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J-M. Abiven : « On s’en fout d’être télévisés »
Jean-Michel Abiven était colère en apprenant que le seizième de finale de Coupe de France entre son équipe de Plabennec et le LOSC était programmé un mercredi à 17h00. Un courroux que l'attaquant de 34 ans a tenu à partager sur le mur Facebook de la FFF, en y postant un message dénonciateur qui ne vivra que quelques minutes. Suffisant pour créer le buzz et faire fléchir la bande à Le Graët, qui a finalement déplacé la rencontre à 20h50.
C’est vous qui êtes à l’origine de cette opération de communication sur les réseaux sociaux ?Oui, mais de manière assez involontaire. J’ai simplement posté un message à titre personnel sur la page Facebook de la FFF pour exprimer ma colère, leur signifier mon désaccord avec leur manière de fonctionner et fustiger leur non-respect du monde amateur. Le message a été effacé quelques dizaines de minutes après que je l’ai posté, mais c’était trop tard, c’était parti. J’en suis à presque 8 000 likes et 300 messages de soutien. Ça s’est emballé super vite, de façon virale. L’idée n’était pas de faire pression sur qui que ce soit, je pensais écrire mon message et ne plus en entendre parler, que cela ne servirait à rien. Je voulais simplement me faire du bien et me défouler en écrivant ce message. C’est une initiative totalement personnelle, pas du tout réfléchie à l’avance. Il n’y a aucune stratégie derrière tout cela.
Outre l’horaire, vous vous plaigniez dans votre message que le match n’ait pas lieu à Plabennec…Jouer au stade Francis-Le Blé de Brest ne nous dérange pas, ce qui nous dérangeait, c’était d’y jouer à 17h00. Mettre 2 ou 3 000 personnes dans un stade de 15 000 places, bon… Le propos, c’était de dire : « Si vous nous faites jouer à 17h00, laissez-nous au moins jouer dans notre stade. » Dans notre stade qui compte 2 900 places, 2 000 spectateurs, cela aurait fait du bruit. Jouer à Brest en soirée, nous ne sommes pas contre. D’ailleurs, on ne va pas être loin de remplir le stade.
Jouer en dehors de votre stade représente malgré tout un désavantage ?C’est sûr que sportivement, on diminue nos chances. Mais en seizièmes de finale, il faut faire avec les exigences de la Fédération qui réclame des places pour ses sponsors. Et puis nous voulons aussi que nos familles, nos amis et les partenaires du club soient accueillis dans de bonnes conditions. Même si sportivement on y perd, il faut être raisonnable, on a des milliers de demandes de billet et Brest n’est qu’à dix minutes de Plabennec.
Vous avez déjà joué là-bas ?Ouais, je suis monté de National en Ligue 2 avec Brest.
Vous exercez quel métier en dehors du football ?J’ai une salle de soccer à Guipavas.
Jouer à 17h00 ne vous aurait donc pas posé de problème, d’un point de vue professionnel…
Non, parce que je suis gérant, même si quelqu’un doit me remplacer durant mon absence. Mais j’ai un coéquipier maçon qui aurait dû poser une journée, un coéquipier prof qui ne peut pas s’absenter comme ça, un autre qui est jardinier… Cela aurait posé des problèmes à tout le monde.
Toujours dans votre message sur Facebook, vous écriviez que la FFF, c’est « magouilles et compagnie » . Vous maintenez ces propos ?
Oui, même si c’était sous le coup de l’énervement. Maintenant, preuve est faite que sur ce coup-là, la fédé a écouté le monde amateur, il faut donc remercier M. Le Graët.
Vous sous-entendiez que Plabennec dérange ?Non, non, je ne crois pas à un complot ou quoi que ce soit. À aucun moment on a sous-entendu que les Lillois avaient fait quoi que ce soit pour qu’on se retrouve dans cette situation. On dénonçait simplement le manque de considération qu’avait la fédé envers un club amateur qui a la chance de disputer un seizième de finale de Coupe de France. Le bon sens l’a finalement emporté avec ce changement d’horaire.
Si le match était programmé à 17h00, c’était pour que vous soyez à la télévision…Bien sûr, mais cela ne nous intéresse pas de passer à la télé ! On s’en moque de la télévision, ce qui nous intéresse, c’est que les tribunes soient pleines avec nos familles, nos amis et nos sponsors qui nous suivent toute l’année ! Pour l’instant, le match n’est plus télévisé, même si des chaînes reviennent à la charge pour essayer de le déplacer à 21h00 le jeudi 24, mais nous, on s’en fout d’être télévisés. En plus, financièrement, c’est zéro, peanuts. Non seulement cela ne rapporte rien au club, mais en plus on peut imaginer que cela dissuadera des gens de venir au stade. Être télévisé, cela peut même nous desservir. Sauf si c’est à 21h00, un horaire où les gens se déplaceront de toutes les manières.
Comment se passe la préparation du match ?Depuis la qualification contre Reims (1-0), on est un peu dans l’euphorie, les sollicitations médiatiques, etc. À partir de ce soir, on va se calmer et préparer le match de championnat de ce week-end parce qu’on a un maintien à assurer en CFA (Plabennec est 8e, ndlr). Ensuite, on commencera à réfléchir à Lille.
Comment imaginez-vous cette rencontre ?wbr>Ce qui est sûr, c’est que cela va être très, très dur, parce que Lille, c’est le top français. Cela va être extrêmement compliqué, mais avec un peu de réussite, en comptant sur un match moyen de leur part et une performance de la nôtre, on ne sait jamais. La fameuse magie de la Coupe de France…
À 34 ans, vous vous apprêtez à disputer le plus gros match de votre carrière ?Il y a trois ans, on avait éliminé Nice en 32es et Nancy chez eux en 16es avant de se faire sortir par Auxerre la saison lors de laquelle ils se sont qualifiés pour la Champions League. C’était vraiment la classe au-dessus, à mon avis comparable au Lille qu’on rencontrera au prochain tour. Donc des matchs comme ça, j’en ai déjà joués.
Cet « esprit Coupe » qui habite Plabennec, on vous l’inculque à votre arrivée au club ?Oui, cela fait partie de l’histoire du club. On connaît tous les gros matchs de Plabennec. Les feuilles de matchs mythiques, comme celui face à Bordeaux dans les années 90, sont affichées à côté des vestiaires. Et puis financièrement, faire tous les trois ou quatre ans un beau parcours en Coupe, c’est important pour un club comme le nôtre.
Propos recueillis par Mathias Edwards