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Italie : l’heure du Gila
En l'absence de Mario Balotelli, déjà rentré en Italie à cause d'une blessure, les clefs de l'attaque italienne sont remises à Alberto Gilardino. Le « Gila » n'a plus été décisif en équipe nationale depuis 2009, et un match de qualification au Mondial 2010. Ça date.
Ce soir, l’attaquant de pointe de l’équipe d’Italie sera l’avant-centre du 13e de la dernière Serie A. Dit comme ça, il n’y a pas de quoi être très confiant. Mieux vaut, donc, voir la bouteille à moitié pleine. Alberto Gilardino, 31 ans la semaine prochaine, est aussi le 3e meilleur buteur de l’histoire de Serie A en activité, derrière Totti et Di Natale, et le 17e meilleur buteur de l’histoire de Serie A tout court, avec 159 pions, inscrits avec sept maillots différents. La preuve que l’attaquant sait marquer des buts, partout où il passe. Mais en équipe d’Italie, c’est une autre affaire. Gilardino vante 53 sélections en 18 buts, ce qui, en soi, n’est pas un mauvais ratio. Oui, sauf que sur ces 18 buts, 16 ont été inscrits entre 2004 et 2009. Depuis, c’est le désert. En quatre ans, le Gila n’a planté que deux buts avec la Nazionale. Et encore… Deux buts face aux îles Féroé (5-0) et Saint-Marin (4-0). Pas les plus redoutables adversaires. C’est pourtant à lui que Cesare Prandelli va accorder sa confiance ce soir, pour la demi-finale de la Coupe des confédérations, face à l’invincible Espagne. Un choix presque forcé, suite au forfait de Balotelli.
Pas de Balo, pas de Balo
L’Italie peut-elle faire le poids face à l’Espagne avec Gilardino en pointe ? C’est évidemment la question que se posent tous les supporters de la Nazionale, qui ont encore en travers de la gorge la défaite 4-0 en finale de l’Euro 2012 face à ces mêmes Espagnols. Un score que Prandelli tient tout de même à relativiser. « Moi, ce que je sais, c’est que j’ai affronté trois fois l’Espagne en étant à la tête de l’Italie : le bilan dit une victoire à Bari, un nul lors du match inaugural de l’Euro et une défaite en finale. Nous avons un grand respect pour l’Espagne, mais nous avons bien travaillé et avons les armes pour les mettre en difficulté » , a-t-il affirmé en conférence de presse. Évidemment, le forfait de Balotelli est une arme en moins, et Prandelli le sait. « Je suis déçu pour Mario, car il y tenait vraiment. Mais si nous perdons en force, nous pouvons, parallèlement, nous améliorer dans la qualité du jeu » , a-t-il précisé. Façon de dire qu’avec Balotelli sur la pelouse, la Nazionale ne joue pas de la même façon qu’avec un autre attaquant. Balotelli a plus le profil d’un Luca Toni de la grande époque, sur lequel les milieux de terrain peuvent soit balancer des longs ballons, soit chercher la profondeur.
Avec Gilardino, ce ne sera pas le même discours. S’il n’est pas Maradona, l’attaquant de Bologne est doté d’une bonne technique, qui lui permet souvent de décrocher pour venir chercher les ballons plus bas. Ce qui ne l’empêche de rôder en permanence dans la surface, en digne successeur d’Inzaghi, son ancien coéquipier à Milan. Avec Gila sur la pelouse, Prandelli va être obligé d’opérer des petites modifications tactiques. Car, faut-il le rappeler, le coach connaît parfaitement l’attaquant, pour l’avoir entraîné pendant deux saisons (de 2008 à 2010) à la Fiorentina, période au cours de laquelle Gilardino a planté 44 buts toutes compétitions confondues. Le sélectionneur se dirige donc vers un 3-4-2-1, avec deux joueurs en soutien de la pointe, vraisemblablement Montolivo (un autre de ses anciens poulains à Florence) et Candreva. Le milieu de terrain à 4 devrait pour sa part être composé de Maggio à droite, Pirlo et De Rossi au centre, et Giaccherini à gauche. Un système tactique résolument offensif, face à une équipe qui, c’est une certitude, ne fera aucune concession. On l’a bien vu en juillet dernier.
« L’Italie a Pirlo »
À l’heure actuelle, le gap entre l’Italie et l’Espagne semble colossal. Depuis le début de la compétition, les Italiens encaissent énormément de buts (8 en 3 matchs !), tandis que les Espagnols en marquent énormément (15 en 3 matchs, mais 10 contre Tahiti). Face au Japon et au Brésil, la Nazionale a montré des failles et des faiblesses inhabituelles. Prandelli n’a pas franchement apprécié et a demandé beaucoup plus de concentration à ses joueurs pour cette rencontre face à l’Espagne. Le 4-0 de Kiev brûle encore. Une victoire ce soir ne l’effacerait pas, mais permettrait de relever la tête et d’atteindre une nouvelle finale, un an après l’Euro. La Roja est plus forte, aucun doute là-dessus. L’Italie devra donc miser sur un collectif uni et sur les inventions de Pirlo, absent face au Brésil. Le milieu de terrain juventino est d’ailleurs le joueur le plus craint par Del Bosque, qui a affirmé que « l’Espagne est favorite » , mais que « l’Italie a Pirlo » . Réducteur, un peu, réaliste, beaucoup. Quant à Gilardino, il devra prouver ce soir qu’il est digne de la confiance que lui accorde le sélectionneur. « C’est un joueur fiable. Il sait marquer des buts s’il faut marquer » , a-t-il affirmé. Un exploit du Gila serait le bienvenu. Son dernier fait d’arme avec le maillot azzurro, un triplé face à Chypre lors des qualifications au Mondial 2010, semble sorti d’une autre époque. L’époque Lippi. L’époque où l’Italie n’avait pas peur de l’Espagne.
Eric Maggiori