- Espagne
- Liga
- Ce qu'il faut retenir de la 24e journée
Isco enchante, Barcelone déchante
En Espagne, les journées se suivent et ne se ressemblent pas. Alors qu'il avait l'occasion de tutoyer un Real Madrid emmené par un Isco fabuleux, le Barça s'est rétamé à domicile face à Málaga. Une mésaventure que n'a pas connue l'Atlético de Griezmann.
Le partidazo du week-end : Real Sociedad – FC Séville
– À l’heure de l’apéro dominical – ou de la messe, c’est selon –, Anoeta a vécu 90 minutes hautes en couleur. De l’aveu même du capitaine des lieux, Xabi Prieto, il s’agit « de notre plus belle rencontre depuis l’arrivée de Moyes » . Et pour cause, avec une victoire 4-3 et un scénario sans queue ni tête, les aficionados de la Real Sociedad sont passés par toutes les émotions. De la joie, pour commencer, et une ouverture du score précoce d’Agirretxe grâce au marquage burlesque d’Arribas. Un premier but sévillan de Kolodziejczak en guise d’égalisation, un penalty du capitaine local sur une faute de Trémoulinas et une déviation de la tête décisive de Bacca plus tard, les deux équipes se retrouvent dos à dos. S’ensuit une fin de match complètement folle. Après avoir provoqué un penalty comme un grand, Kevin Gameiro offre pour la première fois l’avantage au FC Séville. La dernière fois, puisque dans les dix dernières minutes, Arribas – toujours le même – s’offre un CSC gag avant que Xabi Prieto, dans le temps additionnel, ne crucifie la défense andalouse sur corner. Complètement dingue !
L’équipe du week-end : Atlético de Madrid
Surpris par le Celta Vigo il y a de ça une semaine, les Colchoneros ont fait mieux que de se reprendre dans leur antre. Forcément, la réception du modeste seizième de Liga n’avait rien d’insurmontable. Encore une fois, le Français et désormais chouchou du Vicente-Calderón a fait l’étalage de tous ses progrès entraperçus depuis la victoire d’avant Noël face à Bilbao. Double buteur en première mi-temps, il profite à fond de son entente avec son comparse offensif croate. Auteur de l’ouverture du score sur penalty, Mario Mandžukić a ensuite donné dans l’altruisme. En deux services, l’un à terre, l’autre aérien, il a permis au Bleu de faire gonfler ses statistiques. En 2015, Antoine Griezmann tourne à 11 buts en 9 matchs. Costaud. Bref, avec un 3-0 dans la besace à la pause, Diego Simeone a rapidement fait tourner son effectif. En l’espace de deux minutes, sa paire de buteurs s’est assise sur le banc avec de belles ovations dans les tympans. L’Atlético, lui, court toujours derrière le voisin merengue et a préparé de la meilleure des manières son huitième face au Bayer. Sans mal de tête.
Le Don Quichotte du week-end : Isco (Real Madrid)
Il ne reste plus qu’une minute de jeu et le stade Martinez Valero se lève comme un seul homme. Pourtant menés 2-0 par le Real Madrid, les supporters d’Elche rendent un hommage sincère et vibrant à Francisco Roman Alarcon Suárez, alias Isco, remplacé par Álvaro Arbeloa. Auteur d’une nouvelle symphonie, le minot de Málaga est le rayon de soleil d’un XI merengue toujours en convalescence, mais qui a retrouvé de son homogénéité. Pierre angulaire du milieu de terrain de Carlo Ancelotti, Isco a une nouvelle fois alterné entre gestes de grande classe et travail de marathonien. Au four, au moulin et à la passe décisive, il a été à l’origine des deux pions madrilènes. D’abord à la récupération sur l’action de l’ouverture du score de Benzema, il a distillé un centre sur mesure à Cristiano Ronaldo pour le but du break. Une partition de haut vol qui a fait dire à Iker Casillas en zone mixte que « nous sommes en train de parler de l’un des plus joueurs les plus importants que le football espagnol aura dans les années à venir » . En même temps, San Iker ne se mouille pas trop.
L’analyse définitive du week-end
Sans Mascherano, le navire catalan est bancal. Cette vérité du terrain, chaque entraîneur blaugrana l’a apprise à ses dépens depuis l’arrivée du Jefecito sur les bords de la Méditerranée en 2010. Indispensable de l’ombre, l’Argentin a été mis au repos ce samedi lors de la réception de Málaga. Et ce jusqu’à la 73e, alors que le FC Barcelone galérait comme rarement cette saison. Au final, son entrée d’un gros quart d’heure n’a pas changé la face d’un match perdu logiquement par le Barça. Sans idée, sans mouvement et sans grinta, la bande à Messi se retrouve de nouveau à quatre points du leader merengue. Un accident de parcours, un après-midi sans, tant les Blaugrana semblaient sur une pente ascendante ces dernières semaines. Dans le jeu souhaité par Luis Enrique, Javier Mascherano est un maillon plus qu’essentiel. Il est le premier à mettre impact et intensité dans l’équipe barcelonaise, et le dernier à terre. D’une constance rare, il est même aligné avec parcimonie en sentinelle par Lucho. C’était le cas face à Villarreal, et le Barça avait détruit les velléités de contre du sous-marin. Bref, sans Javier, la vie est moins facile.
La polémique de la machine à café con leche
Le Benito Villamarin n’est plus une enceinte de Première Division. Pour autant, elle a fait parler d’elle ce week-end. Les faits remontent pourtant au 8 février dernier et la réception de Ponferradina, mais n’ont été dénoncés par la Ligue qu’au début de cette semaine. Et pour cause, certains supporters misogynes ont répété un chant pas vraiment glorieux… Lors de ces deux rencontres, une partie du stade du Betis a fredonné le refrain suivant : « Allez Rubén Castro ! Allez Rubén Castro ! Ce n’était pas ta faute. C’est une pute, tu as bien fait » . Pour rappel, ces chants font suite au procès en cours contre ledit Rubén Castro, accusé de violences conjugales contre son ancienne épouse. On parle ainsi d’une peine pouvant aller jusqu’à deux ans d’emprisonnement. Bref, avec ces phrases d’une poésie douteuse, la Ligue de football professionnel a décidé de prendre le dossier en main. « C’est un chant franchement répugnant, et je ne crois pas que ceux qui l’ont chanté aient quelque chose à voir avec le Betis » , a pour sa part déclaré Juan Carlos Ollero, président du Betis.
Le golazo du week-end
Dimanche, Villarreal a eu toutes les peines du monde à se défaire d’Eibar. Cette victoire minimaliste porte encore une fois le sceau de Vietto. Entré une minute auparavant, le petit Argentin a profité d’un splendide enchaînement entre Moi Gómez et Giovani dos Santos. Son extérieur a ensuite transformé Irureta en Arconada. Une action géniale, une boulette : un pion deux en un.
La décla du week-end
« Perdre le derby est une douleur, une énorme déception, l’autre visage de la victoire. » Victor Fernandez, coach du Deportivo La Corogne, a eu du mal à avaler la défaite des siens lors du derby galicien. Défaits 2-0 au Riazor par le Celta, ses hommes n’ont pourtant pas démérité, se créant une multitude d’occasions franches. Ils ont aussi découpé du petit bois.
Et sinon, que pasa ?
– Ancelotti, cent contre un. Avec la rencontre face à Elche, Carlo Ancelotti a atteint la barre des 100 matchs à la tête du Real Madrid. Mieux, avec 78 victoires, il est l’entraîneur le plus victorieux du club. – Benzema, à l’instar de Messi et Ronaldo. Auteur de l’ouverture du score face à Elche, Karim Benzema a atteint les 19 buts cette saison. Si on y ajoute ses 11 passes décisives, il devient le seul joueur de Liga à atteindre la note de participation de 30. Aux côtés des deux cyborgs Messi et Ronaldo. – Sans Aduriz ni but. As usual, Aritz Aduriz a été le seul buteur de l’Athletic Bilbao face au Rayo Vallecano (1-0). Pis, sans sa présence sur le pré, les Leones n’ont pas fait trembler une seule fois les filets. Dépendance, quand tu nous tiens… – Lopo, mister tarjeta roja. La cote de son expulsion avant le derby galicien était la plus basse. Fidèle à ses habitudes, Lopo a donné dans le tacle assassin et a reçu son désormais traditionnel carton rouge. Son 14e en Liga, ce qui fait de lui le cinquième joueur le plus expulsé de l’histoire du championnat. – Mandžukić, mieux que Griezmann. Avec 20 pions toutes compétitions confondues cette saison, Mario la terreur est le meilleur buteur de l’Atlético de Madrid. Mieux, il est le meilleur artificier humain d’Espagne. Derrière les deux cyborgs Messi et Ronaldo. – Málaga, 42 ans plus tard. Cela faisait 42 ans qu’aucune équipe de Málaga n’était repartie de sa visite au Camp Nou sans la moindre banderille encaissée. Et encore, en 1972, c’était le CD Málaga qui avait gardé sa cage inviolée. – Piatti, le petit grandit. Pablo Piatti est enfin comme un poisson dans l’eau à Valence. Buteur providentiel face à Cordoue (victoire 2-1), il réalise par là même la meilleure saison de sa carrière chez les Chés avec 5 buts et autant de passes décisives. Petit deviendra grand.
⇒ Résultats et classement de Liga
Par Robin Delorme, à Madrid