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J-F Martins : « Je suis un mec comme les autres, qui regarde l’Euro d’un œil au boulot »

Propos recueillis par Ugo Bocchi
6 minutes
J-F Martins : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Je suis un mec comme les autres, qui regarde l’Euro d’un œil au boulot<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

À l'époque seul conseiller MoDem de Paris, il avait fait parler de lui fin 2013 pour avoir rallié Anne Hidalgo (PS) dans la course à la mairie de Paris. Aujourd'hui, il refait parler de lui pour avoir regardé « d’un œil » Espagne - Tchéquie en pleine séance du conseil de Paris. Jean-François Martins est adjoint à la maire de Paris, chargé de toutes les questions relatives au sport et au tourisme, mais aussi un grand fan de foot.

Pour commencer, qu’est-ce qui s’est passé lors de ce conseil de Paris ?Rien d’exceptionnel. Nous étions en séance depuis le matin même, et tout en suivant les débats de ce début d’après-midi, je suis allé voir sur mon ordinateur comment se passait le match Espagne–Tchéquie. La droite a voulu en faire une polémique en me filmant et en balançant les images sur les réseaux sociaux.
C’est le parti des Républicains qui a partagé la fameuse vidéo, vous pensez qu’ils veulent vous faire payer votre ralliement à Anne Hidalgo ?Depuis le temps, j’espère pour eux qu’ils se sont faits à cette idée. Je crois surtout qu’ils cherchaient à faire diversion dans ce Conseil de leur absence de proposition et de l’absentéisme de leurs élus.

Vous dites que c’est pour vous tenir informé de l’Euro, que vous êtes chargé des sports, ce qui est audible, mais ce n’est pas un peu maladroit comme réponse ?On condamne une ministre du Travail qui ne connaîtrait pas le nombre de renouvellement de CDD, mais on laisserait un adjoint aux sports ne pas être au courant de ce qu’il se passe pendant l’Euro 2016, l’une des plus grandes manifestations sportives au monde dont il est en partie organisateur ? Honnêtement, même durant mes années de salarié dans le privé, il y avait déjà lors des grandes compétitions (Mondial, JO, Euro) une TV quelque part dans l’open space et qui permettait à tout le monde de travailler tout en jetant un œil sur les matchs de temps à autre. C’est ce que j’ai fait en séance : avoir les oreilles concentrées sur ce que disaient mes collègues en séance, mais garder un petit œil sur Espagne-Tchéquie. Réjouissons-nous finalement d’avoir un adjoint aux sports qui est vraiment passionné par la matière dont il a la charge.

Certains utilisateurs de Twitter vous ont pris à partie, pourquoi leur répondre ?C’est la règle du jeu. Si vous acceptez d’aller sur les réseaux sociaux et sur Twitter en particulier, c’est pour interagir avec les citoyens. Quand ils vous interpellent, autant que possible, il faut essayer de répondre et expliquer vos choix, vos actions ou vos décisions. Je voulais aussi montrer tout simplement que, tout adjoint que je sois, je suis un mec comme les autres, qui regarde des matchs de l’Euro d’un œil au boulot et qui répond quand on lui pose des questions.

Faut être lucide. Accueillir trois millions de supporters à Paris pendant un mois est exceptionnel. C’est un peu comme recevoir cinquante amis pour une fête chez soi : on sait qu’on aura du ménage à faire le lendemain.

Et vous regardez donc vos matchs sur beIn, pourquoi ?Espagne–Tchéquie était en exclu sur beIn, donc pas le choix sur ce match-là. Mais je suis abonné, c’est vrai, parce qu’ils ont notamment les droits de la Ligue des champions de handball, mon autre passion.
Vous aviez L’Équipe sur le bureau, titrant sur Griezmann et les inquiétudes autour de lui. Vous pensez vraiment qu’il y a du souci à se faire ? Pas plus qu’il y avait une inquiétude Zidane en 98. Rappelez-vous, il fait un match moyen en ouverture contre l’Afrique du Sud et prend même un rouge au deuxième match contre l’Arabie saoudite. Je préfère qu’il soit à fond le 10 juillet que le 10 juin.

Quel bilan peut-on tirer des premiers jours de l’Euro à Paris ? Que ce soit au niveau de l’organisation, mais aussi niveau sécurité.Nous sommes très heureux de ces premiers jours de compétition. Après six ans de préparation, nous pouvons constater que ce que nous avions imaginé pendant des mois pour accueillir au mieux les équipes et les supporters se déroule extrêmement bien. Malgré une dernière quinzaine avant l’Euro où se sont conjugués pluies, crues et mouvement sociaux, finalement, tout a été prêt dans de bonnes conditions et à temps. Pour nous, à Paris, le Parc des Princes a reçu son premier match avec succès, et les supporters turcs et croates ont mis une très belle ambiance dans un climat extrêmement sympathique. La fan zone, dont on a tant parlé, a reçu sur les cinq premiers jours plus de 250 000 visiteurs malgré une météo pas toujours clémente. Les dispositifs de sécurité, nombreux et contraignants, ont permis à tous les supporters d’entrer malgré tout avec beaucoup de fluidité, et avec la certitude de passer un moment serein, festif et convivial en toute sécurité. Le retour que nous font les supporters et médias étrangers est enthousiaste et honore la qualité d’accueil de notre ville. Comme par exemple : chaque soir, l’éclairage de la tour Eiffel qui est devenu un rendez-vous clef de la journée de l’Euro 2016 en France. On n’attend plus désormais que le soleil pour que tout se passe à merveille.

On a tout de même vu quelques Irlandais laisser la place Clichy dans un sale état. Qu’est-ce qu’on peut faire contre ça ?C’est évidemment regrettable que les Parisiens trouvent certains quartiers de leur ville comme cela après le passage de certains groupes de supporters. C’est pourquoi nous engageons le dialogue avec les fédérations de supporters des pays étrangers pour organiser leur présence et les inciter plutôt à se donner rendez-vous dans la fan zone et à respecter la ville qui les accueille. Pour nous, c’est aussi la mobilisation de notre groupe d’intervention des services de la propreté : « La Fonctionnelle » habitué de tous les grands événements (Marathon, Nuit Blanche, 14 juillet ou Tour de France). Quelques heures après le passage des supporters, la ville retrouve, grâce à eux, la propreté que nous attendons d’elle. Enfin, nous devons être lucides : accueillir trois millions de supporters chez nous à Paris pendant un mois est exceptionnel, c’est un peu comme recevoir cinquante amis pour une fête chez soi, on sait qu’on aura du ménage à faire le lendemain. Avec les événements qui se sont déroulés à Marseille, quelles leçons tire-t-on à Paris ? Est-ce qu’on a prévu certaines choses pour prévenir le hooliganisme ? Marseille nous rappelle que le hooliganisme est toujours une menace présente sur les grands événements de football, et que malheureusement, même une centaine d’abrutis peut gâcher la fête de 60 000 personnes qui étaient venues pacifiquement encourager leurs équipes. La priorité doit être la coopération entre les services de police des pays européens pour anticiper – et parfois empêcher – le déplacement des supporters violents. Ce sont désormais les dispositifs que nous avons à Paris régulièrement sur les matchs de Ligue des champions quand le PSG affronte des clubs dans lesquels existent encore des groupes de supporters violents, nous devons savoir précisément, grâce à la collaboration avec les polices étrangères et les clubs, quand ils arrivent, où ils arrivent et combien ils seront. À partir de là, nous les « chaperonnons » pour qu’ils soient toujours accompagnés et sous escorte policière de la gare ou de l’aéroport jusqu’aux stades, afin d’intervenir au moindre débordement.

Et pour finir, votre pronostic pour l’Euro ?La France évidemment. Et en outsider, la Croatie qui m’a vraiment impressionné contre la Turquie dans la possession et la facilité technique.

Dans cet article :
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