- Premier League
- J13
- Chelsea-Tottenham
Ivanović, le grand perdant
Avec Willian, Branislav Ivanović est la principale victime du nouveau système d’Antonio Conte. Alors qu’elle semblait pouvoir lui redonner une seconde jeunesse, la défense à trois précipite au contraire la chute du Serbe. Qui flanche petit à petit depuis quelques années.
Si vous avez suivi Boro-Chelsea le week-end dernier, vous l’avez peut-être remarqué. Mais si vous êtes passé à côté sur le coup, un de vos potes, lui, n’a pas manqué de le souligner. « Tiens, il est encore vivant, lui ? » , s’est-il interrogé, en observant Branislav Ivanović prendre la place de Victor Moses à la 89e minute de la rencontre, histoire de défendre le petit but d’avance des Blues. Une question aussi provocatrice que cohérente, quand on sait que le défenseur n’était plus apparu sous le maillot de Chelsea depuis presque un mois, lors d’un déplacement à Southampton durant lequel il avait remplacé… Victor Moses à la 87e minute de la rencontre, histoire de défendre les deux petits buts d’avance des Blues. Avant ces quelques secondes disputées, il faut remonter au 24 septembre pour retrouver Ivanović. Lors de la raclée reçue à Arsenal (3-0).
Le déclic Arsenal
Arsenal-Chelsea. LE match qui a servi de déclic à Antonio Conte pour enfin faire bouger les choses. Devant le spectacle immonde proposé par ses hommes, notamment ceux du secteur défensif, le technicien italien prend conscience de la réalité : pour avancer avec cette équipe, il va falloir repartir de zéro tactiquement parlant et procéder à des sacrifices. La deuxième mi-temps contre les Gunners, qui ont alors déjà inscrit leurs trois pions, est l’occasion de réaliser le premier test du 3-4-3. Depuis, ce schéma n’a pas bougé, Chelsea a gagné six fois en autant de matchs, est devenu leader et n’a pas encaissé le moindre but. Avec un Ivanović relégué sur le banc et entré seulement deux fois en fin de partie.
Avant Arsenal, le Serbe était pourtant considéré comme un titulaire indiscutable. Aligné d’entrée lors des six premières journées, Branislav était le propriétaire du couloir droit de l’équipe londonienne. Et pour cause : cadre incontesté du club – joueur le plus ancien de l’effectif après John Terry et Obi Mikel –, celui qui est arrivé en 2008 occupait le poste depuis l’année 2009. Avec 223 titularisations en sept saisons de Premier League (soit environ 32 par saison), force est de reconnaître que tous les entraîneurs qui se sont succédé sur le banc de Stamford Bridge ont placé une totale confiance dans la puissance du tank.
Une défense à trois pour lui ?
Oui mais voilà : les années passent, et l’organisme le ressent. Les jambes serbes, qui multipliaient autrefois les allers-retours le long de la ligne de touche, ont davantage de mal à répondre. Ainsi, les bonnes performances de l’international se sont faites de plus en plus rares ces deux dernières années. Même si les statistiques ne le montrent pas clairement, l’Ivanović de trente-deux ans est moins serein, moins offensif, moins décisif, moins réactif que celui de vingt-huit piges, et ne se distingue plus que par sa hargne (parfois maladroitement maîtrisée) et son goût du combat.
Dans ce contexte, impossible de l’imaginer dans le couloir droit d’une team évoluant en 3-4-3. Trop exigeant niveau efforts. Et au sein de la défense à trois ? L’éventualité est tentante, tant cette position semble être faite pour l’arrière central d’origine reconverti latéral droit. Cette perspective pourrait redonner un élan à une carrière qui en a désormais besoin. Sauf que pendant qu’il soignait sa blessure musculaire en octobre, Chelsea carburait (et carbure encore) avec un trio Cahill-Luiz-Azpi parfait. Même l’emblématique John Terry ne peut actuellement pas revendiquer une place.
La blague marseillaise
Dès lors, il n’en faut pas plus aux médias pour imaginer l’avenir de l’ancien du Lokomotiv Moscou, loin de l’Angleterre. Marseille, Barcelone, Milan… Autant de destinations possibles pour l’ex-gars sûr de José Mourinho. La réponse du principal intéressé ? Niet. Après sa phase de reprise en réserve, Monsieur veut continuer à Chelsea, s’adapter au nouveau système et récupérer une place dans le onze, comme il l’a sous-entendu dans le Daily Star : « Je suis sûr que l’entraîneur de Chelsea aura regardé mes matchs car, généralement, les entraîneurs suivent tous leurs joueurs. C’était très bien pour moi de revenir sur le terrain. J’ai besoin de jouer et j’espère à l’avenir que je serai prêt sur le plan physique pour l’équipe.(…)Nous pouvons définitivement lutter pour le titre. Nous sommes dans une bonne forme et nous jouons un football fantastique. Nous travaillons très dur et notre schéma tactique est quelque chose de positif. » Pourquoi pas, après tout ? On parle quand même de l’un des anciens meilleurs latéraux du monde.
Par Florian Cadu