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Inter : jusqu’ici, tout va bien
Personne ne s’attendait à des résultats aussi rapides de la part de Luciano Spalletti, arrivé cet été à l’Inter. L’ancien entraîneur de l’AS Roma a gardé l’ossature de l’équipe de la saison passée pour la rendre compétitive, même si l’absence sur la scène européenne joue forcément. Quoi qu’il en soit, les Nerazzurri semblent enfin voir le bout de leur phase de transition qui dure depuis bien quatre ans. Le jeu n’est pas fou, mais ça fonctionne. En tout cas, pour le moment...
« On prend les matchs les uns après les autres. » Cette phrase répétée par beaucoup d’entraîneurs en manque d’inspiration est tellement bateau qu’elle en est inutile. Pourtant, c’est bien ce qui caractérise l’Inter de Luciano Spalletti. Une équipe qui prend chaque match au sérieux. Une équipe qui joue chaque journée de championnat en sachant qu’elle a tout à prouver. Une équipe qui ne pense qu’à la partie qu’elle est en train de disputer. Bref, une équipe qui pointe à la deuxième place en Serie A, avec 33 points sur 39, à deux points du Napoli, et qui tient tête aux autres grosses écuries du championnat. Et l’entraîneur toscan est pour beaucoup dans ce changement de statut, alors que les Nerazzurri n’avaient même pas réussi à se qualifier pour la Ligue Europa la saison dernière.
Connu pour être un vrai tacticien, il a su apporter sa patte directement, à travers les recrues estivales, choisies minutieusement en fonction des besoins de l’équipe, tout en gardant la même ossature et en dosant les dépenses. Tout l’opposé du mercato des cousins de l’AC Milan, quoi. Résultats : Škriniar s’avère être un vrai roc en défense, Vecino court dans tous les sens au milieu de terrain, et Borja Valero s’occupe tant bien que mal du rôle de trequartista. Pour le moment, seuls Dalbert et Cancelo, destinés à évoluer d’un côté chacun, peinent à trouver leur place devant un Nagatomo qui se surpasse comme jamais, de peur de finir dans un petit club, et un D’Ambrosio qui travaille toujours plus dur pour garder sa casquette de titulaire.
Spalletti à la milanaise
Mais c’est quoi, alors, l’Inter façon Spalletti ? Sur le papier, c’est toujours le même 4-2-3-1 qu’utilisait Pioli la saison dernière, avec l’intouchable trident Perišić-Icardi-Candreva devant. Sauf que, sous le nouveau coach, la formation est bien moins figée une fois sur le terrain. Autrefois coincé dans son couloir gauche, Perišić est désormais libre de gambader à sa guise, davantage comme un soutien d’attaque, alors que Candreva a pour consigne de rester enfermé sur son aile droite. C’est là qu’on voit que Spalletti gère différemment les éléments à sa disposition, exploitant pleinement leurs capacités. À l’image de Salah qui sprintait d’une part et d’autre du terrain pour assurer un soutien en défense comme en attaque avec les Giallorossi, Perišić peut mieux exprimer sa technique, voyager à tout endroit pour filer un coup de pouce et apporter le danger de mille et une façons. Quant à Candreva, il travaille en collaboration avec D’Ambrosio, à base de « une-deux » et de centres en pagaille.
Le dernier match en date contre l’Atalanta (2-0) est d’ailleurs bien représentatif de l’excellente entente entre les deux Italiens : chacun un ballon envoyé sur le front d’Icardi et qui finit dans les filets. Même les chiffres attestent de l’efficacité du trio, avec cinq passes décisives pour Perišić, quatre pour Candreva et treize buts inscrits par le capitaine. Puis, quand ça ne tourne pas comme prévu, Spalletti peut compter sur l’inusable Eder, le joker par excellence, polyvalent et capable de relancer un match uniquement par la motivation qu’il apporte sur le terrain. Grâce à lui, les Milanais ont évité à deux reprises une première défaite. D’abord contre Bologne (1-1), où il offre le ballon égalisateur à Icardi, puis contre le Torino (1-1), où il marque carrément le but salvateur à dix minutes de la fin.
Pas d’atterrissage sans chute
Malgré tout, l’Inter reste l’Inter, dans le sens où souffrir semble faire partie de son ADN, même contre Benevento. Là aussi, l’équipe a déjà son match référence, cette année. Celui face à la Sampdoria, où les Milanais mènent 3-0 après même pas une heure de jeu et se font, ensuite, peur inutilement en concédant deux buts évitables avec un minimum de concentration. Du coup, Spalletti est forcé d’effectuer des changements pour éviter la catastrophe, car, à Milan, on sait bien que c’est l’Inter qui remonte au score sur la Samp’, pas l’inverse. Et ce sont les joueurs en manque de temps de jeu qui en pâtissent, coincés dans un cercle vicieux. Car, finalement, ce sont toujours les mêmes qui entrent en jeu et on a l’impression que l’entraîneur n’a que João Mario, Brozović et Eder à disposition, en plus de Santon qui est en train de faire son come-back. Cancelo, Dalbert et Karamoh n’ont profité que de quelques minutes par-ci, par-là.
Ça suffit ? Pas toujours, et ce n’est pas plus mal que l’Inter de Spalletti ne joue pas l’Europe cette saison, parce qu’elle n’est pas encore arrivée à maturité et ne serait certainement pas à cette place au classement. Elle souffre encore bien trop souvent au moindre pressing et peine à se montrer dangereuse dans le dernier geste, sans parler du milieu qui manque encore d’une bonne organisation pour tenir 90 minutes. Mais une des forces de ce groupe est qu’il connaît ses faiblesses, il sait quand ça risque de ne pas passer et reste prudent. Pour le moment, il n’y a que contre le Napoli que l’Inter ne faisait clairement pas le poids. C’est pour ça que l’entraîneur avait décidé de blinder la défense. Un point à la clé et c’est tout ce qui compte. Les Nerazzurri savent qu’ils vont finir par tomber, tôt ou tard, mais, jusque-là, ils prennent les matchs les uns après les autres. Et ça fonctionne.
Par Giuliano Depasquale