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McKenna et Ipswish : faire du neuf avec des vœux

Par Mathis Rouanet

Contraint d’arrêter sa carrière de joueur avant même qu’elle n’ait débuté, Kieran McKenna a ensuite embrassé le rôle d’entraîneur. Avec succès, puisqu’il a ramené Ipswich Town en Premier League, où les Tractor Boys n’étaient plus apparu depuis 2002. De prime abord surprenante, sa trajectoire semblait pourtant toute tracée. Ou tractée, c’est selon.

McKenna et Ipswish : faire du neuf avec des vœux

« Je me souviens que Jimmy Neighbour et Mike Stone, mes entraîneurs dans les équipes de jeunes, m’ont dit, trois ou quatre mois après le début de ma première année, que je deviendrais manager. » Récemment, dans les colonnes du Guardian, Kieran McKenna évoquait le présage formulé par deux de ses formateurs à l’Academy de Tottenham. Comme tant d’autres qui l’ont côtoyé, ceux-là ont vite compris le destin qui attendait le Nord-Irlandais. Et ont vu juste. Samedi face à Liverpool, le coach va découvrir la Premier League avec Ipswich. Nommé sur le banc de ce club en décembre 2021, à 35 ans et 7 mois, il n’avait pourtant jamais encore été placé à la tête d’un groupe professionnel. Celui des Tractor Boys était d’ailleurs englué en troisième division. Depuis, McKenna est devenu le premier technicien à hisser une équipe de la League One à la Premier League à l’issue de ses deux premiers exercices complets en tant qu’entraîneur principal. Et s’il a, au printemps dernier, été cité avec insistance pour prendre les rênes de Manchester United ou Chelsea, c’est bien dans le Suffolk qu’il continuera sa progression, Ipswich Town prolongeant son contrat jusqu’en 2028.

Les bancs de l’université et les bancs de touche

À l’origine, son futur devait s’écrire sur le terrain. Logiquement, la prédiction de ses deux mentors chez les Spurs l’avait d’abord laissé de marbre. « Je ne comprenais pas ce qu’ils voulaient dire, je n’avais jamais vu ça en moi. En tant que joueur, on est tellement concentré, poursuit-il dans le média britannique. Ce n’est qu’au moment des blessures que j’y ai repensé. » Plombé par un souci chronique à la hanche, le milieu de terrain doit en effet dire stop en 2009, à 22 ans. Encouragé par ses autres coachs de l’époque (John McDermott, aujourd’hui directeur technique de la fédération anglaise, ou Alex Inglethorpe, désormais directeur du centre de formation de Liverpool), McKenna entame sa reconversion à l’université de Loughborough.

J’ai dit à d’autres joueurs qu’il irait en Premier League. Cela paraissait ridicule à l’époque, mais on sentait qu’il était trop bon pour ce niveau.

Rory Fallon

En plus de ses études en sciences du sport, il entraîne le club de l’école et montre d’emblée qu’il est fait pour ce job. « Le niveau d’informations qu’il donnait, je n’avais jamais vu ça auparavant, se remémore avec enthousiasme Rory Fallon, qui a évolué trois ans sous ses ordres au sein de l’établissement. Lorsqu’il dirigeait l’équipe B, nous avions battu la A en amical. Ses méthodes, dès son arrivée, étaient excellentes. »

Durant cet apprentissage, McKenna entraîne également les jeunes de Leicester, de Nottingham Forest et… des Vancouver Whitecaps. Ainsi, à l’été 2010, il épaule Rich Fagan, alors encadrant des U11 et U12 de la formation canadienne. « Il était passionné. Ce n’était pas nécessaire, mais il venait tous les jours avec un plan de séance. On aurait dit qu’il faisait ça depuis des années », dépeint l’actuel directeur technique de l’académie de la franchise de MLS. Dans la lignée des coachs à Tottenham, Rory Fallon a vite pressenti un avenir glorieux dans la zone technique : « J’ai dit à d’autres joueurs qu’il irait en Premier League. Cela paraissait ridicule à l’époque, mais on sentait qu’il était trop bon pour ce niveau. Il était ambitieux. »

Un poulain de José Mourinho

Au sortir de l’université, le Nord-Irlandais gravit les paliers, en passant des U18 de Tottenham à ceux de Manchester United. Repéré par Mourinho, il œuvre ensuite en tant qu’adjoint du Special One, de Solskjær, de Carrick et de Rangnick à MU, avant d’éclore à Ipswich. « Son évolution a été rapide, mais il y a toujours eu une progression par rapport à son dernier poste. Il était fait pour gravir les échelons », remarque Rich Fagan. En réalité, cette progression a aussi été planifiée de longue date par McKenna. En septembre 2023, à peine la saison de Championship commencée, le jeune technicien détaillait dans le Telegraph sa volonté de devenir entraîneur principal à… 35 ans, et d’exercer au plus vite en PL, puis en Ligue des champions.

Jusqu’ici, si le projet se déroule sans accroc, c’est parce que l’homme à la houppette semble se donner les moyens de ses ambitions. Héritée de son père mécanicien et de sa mère infirmière, partis de Londres pour se lancer dans l’hôtellerie au sud-ouest de l’Irlande du Nord, cette nature travailleuse et méticuleuse l’a accompagné tout au long de son parcours. « J’ai gardé des traces de toutes mes séances depuis l’époque où j’encadrais les jeunes à Tottenham », révélait-il par exemple au Telegraph. À la cantine du centre d’entraînement d’Ipswich, l’homme de 38 ans a également banni Sky Sports des écrans de TV. Sont désormais diffusées des images des matchs ou des vidéos des séances enregistrées par un drone. « C’est l’entraîneur le plus analytique et méthodique avec lequel j’ai travaillé, […]sa mémoire était fantastique, comme son sens du détail », résumait Ole Gunnar Solskjær à The Athletic. Chris Cushion, l’un de ses professeurs à l’université, se rappelle, avec le sourire, une anecdote de vestiaire : « Après un match, un joueur était en train de se doucher, et Kieran analysait ce qu’il venait de voir sur le terrain. »

Il y avait un petit quelque chose autour de lui. Une intensité, un désir qui le faisaient sortir du lot.

Chris Cushion, enseignant à Loughborough

Loughborough a connu d’autres étudiants de qualité, à l’instar d’Eric Ramsay (un temps à MU et maintenant en MLS) ou Matt Prestridge (adjoint de Chris Wilder à Sheffield United). Mais McKenna s’est toujours démarqué : « Il y avait un petit quelque chose autour de lui. Une intensité, un désir qui le faisaient sortir du lot », assure l’enseignant. Un tempérament bien accueilli par ses troupes, comme l’explique Rory Fallon. « Il a ce que tout le monde dit des meilleurs managers : une sorte d’aura. Ils ont un charisme et une capacité à comprendre les gens. Les joueurs l’aimaient bien. Il sait comment en tirer le meilleur, c’est ce qui le différencie des autres managers que j’ai vus », tranche celui qui dirige actuellement Wythenshawe Town FC en D8 anglaise.

Une équipe à son image

Au vu des résultats obtenus ces 32 derniers mois, les joueurs d’Ipswich l’apprécient aussi. Sa personnalité lui a même valu d’être comparé à Marcelo Bielsa par Leif Davis, ancien de Leeds arrivé dans le Suffolk à l’été 2022 : « Ils sont tous les deux exigeants à l’entraînement. Ils veulent vous faire travailler dur et vous faire progresser sans cesse, exposait à Sky Sports le latéral qui a fini meilleur passeur de Championship (18 offrandes) en 2023-2024. Dès le premier jour, il m’a dit qu’il m’aiderait à améliorer mon jeu, et c’est ce qu’il a fait. Je ne pensais pas avoir cette qualité dans le dernier tiers, ce n’était pas mon point fort. »

Plus largement, le natif de Londres a transformé les Tractor Boys en une équipe offensive (meilleure attaque de League One puis de Championship), agréable à regarder, mais surtout en un groupe à son image, capable de changer son destin en se tournant vers le banc de touche. La saison passée, les pensionnaires de Portman Road ont arraché plusieurs succès au bout du suspense, comme contre Southampton (3-2, 97e), Rotterham (4-3, 95e), ou Bristol City (3-2, 89e), tandis que les remplaçants ont inscrit 25% des buts en championnat (23/92). « Que ce soit ici ou dans un autre grand club, Il est destiné à de grandes choses », s’emportait le défenseur Harry Clarke, une fois le retour en PL entériné. Pour l’instant, les intuitions à propos de McKenna n’ont encore jamais été démenties.

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