- FA Cup
- Quarts
- Manchester United-Liverpool (4-3, a.p)
Amad Diallo, la nouvelle coqueluche de Manchester United
Ne cherchez plus : LE match du week-end, c’était cette victoire folle de Manchester United face à Liverpool (4-3) en quarts de finale de FA Cup. Une victoire rendue possible notamment par le jeune Ivoirien Amad Diallo. Annoncé sur le départ, il lui reste deux marches pour s’offrir un trophée en guise de cadeau d’adieu.
Dans la vie, il y a ceux qui battent Liverpool en FA Cup et ceux qui battent Liverpool en FA Cup avec le ventre vide. Devinez à quelle catégorie appartient Amad Diallo ? Bingo, à la seconde. Il y a quelques jours, l’expert en mercato Fabrizio Romano rapportait que l’attaquant ivoirien de 21 ans allait désactiver ses comptes sur les réseaux sociaux pendant le ramadan : « C’est un mois sacré pour moi, et on voit de mauvaises choses sur les réseaux pendant le jeûne », justifiait l’intéressé. De fait, voir passer une foultitude de vidéos de recettes et de malbouffe n’aide pas vraiment à rester concentré quand on se prive de nourriture et de boisson jusqu’au coucher du soleil. Mais cela n’empêche pas forcément non plus de s’offrir un exploit en qualifiant Manchester United à quelques secondes de la fin de la prolongation, après avoir tapé un sprint stratosphérique depuis sa surface, jusqu’à tromper Caoimhin Kelleher d’une frappe croisée au ras du sol en direction du petit filet opposé.
AN INCREDIBLE END TO ONE OF THE MOST INCREDIBLE DERBY GAMES YOU WILL HAVE EVER SEEN.
Step forward, Sir Amad Diallo ♥️@ManUtd have won it in extra-time with seconds to go!!!#EmiratesFACup pic.twitter.com/Avyx1vE857
— Emirates FA Cup (@EmiratesFACup) March 17, 2024
Submergé par l’émotion, Amad Diallo se rue vers la tribune la plus proche et retire son maillot pour présenter son numéro 16 à la foule en délire. Mal lui en a pris. Averti quelques minutes auparavant, il voit finalement rouge. Une expulsion sans conséquences, hamdoulillah. « Je regrette d’avoir été exclu, mais ce qui est important, c’est de gagner », a déclaré celui qui « jeûne pour Dieu » après la rencontre. « Battre Liverpool, c’est un très grand moment pour moi. » On ne saurait mieux dire : grâce à son but libérateur, Amad Diallo vient tout simplement de vivre le plus grand moment de sa saison, pour ne pas dire carrément de toute sa carrière professionnelle.
Changements de clubs et changement de nom
Né à Abidjan en 2002, Amad Diallo émigre en Italie avec sa famille à l’âge de 10 ans et fait ses classes footballistiques à Boca Barco, en Émilie-Romagne, puis à l’Atalanta. C’est d’ailleurs avec la Dea qu’il remporte son premier trophée, la Primavera, en 2019. De quoi lui permettre de franchir le cap de l’équipe première, qui lui offre sa première entrée en jeu le 27 octobre de la même année face à l’Udinese. Ce soir-là, Diallo devient le premier joueur né en 2002 à marquer un but sur une pelouse de Serie A (score final, 7-1). Au-delà du coup de vieux que cela a dû provoquer chez certains, l’Ivoirien ne transforme pas l’essai, se contentant de bouts de matchs jusqu’à ce que, deux ans plus tard, Manchester annonce avoir trouvé un accord pour le convaincre de traverser la Manche lors du mercato hivernal contre 40 millions d’euros. En changeant de club, Amad Diallo débarque aussi sous une nouvelle identité. Un an plus tôt, en 2020, il avait modifié son @ sur Instagram, tirant un trait sur son précédent patronyme : Amad Traoré. C’est en effet sous ce nom de famille qu’il était arrivé en Italie, jusqu’à ce que la justice de son deuxième pays le condamne à une amende de 48 000 euros, estimant que le gamin était entré sur le territoire transalpin dans le cadre d’un regroupement familial basé sur de faux papiers.
Manchester United ne fait pas de commentaire et envoie le néo Diallo continuer ses gammes avec les U23, avant de le prêter coup sur coup aux Glasgow Rangers, où il remporte la Coupe d’Écosse, puis à Sunderland, où il réalise une saison pleine. Rapatrié dans le Lancashire à l’aube de l’exercice 2023-2024, il croit son heure venue, mais se blesse lors de la tournée estivale. Coup dur pour celui qui espérait être de l’aventure CAN à domicile et a, depuis son retour fin décembre contre Nottingham Forest, renoué avec ses premières amours : des bouts de match et du cirage de banc, au point que du côté de Manchester, on est presque à 100% convaincu que son contrat, qui expire en 2025, ne sera pas renouvelé et que son avenir s’écrit peut-être déjà ailleurs. En attendant, même s’il n’a pas été champion d’Afrique, Amad Diallo a tout même réalisé un joli coup du marteau qui a laissé les Reds complètement groggy. Il lui reste désormais deux marches à franchir pour espérer remporter un trophée et, qui sait, trouver un point de chute où il pourra enfin montrer l’étendue de son talent plus de quelques minutes tous les trois mois.
Par Julien Duez