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Isaac Lihadji et l’Olympique de Marseille, la fin de la belle histoire ?
Apparu deux fois en Ligue 1 cette saison avec l'Olympique de Marseille, Isaac Lihadji (17 ans) a depuis plusieurs semaines été mis à l'écart. La raison ? Son refus de signer son premier contrat professionnel avec l'OM. Et la situation ne devrait pas s'améliorer puisque les dirigeants olympiens ont annoncé l'arrêt des négociations. Définitivement ? Peut-être pas.
« On souhaite maintenant à Isaac Lihadji la même carrière que Bilal Boutobba. » Voilà ce qu’on peut lire sur tous les comptes Twitter des supporters marseillais depuis quelques jours. La raison ? L’arrêt des négociations entre l’OM et Isaac Lihadji au sujet du premier contrat professionnel de ce dernier qui pourrait alors rejoindre les rangs du LOSC, du Stade rennais ou d’un autre club européen. Une situation qui rappelle donc celle de Bilal Boutobba qui avait quitté Marseille avant d’y signer pro en 2016 pour rejoindre les rangs du FC Séville. Aujourd’hui, à 21 ans, Boutobba fait les beaux jours de l’équipe réserve de Montpellier. Pour comprendre la haine des supporters qui ne souhaitent donc pas un avenir doré à leur pépite de 17 ans, il faut jeter un coup d’œil à ce dossier qui est loin d’être clos. Avec comme principal protagoniste l’agent Moussa Sissoko – rien à voir avec le meilleur joueur de la finale de l’Euro 2016 – qui représente notamment Ousmane Dembélé et qui est donc habitué aux transferts rocambolesques.
Un problème de gros sous
Retour en juillet 2019. Arrivé à l’OM en 2014 après avoir été repéré par José Anigo, Isaac Lihadji tape dans l’œil d’André Villas-Boas, qui l’intègre dans le groupe pro pour la tournée estivale. La suite logique pour le gamin de 17 ans qui a éclaboussé toutes les catégories de jeunes. Pas emmerdé avec le ballon, Isaac Lihadji réalise quelques minutes prometteuses lors de cette tournée. Que ce soit contre DC United ou le Napoli. Le début des complications. Alors que les négociations entre l’OM et le clan Lihadji étaient sur la bonne voie – avec un salaire équivalent à celui reçu par Boubacar Kamara lors de sa signature professionnelle -, le joueur est revenu sur les termes du contrat en demandant de gonfler tous ces jolis chiffres dès le lendemain du match face au Napoli. La raison ? Isaac Lihadji est un attaquant et sa valeur marchande est donc supérieure à celle de Boubacara Kamara. Et donc son salaire devrait être supérieur.
Loin, bien loin du discours de l’agent Moussa Sissoko qui répète que ce n’est pas une question d’argent, mais de temps de jeu, mettant ainsi la faute sur Marseille. Une triple erreur. Premièrement car il n’a jamais été aussi facile pour un jeune du club d’obtenir des minutes que cette saison où l’effectif est limité. Deuxièmement, car l’OM n’a pas pour habitude d’offrir un contrat pro à un minot si c’est pour le vendre dans la foulée. Il n’y a qu’à voir le cas du jeune latéral gauche Niels Nkounkou (19 ans) qui est, lui aussi, surveillé par quelques clubs européens et à qui le club n’a toujours pas offert de contrat pro, n’étant pas convaincu par son apport. Enfin, les supporters de l’OM ont très vite pris la défense des dirigeants sur ce dossier en raison notamment de la bonne saison que sont en train d’effectuer les Olympiens. La donne aurait peut-être été différente en cas de 15e place à la trêve hivernale.
Souviens-toi l’été 2017
La question est la suivante : Isaac Lihadji a-t-il, au fond, envie de signer pro à l’OM ? Ressent-il un brûlant désir de subir la pression – et les critiques qui vont avec – parfois inévitable pour un gamin du coin dès lors qu’il porte le maillot de l’OM (coucou Maxime Lopez) ? Si le principal intéressé n’a jamais répondu à cette interrogation, son parcours prouve que son rêve n’a jamais été de découvrir le monde pro avec le club de sa ville, mais bien d’intégrer la Masia où il a fait deux essais en 2013. Cette même Masia que le gamin de Kallisté dans les quartiers nord de Marseille aurait même pu intégrer s’il ne s’était pas fracturé le tibia avec son club du FC Septèmes. Abandonné par tous les grands clubs européens, endeuillé par la mort du paternel, Isaac Lihadji rejoint alors l’OM, rare club avec l’OGC Nice à croire à son come-back. Et c’est José Anigo qui remporte le jackpot. Et ce n’est pas l’équipe de France U17, avec qui il a terminé troisième du dernier Mondial, qui niera le potentiel du joueur.
C’est une certitude : Isaac Lihadji a du talent plein les orteils. De quoi expliquer la discrétion de l’OM sur ce dossier épineux qui, malgré l’arrêt des négociations, ne perd pas espoir. Les dirigeants se rappellent probablement le cas Boubacar Kamara qui semblait alors loin de Marseille avant de signer son contrat au mois de juin quelques jours avant la fin de son contrat aspirant. Ce que fait l’OM est, au tennis, ce qu’on appelle renvoyer la balle dans le camp adverse. Mais la balle n’est pas un service de John Isner ou un revers long de ligne de Roger Federer. Non, c’est un passing tout mou de Gilles Simon que le clan d’Isaac Lihadji peut renvoyer très facilement dans le camp de l’OM. C’est en tout cas ce que semble dire André Villas-Boas en conférence de presse : « Notre offre ferme est retirée. S’il démontre un intérêt pour rester, on peut lui faire une autre proposition. Je ne veux pas mettre trop de pression sur un petit de 17 ans. Son passé est lié à l’OM, il va continuer, peut-être, dans un autre club. Mais on ne peut pas être otage de la situation. C’est vrai que c’est son futur qui est en jeu, il a la liberté de décider. Je ne sais pas si ça peut changer ou non, ça dépendra de lui et de son entourage. » Réponse au prochain épisode donc.
Par Steven Oliveira