Italie : la coupe aux lèvres

Où en est l’Italie avec le coronavirus ? Sur le plan sanitaire, la Botte s’est indéniablement stabilisée. Ce mercredi 10 juin, on comptait 71 décès supplémentaires (pour 79 la veille), ce qui portait le nombre de morts à 34 114 au total depuis le début de l’épidémie. L’Italie a aussi rouvert ses frontières le 3 juin et a annulé la quarantaine obligatoire des étrangers originaires de l’Union européenne. Les Italiens peuvent également circuler librement entre les différentes régions du pays. Les terrasses, cafés, commerces et musées ont rouvert, et seront suivis par les cinémas et lieux de spectacle le 15 juin, si tout va bien. Le pays n’a cependant pas encore tourné la page du coronavirus : le gouvernement italien, très critiqué pour sa gestion de la crise sanitaire, notamment à Bergame, épicentre de l’épidémie, va devoir s’expliquer. Le parquet de Bergame va ainsi entendre le chef du gouvernement Giuseppe Conte ce vendredi, avant d’auditionner Roberto Speranza et Luciana Lamorgese – respectivement ministres de la Santé et de l’Intérieur –, dans les jours ou semaines qui viennent.

À combien s’élèvent les pertes économiques des clubs italiens ? Difficile à dire. En cas de suspension du championnat, le président de la fédération italienne, Gabriele Gravina, assurait que les pertes des clubs de Serie A s’élèveraient à environ 700 millions d’euros. Un scénario pessimiste que n’a donc pas emprunté le football transalpin, puisque, outre la Coupe d’Italie, la Serie A reprendra officiellement le samedi 20 juin, avec Torino-Parme en guise de lever de rideau. Évidemment, la Serie A va tout de même grincer des dents sur le plan économique, puisque le championnat reprendra à huis clos, ce qui bousillera d’entrée l’intégralité des recettes billetterie. Du moins, si les stades restent vides pour l’entièreté de l’exercice en cours, ce qui n’est pas encore acquis.

Lors d’une assemblée générale de la Ligue début juin, le boss de la Juventus, Andrea Agnelli, aurait ainsi expliqué espérer que le gouvernement autorise en juillet une première ouverture partielle des stades. Dans le cas contraire, en cas de huis clos intégral et respecté de bout en bout, les pertes assignées à la billetterie sont estimées à quelque 100 millions d’euros par le cabinet d’audit KPMG. Les pertes engendrées par les revenus commerciaux (sponsoring d’entreprises, ventes de maillots et produits dérivés), étaient par ailleurs évaluées dans une fourchette comprise entre 100 et 150 millions d’euros par l’entreprise de conseil, en cas d’arrêt du championnat. La reprise de la Serie A devrait ainsi permettre de minorer les conséquences économiques envisagées au début de la crise sanitaire.

Où en sont la Juve et la Lazio ? Bianconeri et Laziali se livrent une guerre sans pitié pour le Scudetto. Les Juventini (63 points) ont pour l’instant une petite unité d’avance au classement, alors qu’un Juventus-Lazio se profile, le 20 juillet prochain. Le calendrier des deux équipes ne présente par ailleurs pas de difficultés insurmontables, d’un côté comme de l’autre : à 12 journées de la fin du championnat, la Juve a encore trois gros morceaux au programme, à savoir le Milan, l’Atalanta et la Roma. Même chose pour la Lazio, qui affrontera notamment l’Atalanta, Milan et le Napoli. Les deux clubs ont également une infirmerie presque vide : seul Merih Demiral est longuement blessé (rupture des ligaments croisés) dans le camp juventino, quand la Lazio déplore la perte plus éphémère de Senad Lulić (blessé à la cheville). La reprise des hostilités en championnat est enfin prévue lundi 22 juin, face à Bologne, côté piémontais, quand les Laziali s’attaqueront tout de suite à un gros client, l’Atalanta, le 24 juin prochain.

L’AC Milan va-t-il tomber encore plus bas ? Piteux 7^e de Serie A, le Diavolobouffe plus que jamais son pain noir cette saison, et Zlatan Ibrahimović, revenu en Lombardie au mercato d’hiver, n’a pas tardé à s’exaspérer du bordel ambiant. Selon la Gazzetta dello Sport, le Z aurait carbonisé sur place Ivan Gazidis, l’administrateur général de l’AC Milan, lors d’une réunion au centre d’entraînement lombard. Le dirigeant, rarement aperçu à Milanello ces deniers mois, a pour mission de restructurer le club rossonero, un job aux contours inquiétants, puisque le Milan est désormais entre les mains du fonds vautour Elliott. « Pourquoi êtes-vous parti aussi longtemps ? aurait ainsi asséné le Z à son dirigeant. Et pourquoi vous présentez-vous maintenant, quarante-huit heures avant le match ? Ce n’est plus le Milan que je connais, il y a trop d’incertitudes… Il n’y a pas de projet. Si je suis ici, c’est uniquement par passion.  »  Dur, mais juste.

Que se passe-il en bas du classement ? Et en Serie B, C et D ? Si la SPAL (18 points) et Brescia (16 points) sont bien partis pour revoir la Serie B la saison prochaine, Lecce (18^e, 25 points), le Genoa, la Sampdoria, le Torino et l’Udinese se suivent dans un intervalle de trois unités au classement, et devraient se bastonner pour ne pas intégrer le trio qui descendra en seconde division. À l’échelon inférieur, justement, le Benevento de Pippo Inzaghi est très bien parti pour retrouver l’élite la saison prochaine, alors que la D2 transalpine doit redémarrer le 17 juin. Les Stregoni ont 20 points d’avance sur Crotone, actuel second de Serie B, alors que les deux premiers du championnat sont assurés de monter à l’échelon supérieur, sans passer par les play-off. En Serie C, Monza, Vicenza et la Reggina sont promus en D2 italienne, à la suite de l’arrêt définitif du championnat, décidé par le conseil fédéral. Ce dernier a mis fin cette saison aux compétitions de football disputées à partir de la troisième division nationale. Une décision qui permet également à Palerme, rétrogradé en Serie C, puis en Serie D l’an dernier, de faire son retour en Serie C lors du prochain exercice.