de très loin le joueur de Premier League le plus souvent mis à terre par ses adversaires, corroborant une nouvelle fois les propos de Jamie Carragher. Surtout, en comptant son but fantastique contre Manchester United, le capitaine des Villans a été directement impliqué dans sept buts en Premier League (trois buts et quatre passes décisives), ce qui est mieux que n’importe quel autre milieu anglais.

Un futur royal

Longtemps tiraillé entre l’Irlande et l’Angleterre, Grealish a finalement annoncé en 2015 qu’il optait pour la sélection anglaise. Insuffisant malgré tout pour être appelé, quel que soit le sélectionneur en place. Rien de bien étonnant quand on sait qu’après cette annonce, Jack a vécu une relégation avec Villa et trois longues saisons en Championship. Mais depuis son retour en Premier League et des performances de haute volée, voilà que le nom de ce petit-fi

ls d’Irlandais refait régulièrement surface quand il s’agit d’évoquer la prochaine liste du sélectionneur anglais. D’ailleurs, après le match à Old Trafford le week-end dernier, nombreux étaient ceux à affirmer que Gareth Southgate ne pourrait se passer de lui lors du prochain rassemblement des Three Lions, en mars prochain. Mais ils sont également un certain nombre – Robbie Savage en tête – à exhorter Grealish de quitter rapidement Birmingham s’il souhaite se faire une place de choix en sélection. Un constat qu’a aussitôt réfuté Dean Smith en conférence de presse : « Je ne suis pas d’accord avec cela. Tyrone Mings fait partie de l’équipe d’Angleterre et pendant les trêves internationales, nous avons douze joueurs en déplacement. Il doit juste continuer à faire ce qu’il fait. »

Si l’entraîneur des Villans prêche pour sa paroisse dans l’espoir de faire taire les rumeurs d’un départ de son poulain cet hiver, tout en omettant de préciser que l’Angleterre connaît une pénurie au poste de défenseur central, sa réflexion n’est pas tout à fait stupide non plus quand on sait que Southgate ne s’arrête pas à ce genre de détails. En concurrence avec le meneur de jeu des Foxes James Maddison, ou les promesse de Chelsea (Mason Mount, Callum Hudson-Odoi et Ruben Loftus-Cheek), Grealish a quand même toutes ses chances d’être convoqué prochainement. Et pour cause, c’est bel et bien l’actuel sélectionneur des Three Lions qui l’avait appelé pour se dépuceler avec les espoirs anglais en avril 2016. Surtout, avec sa capacité à brouiller les pistes, libérer de l’espace, entraîner les joueurs adverses hors de position et déposer le ballon dans les espaces libres, Grealish peut apporter de nouvelles solutions offensives au sélectionneur anglais. Et à l’approche de l’Euro 2020, nul doute que Southgate y a déjà fortement songé.