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Jaba Kankava, le Roc de Tbilissi

Par Nicolas Jucha
4 minutes
Jaba Kankava, le Roc de Tbilissi

Débarqué avec le statut d'international géorgien et tout frais finaliste de la Ligue Europa sous les couleurs de Dnipro, Jaba Kankava est la recrue phare de l'été à Reims. Un coup mûri pendant deux ans par le président Jean-Pierre Caillot.

« Ma modestie va en souffrir, mais l’idée vient de moi, on m’a parlé de lui pour la première fois il y a deux ans. » Le président Jean-Pierre Caillot n’est pas peu fier d’avoir fait signer Jaba Kankava. Un recrutement « un peu irréaliste » pour le Stade de Reims, car au-delà d’une indemnité de transfert raisonnable, 1,5 million d’euros, c’est un joueur « avec un gros vécu » qui débarque en Ligue 1.

Depuis déjà deux ans dans le viseur de Reims

Kankava, c’est en effet plus de 50 sélections avec la Géorgie, de nombreux matchs de championnat ukrainien, et surtout une finale de Ligue Europa la saison passée contre le FC Séville. « On a regardé le match Géorgie-France des éliminatoires du Mondial 2014 (en septembre 2013, 0-0, Kankava capitaine, ndlr) et on a aussi suivi les matchs européens de Dnipro la saison passée, notamment celui à Saint-Étienne et la finale contre Séville » , se souvient le patron du Stade de Reims. Car déjà en 2013, le club champenois savait que « Krychowiak ne ferait pas toute sa carrière ici » . Pour remplacer le Polonais parti chercher la gloire et la Ligue Europa à Séville, la cellule de recrutement rémoise a pris son temps, quitte à sentir le vide laissé par l’ancien Bordelais la saison passée. Mais avec Kankava, Reims a mis la main sur une boule de muscles (80 kg pour 1,76m) rugueuse et dure sur l’homme. Avec sa dégaine de combattant MMA, le Géorgien a le profil de celui « qu’on préfère avoir dans son équipe plutôt qu’en face » sourit le président de Reims. « En tout cas, j’espère que c’est le sentiment qu’il donnera à nos adversaires cette saison. » Formé au Dinamo Tbilissi, qu’il a quitté avant de souffler ses 19 bougies, Kankava a pas mal bourlingué en Russie, à l’Alania Vladikavkaz, puis en Ukraine, à l’Arsenal Kiev. Avant de connaître sa consécration personnelle à Dnipro Dniepropetrovsk comme travailleur de l’ombre pour que les stars comme Yehven Konoplyanka puissent briller. « À la différence de Krychowiak, qui nous a rejoint en National et qui a grandi chez nous, Jaba, c’est lui qui doit nous aider à grandir » , assure Caillot. Mais pour que le Géorgien puisse donner sa pleine mesure, encore faudra-t-il qu’il s’intègre à la vie en France.

Birama Touré, première victime

« On a eu un précédent avec l’Israélien Atar, qui ne s’est jamais adapté. On manquait d’expérience en la matière et on va se servir de cette expérience malheureuse pour ne pas reproduire les mêmes erreurs. D’ailleurs, Jaba commence déjà à balbutier quelques mots en français, on veut qu’il apprenne vite. » Le joueur ne débarque pas totalement dans l’inconnu à Reims, où tout le monde connaît son exploit du 30 mars 2014, jour où il a sauvé la vie d’Oleg Gusev, joueur du Dinamo Kiev qui allait s’étouffer avec sa langue après avoir perdu connaissance. Alors que l’international ukrainien gisait inconscient, Kankava avait pris le risque de plonger ses doigts entre les mâchoires pour lui libérer les voies respiratoires. En échange de quelques phalanges croqués par le miraculé, Kankava fut honoré par la médaille de l’Ordre du mérite ukrainien, un épisode qui n’a pas influencé le recrutement rémois selon Caillot, mais qui a « confirmé que c’était un homme bien, ce qui nous a donc confortés » . Cédé par Dnipro pour services rendus, « je peux vous dire qu’au départ, ils espéraient récupérer plus qu’1,5 million d’euros » , Kankava ne passera pas forcément tous ses matchs de championnat à jouer les sauveteurs : pour sa première contre Nantes, Birama Touré a expérimenté la rudesse du Géorgien avec un tacle rugueux à la 40e minute, aussitôt sanctionné de la première biscotte de l’international en France. Pas forcément la dernière pour celui que la presse ukrainienne surnommait le Roc de Tbilissi en raison de son physique de lutteur. « Certains de nos joueurs l’appellent déjà comme ça » , s’amuse Jean-Pierre Caillot. Reste pour l’intéressé à confirmer sa solidité sur toute la saison.

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