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Iturbe, Vérone découvre « le nouveau Messi »
Il n’a que 20 ans, et il a pourtant déjà porté les maillots de River Plate et du FC Porto. Mais c’est cette saison, au Hellas Vérone, que Juan Manuel Iturbe est véritablement en train d’exploser. Focus sur l’un des joueurs qui pourrait bien animer la Serie A.
L’action d’hier, sur la pelouse de Bologne, a fait revenir en tête les actions d’illustres prédécesseurs. Iturbe est parti quasiment du milieu du terrain, a tracé ses adversaires en vitesse et en feintes, et a fusillé le portier adverse avec une lourde frappe du gauche. Dans la gestuelle, on aurait cru revoir le Alexis Sánchez d’Udine, ou le Muriel de Lecce. Mais celui-là n’est ni chilien ni colombien. Juan Iturbe est argentin et a posé ses valises cet été en Italie. La destination, elle, a surpris tout le monde : le Hellas Vérone, tout juste promu en Serie A. Mais ce choix semble pour le moment lui donner raison. L’équipe entraînée par Mandorlini est l’une des révélations de la Serie A et, après sa victoire hier sur la pelouse de Bologne, campe même à la cinquième place du classement. Iturbe, lui, a déjà marqué deux fois. Hier, face à Bologne, et la semaine précédente face à Livourne. 180 minutes de jeu à son actif, deux buts, bonne moyenne. Et surtout, un énorme potentiel qui ne demande qu’à être exploité.
Presque Gallipoli, presque Real Madrid
Ce qui est drôle, avec Iturbe, c’est qu’il a porté trois maillots différents en l’espace de trois mois. Le 23 juin, il porte les couleurs de River Plate, et marque lors du match face à San Martin de San Juan. Deux mois plus tard, le 26 août, il entre en jeu avec Porto, lors d’un Porto-Martitimo remporté 3-0. Enfin, le 22 septembre, il fait ses grands débuts avec le Hellas Vérone, en entrant en jeu à 20 minutes du terme sur la pelouse du Juventus Stadium. Un pestiféré dont personne ne veut et que l’on se refile de club en club ? Pas du tout. Au contraire, Iturbe est un prédestiné, que l’on a souvent annoncé comme le nouveau Messi. Il est petit (1m71), il court très vite, il a une conduite de balle très fluide, il adore les petits espaces et, de plus, il est argentin comme le quadruple Ballon d’or. Ou plutôt naturalisé argentin. En effet, à la base, Iturbe est paraguayen. Mais comme il est né à Buenos Aires, le joueur a fini par être naturalisé argentin. Cet imbroglio a causé des problèmes au niveau de ses sélections : Iturbe a porté le maillot du Paraguay avec les U17 et les U20, et a même été convoqué pour un match non officiel de l’équipe nationale première contre le Chili, en 2009. Puis l’Albiceleste a pris le relais et l’a convoqué pour le Mondial des moins de 20 ans en Colombie, ce qui a presque causé un incident diplomatique entre les deux fédérations.
Il faut dire qu’Iturbe avait tout pour représenter les couleurs du Paraguay. C’est là-bas qu’il a fait ses grands débuts footballistiques, avec les petits clubs d’Universal et Trinidense. Puis, en 2007, le joueur intègre les jeunes de Cerro Porteño, puis l’équipe première en 2009. Ses prestations tapent immédiatement dans l’œil de clubs européens, à tel point que le Real Madrid est proche de le faire signer lors de l’été 2010. Histoire un peu dingue, d’ailleurs, lors de cette même année 2010, Iturbe signe un précontrat avec le petit club italien de Gallipoli. Le président du club, Daniele d’Odorico, annonce même que la signature est actée. Mais quelques jours plus tard, le club fait faillite et le transfert est annulé. Un mal pour un bien pour Iturbe, qui reste donc à Cerro Porteño, et rencontre, quelques semaines plus tard, les émissaires du FC Porto. Nous sommes alors le 1er juillet 2011. Iturbe signe un contrat avec le club portiste, bien connu pour dénicher les meilleurs talents et les revendre à prix d’or. 4 millions d’euros investis pour ce gamin de 18 ans. Un joli pari.
Un prêt, un retour, un autre prêt
Mais à Porto, Iturbe va avoir du mal à s’imposer. L’attaquant débarque juste après la folle saison où Porto remporte l’Europa League avec la doublette Falcao-Hulk. L’équipe a été reprise en main par Vítor Pereira, et le nouveau coach doit reconstruire, notamment après le départ de sa star colombienne à l’Atlético Madrid. Mais il ne semble pas franchement intentionné à miser sur Iturbe, qui joue peu, se blesse, récupère un peu de temps de jeu avec Porto II. Bref, au bout d’une saison, le bilan est famélique : cinq matchs disputés avec Porto, aucun but, six rencontres avec la réserve, un pion. Loin, très loin, des attentes. D’autres jeunes de Porto frappent à la porte, comme Atsu ou Kelvin, et Iturbe sait qu’il peut faire partie d’une génération symbole du renouveau de l’équipe portiste. Mais le début de la saison 2012/13 est identique à la saison précédente. Iturbe ne joue pas, et en a ras-le-bol. Il demande à être prêté. Son souhait est exaucé au début de l’année 2013. Il rejoint River Plate, pour un prêt de 6 mois. Là-bas, il va enfin pouvoir exprimer son potentiel. Il joue tous les matchs et marque des buts, dont un but décisif inscrit contre Tigre (victoire 3-2, alors que River était mené 1-0 à cinq minutes de la fin).
À la fin de la saison, River tente de le retenir, mais Porto n’accepte pas. Le joueur rentre à la maison mère et cette fois-ci, c’est sûr, c’est la bonne. Vítor Pereira s’en est allé, et Paulo Fonseca est arrivé sur le banc. L’occasion rêvée pour Iturbe d’enfin s’imposer avec le maillot bleu et blanc. Et les matchs amicaux estivaux semblent confirmer la tendance. Iturbe inscrit un but magnifique lors d’un amical contre l’OM, puis fait ses débuts lors de la deuxième journée de Liga Sagres, contre Maritimo. Mais le 2 septembre, dernier jour du mercato, le coup inattendu. Iturbe est à nouveau prêté, cette fois-ci pour un an, au Hellas Vérone. Un choix fou, compte tenu de la liste des clubs qui auraient aimé s’attacher ses services. Il n’a pas mis bien longtemps à déjà conquérir ses nouveaux tifosi. Et son nouveau coach. « Il a des caractéristiques que nous n’avions pas dans l’effectif, il sait provoquer, dribbler, il a beaucoup de qualités » , affirmait-il, trois jours avant de lui offrir son baptême au Juventus Stadium. Désormais, Mandorlini en a fait un titulaire aux côtés de Luca Toni. Un joueur qui faisait ses débuts dans le football professionnel avec Modène lorsque Iturbe est né, en juin 1993. L’union des générations fait la force.
Par Eric Maggiori