S’abonner au mag

Italie : Grandeur et Décadanse

Par
Italie : Grandeur et Décadanse

Hasard ou coïncidence ? Au moment même où le Milan AC empoche son dix-huitième trophée international, on entend de nouveau causer de Luciano Moggi, l'ineffable directeur général de la Juventus de Turin entre 1994 et 2006. Comme si les plus grands succès du calcio italien devaient être suivis ou précédés par des troubles à répétition.

Samedi 15 décembre à Naples, l’audience préliminaire du procès au pénal du plus grand scandale du football transalpin, le fameux ‘Calciopoli’ (également dénommé ‘Moggipoli’), devait déterminer le sort réservé aux trente-sept personnes suspectées par la questure napolitaine, le renvoi en justice…ou non début février.

De son côté, déjà condamné par les instances sportives à une suspension de cinq ans, l’ex-DG juventino ne paraît toujours pas s’en laisser conter (1). Hier en Campanie, le pool de procureurs, responsable de ses premiers déboires, a révélé que Moggi « continuait d’exercer une influence certaine auprès de nombreux dirigeants et de certains clubs » comme Sienne et Messine. De nouvelles écoutes téléphoniques interceptées entre octobre 2006 et mars 2007 (alors qu’il était déjà suspendu) seraient en ce sens accablantes. Une nouvelle mise en examen comme association de malfaiteurs devrait intervenir…

A croire que le football italien, si salement amoché ces deux dernières années, obéit à une logique pendulaire qui le conduit des abysses à l’extatique dans le même mouvement. Pensez : depuis dix-huit mois, alors que la péninsule est en flammes, l’Italie a gagné sa quatrième coupe du monde et Fabio Cannavaro son premier Ballon d’or ; en 2007, le Milan AC a compilé la “Champions” en mai, la Super coupe d’Europe en août et la coupe du monde des clubs en décembre tandis que Kaka, le maître à jouer rossonero, raflait le Ballon d’or et que Filippo Inzaghi ravissait à Gerd Muller le record de buts inscrits en coupes d’Europe. Pas mal pour un pays souffreteux au bord du précipice.

Aujourd’hui à Tokyo (deux fois) comme à Istanbul (le même doublé) en mai ou à Monaco (une fois), SuperPippo aura voulu être à chaque fois décisif pour son…trente-quatrième été.

A y regarder de près, il y a comme une forme de logique (à défaut de morale) à ce que soit lui, et pas un autre, qui ait effacé Der Bomber des tablettes. Il a comme un lien de parenté avec Gerd Muller. Petit, râblé avec des cuisseaux de fort tonnage, l’avant-centre du Bayern ne marquait qu’à l’intérieur du rectangle, encore et toujours situé au bon endroit, effroyable à voir jouer mais inattaquable sur l’autel des statistiques.

Inzaghi ressemble davantage à un vautour dégingandé (il doit mesurer dix centimètres de plus et peser dix kilos de moins) qui menace de se crasher à tout moment sur l’herbe grasse et puis non…il tient debout voir un peu mieux que ça finalement. Même dans sa façon de traverser le Mondial 2006 (Lippi n’en fera qu’un quatrième choix), l’ex-Juventino saura se montrer efficace (un but, une passe décisive pour quelques bribes de matchs qui l’autorisent à se proclamer champion du monde). Toujours cette fixation freudienne pour le professionnalisme hawksien sans doute

Dans l’hospice lombard, Pippo perdra bientôt son capitaine de (presque) toujours. Après avoir été chercher trophée et breloque, Paolo Maldini l’a juré, craché à la face du monde civilisé, il ne fêtera pas ses 40 ans (le 26 juin prochain) sur un terrain de football. Sur les dix-huit trophées internationaux du Milan AC qui lui permettent aujourd’hui de dépasser Boca Juniors (17) et le Real Madrid (15), l’arrière gauche milanais en aura collectionné treize (2). C’est à se demander quelle mouche pouvait bien aiguillonner le Paolo pour durer et (per)durer encore…L’était même pas né dans une périphérie interlope de la capitale de l’Italian fashion pourtant. Voire…

Peut-être que se venger en un petit semestre des tourmenteurs de Liverpool (finale de la Champions en 2005) et de Boca Juniors (défaite lors de l’Intercontinentale de 2003) l’a définitivement rassasié mais c’est peu probable. Et puis cette coupe qu’on appelait encore Intercontinentale, il a commencé à la fréquenter il y a presque vingt ans. En 1989. Et puis l’année d’après aussi. A l’époque, elle représentait un Graal ultime pour tout le continent sud-américain. Hormis une cinquantaine de tireurs d’élite exilés sur le Vieux Continent, tous les meilleurs joueurs évoluaient au pays.

Même contre le Nacional de Medellin de René Higuita en 1989, le Milan de Sacchi et des Hollandais devait s’employer (1/0 a.p). Aujourd’hui, Boca Juniors n’a existé qu’une mi-temps contre une formation lombarde ultra expérimentée mais longue à se mettre en route.

Les grands clubs sud-américains ne connaissent plus les classes moyennes. Dans leurs rangs, on ne trouve que des jeunes pousses (remember le Santos de Diego et Robinho) et des vieilles lunes (Ibarra, Palermo, en attendant Riquelme). Le coup de tête de Palacio (qui devrait être le prochain à faire le grand saut transatlantique) répondait à celui de l’inévitable SuperPippo avant que l’inexorable se produise. Rien que du grand classique en 70 mm surround : Nesta à la suite d’un coup de pied arrêté, Kaka après un exploit personnel et qui-vous-savez sur un service du Brésilien Ballon d’or. Depuis que l’Europe agrège la quasi totalité des meilleurs joueurs du monde (à l’exception de quelques footballeurs asiatiques récalcitrants, bouddhistes ou mal informés), cette coupe du monde des clubs n’a guère de sens. Mais bon…elle permet au vainqueur de la Ligue des champions d’espérer à bon compte rajouter une ligne supplémentaire au palmarès international. Et chez ces gens-là, la postérité figure en bonne place au rayon des préoccupations.

Dans l’avion du retour, les Milanais pourront également toujours spéculer sur leurs trois matchs de retard en championnat, sur la quatrième place qui se trouve juste à dix points, qui permet d’accéder à la Champions et sur leur propension à briller en Europe les années impaires (2003, 2005, 2007) et sur les éventuels conseils à demander aux Madrilènes, brillants eux les années pairs (vainqueurs en 1998, 2000 et 2002). En Lombardie, tout le monde le sait désormais, la postérité ne saurait se satisfaire d’une année sur deux.

Ernestø Almeyda

(1) : il y a un mois, deux journalistes de So Foot en reportage en Italie ont pu apercevoir de visu les privilèges dont bénéficie Luciano Moggi quand il prend l’avion (de Naples à Turin par exemple) : tout d’abord, il est dispensé de formalités administratives, il monte ensuite le premier dans l’avion – sans prendre la même navette que le tiers-état bien sûr – avec son secrétaire particulier (qui fait également office de standardiste pour téléphone mobile) et son garde du corps, il choisit à bord une place où il est difficile de l’importuner (au premier rang contre le hublot) et une voiture ne manque pas de venir le prendre sur le tarmac même à l’arrivée dans le Piémont. « C’est l’ancien président de la Juve » prévient le steward. On ne prête qu’aux riches et aux DG…

(2) : Le plus impressionnant, c’est quand on y inclut les finales perdues au nombre de sept : 2 intercontinentales (1993, 94), 3 Ligue des champions (1993, 95 et 2005), 1 Euro (2000), 1 coupe du monde (1994). Ce mec a joué 20 finales internationales et il sera peut-être encore sur le pont en mai prochain !!!!!!!!!!!

Par

Articles en tendances
03
Revivez OM-PSG (0-3)
  • Ligue 1
  • J9
  • OM-PSG
Revivez OM-PSG (0-3)

Revivez OM-PSG (0-3)

Revivez OM-PSG (0-3)

Votre avis sur cet article

Les avis de nos lecteurs:

Dernières actus

11
Revivez Lille-Lyon (1-1)
Revivez Lille-Lyon (1-1)

Revivez Lille-Lyon (1-1)

Revivez Lille-Lyon (1-1)

Nos partenaires

  • Vietnam: le label d'H-BURNS, Phararon de Winter, 51 Black Super, Kakkmaddafakka...
  • #Trashtalk: les vrais coulisses de la NBA.
  • Maillots, équipement, lifestyle - Degaine.
  • Magazine trimestriel de Mode, Culture et Société pour les vrais parents sur les vrais enfants.
  • Pronostic Foot 100% Gratuits ! + de 100 Matchs analysés / semaine