- Europa League
- Tour préliminaire
- Stjarnan/Inter Milan
Inter, l’Europe pour se relancer
Cela fait bien trois ans que l'Inter ne fait plus rêver grand monde, pas même ses tifosi. Ce soir, l'équipe nerazzurra fait ses débuts en Europa League (23h) sur la pelouse de Stjarnan, en Islande. Un passage obligatoire pour Mazzarri et ses ouailles, s'ils veulent retrouver leur aura de l'époque Mancini-Mourinho.
Le football est parfois un joli spectre de la vie. Un spectre qui vous montre à quel point tout peut basculer vite, à quel point tout peut changer en l’espace de quelques années. Il y a quatre ans, le 22 mai 2010, l’Inter dispute à Santiago Bernabéu la finale de Ligue des champions face au Bayern Munich. L’armada de Mourinho, qui compte dans ses rangs certains des meilleurs joueurs du monde (Eto’o, Sneijder, Milito, Cambiasso, Maicon, Júlio César…) s’impose 2-0 et soulève la coupe aux grandes oreilles. Apothéose. Rideau. Quatre années plus tard, 20 août 2014. Pendant que le Bayern Munich, le grand perdant de la finale 2010, a remporté depuis une C1 et des titres à la pelle, l’Inter, elle, joue le tour préliminaire de l’Europa League. Un déplacement sur la pelouse de l’actuel leader du championnat islandais, l’UMF Stjarnan. Une équipe qui compte dans ses rangs 24 joueurs islandais, 4 Danois et un Américain, peut-être coincé ici depuis l’éruption du volcan Eyjafjallajökull, et qui est surtout connue pour ses célébrations de but complètement folles. De Bernabéu au stade Samsung Völlurinn, c’est l’histoire de la chute du géant interista, qui a régné sur l’Italie pendant les années 2000, et qui peine à voir le bout du tunnel dans lequel il est engouffré depuis 2010.
15 millions d’euros pour cinq joueurs
À son arrivée à Milan, lors de l’été 2013, Walter Mazzarri s’était fixé, avec le président Moratti, un premier objectif simple : retrouver l’Europe au terme de la saison. De fait, la saison précédente, Andrea Stramaccioni (aujourd’hui sur le banc de l’Udinese) n’avait pas réussi à qualifier l’Inter pour l’Europe, une première depuis des années et des années. La première saison de Mazzarri sur le banc de l’Inter est loin d’avoir été enthousiasmante. Le coach a même été discuté à plusieurs reprises. Il se disait même que le nouveau président du club, Erick Thohir, arrivé fin 2013, voulait l’écarter pour mettre sur le banc quelqu’un de plus prestigieux. Et puis, finalement, ce bon vieux Walter a fait le dos rond, a engrangé les résultats, profitant aussi de la faiblesse de certains « historiques » comme le Milan AC, la Lazio et l’Udinese, et a réussi à terminer à la cinquième position, qualificative pour le tour préliminaire de l’Europa League. Objectif atteint.
Débute maintenant l’acte II. Mazzarri a eu un an pour roder son équipe. À partir de maintenant, plus rien ne lui sera pardonné. D’autant que le recrutement a été malin. On est encore loin des stars à 40 millions d’euros que l’on s’imaginait voir débarquer à Milan suite à l’arrivée du riche Thohir, mais au niveau du rapport qualité/prix, l’Inter a bien joué le coup. Sont arrivés à Appiano Gentile Gary Medel, excellent avec le Chili pendant le Mondial, Pablo Osvaldo, mais aussi Yann M’Vila, Dodô, et le désormais ex-Mancunien Nemanja Vidić. Coût total des transactions ? 15 millions d’euros. À peine une jambe de James Rodríguez. Alors, certes, il a fallu pallier les départs des Argentins du Triplete, Diego Milito, Esteban Cambiasso, Walter Samuel et Javier Zanetti. Mais cette Inter new look s’est renforcée dans tous les secteurs. Peut-être pas encore de quoi lutter avec la Juve et la Roma, mais de quoi venir enquiquiner un certain nombre d’équipes, ça, oui.
Validation du ticket européen
S’il n’a jamais été considéré comme un maître tacticien, Walter Mazzarri a en tout cas une qualité que personne ne lui retirera : celle de savoir motiver ses hommes. À quelques heures du match de son Inter en Islande, le coach met la pression en conférence de presse. La pression sur ses propres joueurs. « Si nous ressentons de la pression ? Il est clair que ce tour préliminaire, nous devons le passer. D’abord, parce que nous devons jouer l’Europe, et surtout parce que nous sommes l’Inter et que, avec ce nom que nous portons, nous sommes favoris » , a-t-il affirmé. Une façon pas franchement codée de dire à ses joueurs qu’il n’est pas question de perdre. Car Mazzarri le sait, d’autres, avant lui, se sont fait avoir par ce genre de matchs dits « faciles » . En 2011, par exemple, l’AS Roma de Luis Enrique s’était fait sortir au tour préliminaire de C3 par le Slovan Liberec. Le technicien ne veut évidemment pas envisager ce genre de scénario. Débuter la saison par la validation du ticket européen est essentiel, tant d’un point de vue économique que moral.
L’Inter a réalisé une préparation estivale relativement convaincante (victoires contre la Roma, nuls contre le Real Madrid et Manchester United, défaite contre l’Eintracht Francfort), et les tifosi veulent désormais voir ce que leur équipe a dans le ventre. Légende de l’Inter, Walter Zenga (que de Walter, décidément) juge que cette équipe a largement les moyens d’aller jouer la qualification en Ligue des champions. « Le Scudetto de l’Inter, c’est d’arriver en Champions. Parce que quand on termine cinquième, l’objectif, c’est de faire mieux. Parce que depuis janvier, de Hernanes à Medel, sept bons joueurs sont arrivés. Et peut-être un dernier arrivera encore » , a-t-il affirmé dans une interview à la Gazzetta dello Sport. Un dernier avant la reprise du championnat, dans dix jours, où l’Inter devra immédiatement se déplacer sur la pelouse du Torino, l’autre équipe italienne qui dispute les préliminaires de C3. Le début de l’an II, pour l’Inter de Mazzarri.
Éric Maggiori