Inter/Man U : 0-0 et des Interrogations
Mourinho avait beau faire le fier en assurant que tomber sur Manchester constituait le meilleur des tirages, il savait que la tâche serait des plus ardues. Elle l'a été. Et l'Inter peut se réjouir de ce 0-0. MU moins, mais les Anglais continuent d'impressionner.
Sur le papier c’était l’affiche de ces huitièmes. Pourtant, on n’en attendait pas monts et merveilles. Cette année, Manchester United la joue à l’italienne : une cohorte de 1-0 escorte son parcours de champion. Quant à l’Inter, malgré, ou à cause du Special One, il est toujours aussi vilain. Presque effrayant. Alors, seul un exploit individuel d’un Ronaldo ou d’un Ibrahimovic semblait pouvoir donner du glamour à une affiche bien noire.
Jose Mourinho avait annoncé la couleur : « Ce sera un match fermé » . Et avait même souhaité qu’il en soit ainsi : « Nous le voulons serré et tactique » . A consulter le résultat, on peut dire que Jose a réussi son coup. Et celui qui n’a pas vu le match en déduira sans doute qu’il n’aurait de toute façon pas vu grand chose dans le trou des serrures à double-tours qui protégeaient les filets des deux camps.
Sauf que si l’Inter n’a pas cédé, il a plusieurs fois vacillé. Manchester entamait même la partie à sa main. Conservation du ballon sereine qui ne laissait pas de doute sur l’identité du boss de la soirée, MU bien sûr, facilité à verticaliser le jeu qui déroutait l’arrière-garde bleue et noire, et trois mises en danger de Julio Cesar par le seul Cri-cri Ronaldo : deux coups-francs et une tête puissamment cadrée sur corner.
Ce huitième de finale devait révéler le niveau réel de l’Inter, souvent gagnant en Serie A mais rarement convaincant, et faire tomber une sentence définitive sur l’apport de Mourinho au collectif nerazzurro. Après ce premier quart d’heure, et surtout au terme d’une première période où le triple champion d’Italie ne s’était créé aucune occas’, Giuseppe Meazza avait de quoi rester dubitatif.
En deuxième période, l’entrée de Cordoba à la place de l’inexpérimenté Rivas aidait l’Inter à faire reculer le bloc adverse. Zanetti and co s’appuyaient sur le physique d’Adriano et d’Ibrahimovic pour s’installer dans le camp mancunien, mais aucune occasion franche ne venait concrétiser la maîtrise italienne.
Mourinho avait annoncé qu’il voulait profiter de l’absence de Vidic pour pénétrer une défense anglaise quasi inviolable. Chou blanc ! Ibrahimovic, toujours aussi énigmatique lors des grands rendez-vous, n’a jamais pris le dessus sur Rio Ferdinand, ni sur le jeune Johnny Evans, tout juste revenu de blessure.
L’Inter n’a donc pas changé, toujours incapable de se sublimer en Coupe d’Europe. A un détail prêt, l’Inter ne s’est pas flingué son avenir dès le match aller. L’an passé, Liverpool avait emporté la première manche par 2 à 0. Et la saison précédente, Valence était venu marquer deux buts qui comptent double à Meazza, pour un score final de parité (2-2).
Ce score vierge de toute souillure face à Manchester, l’Inter en est avant tout redevable à Julio Cesar, devenu sans aucun doute l’un des meilleurs gardien d’Europe. Avec Porto et Chelsea, Mourinho avait mis en place une occupation scientifique de l’espace, qui laissait peu de place à l’adversaire, mais surtout, au doute. Visiblement, l’irrationnel société interiste n’est pas encore réconciliée avec la science. Et si les fonctions vitales de son corps semblent toujours intactes, le leader de la Serie A s’est peut-être flingué son avenir européen depuis longtemps : quand il termina deuxième de sa poule derrière le Panathinaikos et y gagna le droit de rencontrer Manchester.
Tony Gastolic
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