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Ivan Sergeev, tonton flingueur de Samara

Par Alexandre Lazar
Ivan Sergeev, tonton flingueur de Samara

Jouer à la roulette russe avec lui équivaudrait à perdre à tous les coups. De nature peu exubérante, Ivan Sergeev est loin d'être aussi terrible que l'était son homonyme, premier tsar de la grande Russie. Pourtant, avec 40 pions en 38 matchs, Sergeev passe assurément pour une vraie terreur auprès des défenseurs et gardiens du temple en FNL, la D2 russe. Au point d'alimenter les plus folles rumeurs l'envoyant à bord de l'équipe nationale pour l'Euro 2020.

Nous l’avions laissé à 39 unités. Il a tenu à aller chercher le chiffre rond qui suit au terme d’un set, face à la réserve de Krasnodar samedi dernier (6-0). À 26 ans, Ivan Sergeev n’a jamais connu la RPL, l’élite du football russe. Mais l’avant-centre du Krylia Sovetov Samara va bientôt réparer cette petite anomalie, après une saison hors normes sur les bords de la Volga.

Ivan Le Carré

Il ne chevauche pas les ours, il n’exhibe pas ses abdos saillants sur les réseaux sociaux, il ne frappe pas les diplomates et il ne se filme pas en train de prendre du plaisir. Non, Ivan Sergeev c’est plutôt Lada-boulot-dodo, entre deux barbecues avec ses cousins. Et si son désormais ex-coéquipier et vétéran biélorusse Sergey Kornilenko (37 ans) lui a un peu volé la vedette en marquant le sixième but le jour de son jubilé, Ivan Sergeev a de quoi se consoler : il a planté (pratiquement) à chaque match.

Et pour en arriver là et se donner aujourd’hui une chance de rêver d’une autre dimension, le natif de Cherepovets n’a pas brûlé les étapes : Strogino Moscou, Riga FC, Tambov, Torpedo Moscou et donc Krylia Sovetov Samara. Une courte pige en Lettonie voisine et des aventures dans les divisions inférieures russes. Un parcours classique de joueur lambda qui fait son bonhomme de chemin sans un bruit. Pourtant, même s’il n’a jamais été sélectionné en catégories jeunes, Sergeev n’est pas un adepte du one-season wonder : techniquement, il est le meilleur buteur de chaque championnat auquel il a pris part depuis 2017-2018. La saison passée déjà, alors que la Covid-19 interrompait brusquement la FNL, Sergeev en était à 14 réalisations en 27 matchs. Total pâlot, il est vrai, par rapport à ses 40 actuels.

Très calme et mesuré dans les médias (même ceux du Krylia) malgré sa notoriété naissante, Ivan le silencieux a fait valoir sa technique, sa détente et son jeu de tête en dépit d’une taille relative (1m84), son sens du positionnement et ses petites pichenettes en un contre un. La véritable carte de visite d’un 9 complet. Pas avare d’efforts, auteurs de 5 triplés et de 4 doublés, Sergeev n’a également jamais été aussi bien entouré.

Au stade de la confirmation… et de l’aigle bicéphale ?

N’est pas Tom Hanks qui veut. Lomaev, Soldatenkov, Gorshkov, Vityugov, Sarveli, Zinkovskiy, Ezhov… une entité les rassemble : Chertanovo. Promue il y a deux saisons en FNL, troisième l’an passé, mais condamnée à la 21e place sur 22 après avoir laissé filer le gros de son dernier contingent générationnel, l’académie moscovite est l’usine à talents qui monte ces derniers temps. Une usine sur laquelle a choisi de miser le porte-drapeau de Samara depuis un an et sa dernière relégation en date, pour se reconstruire une identité offensive et séduisante.

Et encore mieux qu’une remontée et un titre de champion actés du haut de ses 98 points, le Krylia Sovetov s’est offert une parenthèse enchantée en Coupe de Russie, échouant à une marche de la phase de poules de la prochaine Ligue Europa après une finale dominée, mais perdue face au Lokomotiv Moscou (1-3). Mais ne pas ramener la Juventus ou Jean-Louis Leca à la Samara Arena permettra ainsi à Ivan Sergeev de ne pas se laisser griser aussi facilement par son record et les appels de phares des géants de la capitale : parmi les derniers goleadors de Football National League, aucun n’a réellement confirmé en première division, du fait de la différence de niveau. Preuve en est avec les deux noms les plus « sonores » , Yannick Boli et Kirill Panchenko : depuis ses 24 patates avec le Dynamo Moscou il y a un peu plus de quatre ans, Panchenko n’a par exemple plus dépassé les cinq buts et lustre le banc de l’Arsenal Tula. Après une bonne première saison et une pointe à 11 caramels, Boli s’est lui progressivement éteint avant de rallier la Chine puis la Thaïlande. Et que dire de l’ancien recordman de FNL, détrôné par Sergeev : Andrei Fedkov, alors au Terek Grozny (38 pions en 2004), a mis fin à sa carrière dans l’anonymat en 2008… dans la ville de naissance de son successeur.

Une chose est sûre, avec la surmédiatisation des statistiques et la digitalisation du monde, celui dont les qualités de sniper auraient très bien pu être utiles à Stalingrad en 1942 a bénéficié des acquis (ou fléaux, c’est selon) de son ère : et si Stanislav Cherchesov pensait à lui pour l’intégrer à la Sbornaya lors de l’Euro 2020 ? La presse y a songé, certains supporters aussi. Une belle histoire au bon souvenir de Cheryshev l’Espagnol, qui ne verra pas le jour tant « Moustache » , comme il est affectueusement surnommé, n’aime pas les Kinder Surprise. Mais si la Russie n’aura pas son profil Chimbonda-compatible en juin mais bien Anton Zabolotnyi en troisième lame, Sergeev ne peut désormais plus se cacher derrière un tube cathodique et sa neutralité suisse sera rudement mise à l’épreuve des projecteurs dans les prochains mois. Son ascension, si elle se matérialise, constituera une grande première pour un joueur russe tout droit venu du monde amateur.

« D’ici deux ans, le gardien de l’équipe première aura un casque »

Par Alexandre Lazar

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