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Inter-Schalke, comme on se retrouve

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Inter-Schalke, comme on se retrouve

Ce soir, l'Inter Milan et Schalke 04 s'affrontent en quarts de finale de la Ligue des Champions. Les routes des deux clubs se sont déjà croisées. C'était en 1997.

Mai 1997. La C3 s’appelle encore Coupe de l’UEFA, et pour la dernière fois de son histoire, la finale se joue en deux manches. A cette époque, l’Inter a fait de la Coupe d’Europe son exutoire. Incapable de remporter le Scudetto depuis 1988-89, elle se rattrape sur l’UEFA, qu’elle décroche en 1991 et 1994. La campagne 1996-97 ne fait pas exception. Après un parcours parfait, où les Nerazzurri, entraînés par Roy Hodgson, éliminent successivement Boavista, Anderlecht et Monaco, c’est Schalke 04 qui se dresse face à eux en finale. Un club qui, à l’époque, sort un peu de nulle part. Son dernier titre en date remonte à 1972, une Coupe d’Allemagne. Pas de quoi casser trois pattes à un canard. Au cours des années 80, Schalke prend d’ailleurs l’habitude de faire l’ascenseur entre première et deuxième divisions et se fait plutôt connaître pour la messe célébrée par Jean-Paul II, en 1987, au Parkstadion. Puis, dans les années 90, la gestion de Rudi Assauer permet au club de Gelsenkirchen de revenir dans la cour des grands et, grâce à une troisième place au terme de la saison 1995-96, l’équipe fait son grand retour en Coupe d’Europe, après dix-neuf ans d’absence.

En 1997, Schalke atteint ainsi, sur la pointe des pieds, la finale de l’UEFA. Pas suffisant, néanmoins, pour que sa notoriété franchisse les Alpes. « Schalke ? A l’époque, on ne savait même pas qui c’était. Je savais que c’était en Allemagne, mais je ne connaissais pas le nom d’un seul joueur » , se souvient Nicola Berti, défenseur de l’Inter de 1988 à 1998. Sous-estimé, un peu snobé peut-être même, Schalke réussit à battre l’Inter 1-0 au match aller, dans un Parkstadion plein à craquer. Le seul buteur du match est belge et sa frappe de loin n’est alors pas une blague. « Nos deux attaquants, Youri Mulder et Martin Max, étaient blessés. J’avais donc pour mission de jouer devant. C’est un rôle que je connaissais bien, j’ai joué deux cent cinquante matches en Belgique dans ma carrière, et marqué cent buts. En sélection, j’ai vingt-huit buts pour septante sélections. Lors de cette finale, j’ai donc pris mes responsabilités avec cette frappe lointaine. D’ailleurs, j’ai fini meilleur buteur de Schalke en UEFA cette saison-là, avec six buts » raconte Marc Wilmots, qui dispute alors sa première saison en Allemagne. Oui, mais gagner une finale, en 1997, ça ne suffit pas. Il faut gagner aussi la seconde manche. Et ça, c’est une autre paire de manches.

Le retour, c’est à Giuseppe Meazza. L’antre de l’Inter. 83 000 tifosi attendent de pied ferme les joueurs de la Ruhr. L’anxiété monte, surtout chez les visiteurs. « Je partageais ma chambre avec le Tchèque Jiri Nemec. Avant le match, je voulais faire une sieste, mais n’arrivais pas à dormir. Et là, je vois Nemec, tranquille, en train de lire un livre. Je lui demande : “Mais comment tu fais pour ne pas être stressé ?” Il me répond : “Au pire, ce soir, on perd seulement une finale…” C’était dingue comment il arrivait à déconnecter. Cette phrase m’a marqué à vie » se remémore Wilmots. Pourtant, sur la pelouse, c’est l’Inter de Djorakeff, Ince et Zamorano qui fait la loi. La partie est âpre, disputée, crispée. Quand l’Hélicoptère chilien ouvre le score, à six minutes du terme, on se dit que ça y est, le mur allemand (sans référence aucune) est enfin tombé. Mais non. Les joueurs de Huub Stevens tiennent bon. Les vingt-deux acteurs sont claqués et on se dirige lentement mais sûrement vers une séance de tirs au but.

Nicola Berti, spécialiste désigné de l’exercice, entre alors en jeu à une minute du terme à la place d’un jeune Argentin, un certain Javier Zanetti. « Hodgson me fait entrer pour la séance de tirs au but, car il savait que j’avais plus d’expérience que Zanetti. Donc j’entre, je suis chaud et frais pour tirer. Je me place en quatrième sur la liste des tireurs. Et puis, tous mes coéquipiers foirent leur pénalty (en réalité, pas tous : Djorkaeff a inscrit le sien). Du coup, quand c’était mon tour de tirer, bah on avait déjà perdu » témoigne, plein d’autodérision, Berti. Schalke s’impose donc aux tirs au but et remporte ainsi son premier (et jusqu’ici, dernier) titre sur la scène européenne. On peut bien se coller une petite mine pour l’occasion. « Nous sommes allés au bout de nos forces. Moi, j’avais l’épaule pétée, j’ai tiré le dernier tir au but, j’ai marqué, on a gagné. Je peux te dire qu’après le match, tu avais quatre-cinq joueurs qui étaient hors-service. Dans le bus qui nous ramenait à l’aéroport de Milan, alcool aidant, j’ai chanté toutes les chansons possibles et inimaginables en allemand. Ma femme hallucinait, elle se demandait où j’allais chercher tout ça. C’était ma première année en Allemagne, je ne sais pas s’ils ont compris tout ce que je chantais » , explique Wilmots, qui a décuvé entre-temps. Conséquence : avec les gains engendrés par ce sacre, le club réussit à construire son propre stade, la Veltins Arena, au lieu de louer quatre millions par an le Parkstadion. « C’est grâce à nos campagnes européennes » souligne Wilmots.

L’année suivante, toujours en Coupe UEFA, les deux équipes se retrouvent en quarts de finale. Avec un Ronaldo en plus, l’Inter prend sa revanche et élimine son ancien bourreau, pour aller ensuite remporter la compétition. Quinze ans plus tard, les deux équipes ont acquis un nouveau statut. « Aujourd’hui, ce n’est plus du tout la même affaire. Schalke est devenu un grand d’Allemagne, et l’Inter s’est imposée comme une superpuissance, en remportant cinq Scudetti et en devenant Championne d’Europe et Championne du Monde » précise Berti. Mais depuis 1998, le contentieux entre les deux équipes est resté ouvert. Les délibérations commencent ce soir.

La finale retour de l’UEFA 1996-1997 et le pénalty vainqueur de Marc Wilmots :

Propos recueillis par Ali Farhat et Eric Maggiori

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