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Khephren Thuram : « Je rêvais de faire comme mon frère »

Propos recueillis par Nicolas Jucha
Khephren Thuram : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Je rêvais de faire comme mon frère<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Il est le fils de Lilian, champion du monde 1998 et ancien recordman de sélections en équipe de France. Mais c’est en voyant son frère Marcus, qu’il rejoint désormais en Bleu, que Khephren Thuram est vraiment tombé amoureux du football. Rencontre.

Thuram… Ce n’est pas un nom anodin quand on est footballeur. À quel moment as-tu pris conscience de l’ampleur de la carrière de ton père ? Je ne sais pas si j’en ai vraiment pris conscience aujourd’hui. C’est mon père, on parle beaucoup de football, mais pas forcément tant que cela de sa carrière. C’est avant tout la personne qui me gronde quand je n’ai pas fait mes devoirs à l’école, celui qui me rappelait d’aller me brosser les dents avant d’aller dormir… Je le vois comme mon père, pas comme un champion du monde ou vainqueur de l’Euro.

Tu vas nous faire croire que ce n’est pas grâce à lui que tu es tombé dans le football ? Sincèrement, j’ai eu une enfance comme si mon père n’était pas footballeur pro. J’ai fait de l’escrime, du basket… J’ai toujours aimé le foot oui, mais quand j’étais petit, je pensais que l’on pouvait faire du football plus un autre métier. Footballeur et ingénieur, footballeur et astronaute. (Rires.) Cela me faisait rêver d’aller sur la Lune, dans l’espace. J’étais juste un enfant curieux et rêveur.

À Monaco, il y avait même quelqu’un pour vérifier qu’on était bien au lit. Maintenant, je dois gérer tout seul mon sommeil.

K.Thuram

Et du coup, à quel moment tu as vraiment voulu devenir footballeur pro ? C’est quand je suis arrivé à l’INF Clairefontaine, ou peut-être après un an là-bas, que je me suis dit que je ne voulais faire que du football. Mais je le répète : mon choix de carrière, finalement, c’est vraiment mon envie, pas le réflexe de suivre les pas de mon père. Encore aujourd’hui, je m’intéresse à d’autres sports, je regarde la NBA, ou plutôt des résumés le matin, je regarde aussi du foot américain, même si je ne comprends pas bien, j’aime ce qu’ils dégagent. Les célébrations des touchdown, c’est marrant.

Quelle a été la réaction de tes parents quand tu as annoncé vouloir être footballeur ? Bah, à vrai dire, pour eux, c’était l’école en priorité. Les études, cela devait passer avant le foot ! Même mon frère Marcus (de quatre ans son aîné, NDLR) me le disait : « D’abord l’école, le bac, et après… » Je ne pouvais pas arrêter les études avant le bac. Quand je suis entré au centre de formation à Monaco, mon père m’a dit : « Je n’ai pas envie d’entendre parler de toi à l’école. » En gros, cela voulait dire que je devais assurer à l’école, faire mes devoirs, ne pas être en retard, ni manquer de respect à quiconque. Et pour le foot, son discours, c’était : « Prends du plaisir. »

Tu as grandi en Italie, car ton père jouait à la Juve. Puis tu l’as suivi à Barcelone, où tu as fait tes premiers pas au foot. Tu en gardes des souvenirs ? Honnêtement, j’ai quelques souvenirs, des flashs, mais rien de plus. J’étais vraiment petit. Mes premiers vrais souvenirs de football, c’est à partir de Neuilly, puis l’AC Boulogne-Billancourt et Clairefontaine. À Neuilly, on ne gagnait pas souvent, mais on rigolait bien. Je faisais les gros tournois avec l’ACBB, je savais que j’allais un jour y jouer pour être à un plus haut niveau. Toute cette époque de formation, cela n’a été que du bonheur, je me faisais de nouveaux potes à chaque tournoi ou changement de club. C’était une période bénie, où tu joues au foot juste pour jouer au foot. C’était génial.

Pogba, Yaya Touré et Thiago Alcántara sont mes exemples à suivre.

K.Thuram

Entre le Khephren Thuram de cette époque et celui de maintenant, quelles sont les grandes différences ? Je suis devenu plus mature dans la vie, sur le terrain comme en dehors. C’est grâce à mes expériences, j’ai déjà connu un changement de club, de nouveaux partenaires. Cela aide à grandir plus vite. La saison 2020-2021 a été la première saison où j’ai vraiment pu avoir du temps de jeu en Ligue 1, où j’ai compris que si je travaillais bien, j’allais jouer à ce niveau. Cela m’a fait réfléchir sur mon métier. En plus à Nice, je vis seul, j’ai mon appartement. Et j’ai le permis aussi, cela veut dire que je rentre de l’entraînement par moi-même sans attendre un coéquipier ou en pouvant rester plus longtemps pour faire du travail en plus. Je suis simplement plus autonome, à Monaco je faisais quelques courses, mais ce n’était pas comparable à maintenant où je dois me gérer. À Monaco, j’avais la cafétéria, je me posais, je mangeais ce que l’on me donnait. Maintenant, je dois faire attention à ce que j’achète, ce que je mange. Au centre de formation, j’étais réglé sur l’école, on me disait quand me lever ou me coucher, il y avait même quelqu’un pour vérifier qu’on était bien au lit. Maintenant, je dois gérer tout seul mon sommeil, pour un sportif professionnel c’est important.

Cette bascule a été difficile ? Non, il faut savoir ce que l’on veut dans la vie. Aujourd’hui, ma journée type, c’est de me lever vers 7h50, je prends le petit-déjeuner au club, je m’entraîne, je déjeune également au club, et ensuite je rentre faire la sieste. C’est après que je prends le temps de faire ce que j’aime, regarder des mangas, des séries ou téléphoner à mon frère Marcus. J’ai plein de choses à faire. En général, j’essaie de ne pas me coucher trop tard, vers 23h.

Tu l’imaginais comme ça la vie de footballeur pro étant plus jeune ? Oui. Ce n’est pas avec mon père, mais plutôt avec mon frère que j’ai pris conscience de tout cela. Je l’ai vu évoluer, commencer dans le métier… Quand j’allais chez lui, je voyais tout ce qu’il faisait en dehors des matchs et des entraînements. Je rêvais de faire comme lui.

Ton premier match en professionnel, cela a été directement la Ligue des champions, le 28 novembre 2019 contre l’Atlético de Madrid… Pour ce premier match, je ne me suis pas dit : « Ça y est, je suis footballeur », mais c’était la première fois que je jouais dans un stade aussi grand, dans une compétition que tout le monde n’a pas la chance de jouer… Le coach, Thierry Henry, m’avait dit de ne pas avoir de pression, de prendre le maximum de plaisir avec mes amis. Il y avait Han-Noah Massengo et Benoît Badiashile, on avait fait notre formation ensemble et on traînait tout le temps ensemble. Je me suis surtout dit : « C’est incroyable, on a 17 ans, on est tous les trois sur le terrain face à Griezmann », et j’ai joué comme si j’étais en U17 ou U19. En réalité, pour un premier match pro, il ne faut pas se poser trop de questions, mais faire ce que l’on sait faire, des gestes simples pour se mettre en confiance.

Tu as quitté Monaco pour signer professionnel à Nice. Pourquoi ? J’avais le sentiment que le projet de Nice me convenait mieux, et donc que j’allais y progresser plus vite. Monaco m’a très bien formé, je parle encore à Monsieur Barilaro quand j’ai besoin de conseils, je lui voue une grande confiance. Ce n’est pas contre Monaco ce choix, mais plutôt pour moi. J’ai choisi ce qui, à mes yeux, allait m’être le plus bénéfique. On m’a expliqué que j’aurais du temps de jeu si je travaillais bien, que l’on m’avait beaucoup observé…

Arriver dans un groupe professionnel, c’est passer d’un vestiaire avec des gars de ton âge à un vestiaire avec des joueurs d’autres générations… Cela a commencé à Monaco, même si je ne partageais pas le vestiaire des pros, je m’entraînais avec eux. J’ai compris qu’il y avait certaines fortes personnalités, des leaders, et j’essayais de prendre exemple sur eux. En vivant dans le vestiaire des pros à Nice, j’ai encore fait plus attention à ces choses-là. Les leaders montrent la voie à suivre. À Monaco, j’ai été marqué par Radamel Falcao. Il est très humble et bienveillant. La première fois qu’il m’a adressé la parole, c’était pour me demander mon prénom, j’étais surpris, car tous les professionnels n’ont pas forcément le temps de s’intéresser aux jeunes. À Nice, forcément, c’est Dante. Je ne le connaissais que via la télévision ou la Playstation, mais quand j’ai vu l’intensité qu’il mettait à l’entraînement… Il a joué et gagné la Ligue des champions, fait la Coupe du monde, donc tout ce qu’il fait, je me dis qu’à mon âge, il faut que je fasse pareil. Il m’a donné beaucoup de conseils sur mon placement, l’orientation du jeu, et il m’a même beaucoup encouragé pour que je prenne de l’assurance.

Dans ces joueurs expérimentés que tu as déjà pu côtoyer, lequel t’a le plus impressionné dans ce travail invisible ? Probablement Falcao et Dante. La façon dont ils mangent pendant les mises au vert, c’est quelque chose. La première fois que j’ai vu quelqu’un manger des pâtes sans gluten, c’était Falcao. Dante, quand il mange une quiche, il ne mange que les légumes, il laisse de côté la pâte… Ce sont des détails que tout le monde ne voit pas, moi, cela m’interpelle.

Comment définirais-tu ton rôle sur le terrain aujourd’hui ? Je dois savoir équilibrer l’équipe, quand on attaque, avoir conscience qu’à un moment, il faudra défendre. J’ai aussi le devoir de faire jouer mes coéquipiers. Dans ce rôle, j’aime beaucoup Paul Pogba, mais il y en a d’autres. L’un des meilleurs milieux de terrain que j’ai vus, c’est Yaya Touré, et j’apprécie beaucoup Thiago Alcântara. Ces trois joueurs sont mes exemples à suivre. Quand je regarde un match, j’observe beaucoup comment les joueurs de mon poste se déplacent, comment ils reçoivent la balle, comment ils défendent… Quand une grosse équipe joue et que je n’ai pas match, je regarde. Je ne loupe aucun match du Borussia Mönchengladbach aussi, mais ça, c’est pour une autre raison !

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Propos recueillis par Nicolas Jucha

Entretien réalisé à Nice en 2021 et paru dans le numéro 68 de SO FOOT CLUB.

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