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Inter de Bilan

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Inter de Bilan

En moins de 10 ans, Massimo Moratti, le président de l'Inter, aura vendu Ronaldo, Roberto Carlos, Pirlo, Mutu et Seedorf. Ce qui ne l'a pas empêché d'accumuler une dette supérieure à 200 millions d'euros. Aujourd'hui pourtant les Interistes sont en passe de remporter leur troisième scudetto consécutif, malgré une réputation de losers éternels qui leur colle à la peau. Petit bilan sur ce qui est sans doute la plus belle catastrophe du foot continental.

Beaucoup sont ceux qui pensent que le Calcio est l’un des championnats les plus ennuyeux d’Europe. A vrai dire, il le serait sûrement si les Italiens n’avaient pas inventé l’Inter Milan, sans doute l’équipe la plus fascinante du continent. Et peut-être du monde.

Clairement, l’Inter n’a jamais vraiment su faire rêver les gens au rythme de ses exploits. Tout simplement car il n’y en a presque jamais eus, le mot épique n’ayant jamais fait partie du vocabulaire des Nerazzurri. Le grand malheur de l’Inter est de n’avoir jamais su dramatiser ses victoires pour les rendre belles.

Un mal profond né dans les années 60, avec un entraineur pourtant mythique : El “Mago” Helenio Herrera, l’inventeur du Catenaccio. Avec HH et le Ballon d’Or espagnol Luis Suarez, l’Inter écrivit en effet les plus belles pages de son histoire, faisant de la défense à outrance et des contre-attaques supersoniques ses marques de fabrique.

Un style de jeu tout en efficacité mais loin d’être flamboyant. Un peu comme aujourd’hui donc, mais le réalisme en moins. Il y a quarante ans, Hererra avait déjà établi un diagnostic aux allures de malédiction : « Si l’Inter ne joue pas un jeu offensif, c’est parce qu’il nous est impossible de le faire, et non pas car nous ne voulons pas le faire » .

Vouloir et pouvoir, ou la limite entre une bonne équipe et un grand club. Quoi qu’il en soit l’Inter de HH fut une source d’inspiration pour toutes les équipes transalpines, Milan AC et Juve inclus, mais également pour la Squadra Azzurra, ce qui n’est pas rien. Aujourd’hui les Interistes n’inspirent même plus le respect. Pas étonnant pour un club qui traîne la réputation d’être le plus grand loser de la Botte.

Cette saison l’Inter n’aura jamais aussi bien porté son nom avec rarement plus d’un Italien sur le terrain (Balotelli ou Materrazi au choix). Le club semble par ailleurs avoir trouvé une certaine stabilité avec sa tour de Babel toute Bosmanienne.

Il était temps, car depuis 20 ans le club a dépensé plus d’un milliard 250 millions pour s’attacher les services de près de 200 joueurs. Tous des bides ou presque. Ce qui explique peut-être que le club n’ait gagné en 17 ans qu’une seule coupe d’Europe (le dernier titre avant le Moggiopoli remontait à 1989), et encore pas la plus belle…La Coupe de l’Uefa.

Le capitaine du Titanic pourrait diriger l’équipe avec Pierre Richard à la pointe de l’attaque que les résultats ne seraient pas pires. Hogdson, Lippi, Zaccheroni, Lucescu, Cuper sont là pour en attester, ils s’y sont d’ailleurs tous cassé les dents.

Surnommée “la bien-aimée” par les supporters adverses, l’équipe présidée par Massimo Moratti est peut-être le seul club européen capable d’avoir usurpé un statut de “grand” du continent. Car il faut bien le dire, les Nerazzurri auraient pu inspirer à eux seuls une encyclopédie universelle de l’échec. En 10 tomes.

L’Inter c’est quelque part cette grosse femme qui n’arrête pas de se faire entendre dire qu’elle est « sympathique » . Combien de joueurs ont-ils déclaré être « honorés par la proposition de l’Inter » avant de filer à la Juve, le Milan Ac ou la Roma ? Des milliers.

La faute à un pouvoir de séduction quasi-nul, qui explique certainement les fortunes dépensées par Moratti pour attirer des joueurs souvent moyens. L’Inter a pourtant des atouts : le propriétaire du club, Massimo Moratti, est un millionnaire philanthrope, les tifosi sont fidèles, enthousiastes et habitués à la défaite ; le maillot est loin d’être l’un des plus dégueulasses du pays, et le club peut aussi se targuer d’être historiquement le seul à n’avoir jamais connu les affres de la Serie B. Et pourtant rien n’y fait…

A leur décharge ou à leur grand désespoir, les autres grands clubs italiens ne s’inquiètent pas vraiment de ce que peuvent faire les Nerazzurri. Jamais pris au sérieux, même quand il s’agit de magouiller, l’Inter n’a jamais été aussi astucieux que ses homologues rossoneri et bianconeri. A se demander même s’ils ne tendent pas un peu, beaucoup, passionnément le bâton.

Petit hit-parade du best of du pire nerazzurro :

1989-2007 : l’Inter gagne le scudetto, après moult années de disette. Les deux fois, la fête est ruinée par leurs ennemis milanais, qui soulèvent le trophée de la Ligue des Champions. Lors du défilé en autobus dans Milan, pour montrer le trophée à ses tifosi, Gattuso et Ambrosini n’hésiteront pas une seconde à montrer via une pancarte ce qu’ils pensent du titre de leurs voisins nerazzurri : « Vous savez où vous pouvez vous le mettre le scudetto? » Dans le cul, comme d’hab’.

1996 : Roberto Carlos, repéré par Luis Suarez, débarque à l’Inter. Il n’y joue pas. Le président Moratti le transfère au Real Madrid l’année suivante en se targuant d’avoir fait une bonne affaire : « Il n’avait aucun futur dans le football » . Pour le remplacer, l’Inter engage Centofani, Pistone, Gresko, Georgeatos et Macellari. Que du lourd donc.

Fin 1996 : Massimo Moratti, ce visionnaire, déclare : « Je sais que la Juve est intéressée par Zidane. Un bon joueur qui n’aura pas sa place chez nous » .

1998 : A trois journées de la fin, l’Inter affronte la Juve dans un match décisif pour le titre. Ronaldo est descendu dans la surface par Iuliano, sans que l’arbitre ne siffle penalty. Dix secondes plus tard, l’homme en noir n’hésitera pas en revanche à siffler penalty pour les Bianconeri. Putain de Moggi…

1999 : Sandro Mazzola, dirigeant du club, annonce qu’il vient de recruter « le successeur de Roberto Carlos…mais en mieux. » Il s’agit en fait de Gilberto, joueur de futsal de l’Alcantarilla Murcie, engagé pour 12 millions d’euros. Un putain de joueur qui n’aura porté le maillot des Interistes que pendant 21 minutes tout au long d’une saison.

1999 : Diego Simeone, l’une des stars de l’équipe, élu meilleur joueur de l’année par les tifosi interistes, est vendu à la Lazio. A la fin de saison, l’Inter termine dauphin du champion romain.

2001 : Pirlo est transféré à Milan, car selon son entraineur il faisait de l’ombre au Turc Emre.

2002 : Ronaldo quitte Milan pour le Real. Il est remplacé par Morfeo.

Fin 2002 : L’un des derniers matchs de la saison ; l’Inter affronte la Lazio à Rome, sous les encouragements du public de l’Olimpico qui ne veut pas que la Roma gagne le titre. Les Interistes mènent 2-0 et finissent par perdre le scudetto à la 86ème minute du match lorsque Simeone plante le troisième pion des Laziale. Comme d’habitude, cette année-là, c’est encore une fois la Juve qui l’emporte finalement.

2003 : L’Inter cède Adriano à Parme avec une option d’achat. Ils récupèrent l’Imperatore l’année suivant en payant le triple.

2006 : Pour fêter leur second titre, acquis sur le terrain cette fois-ci, Toldo et Materazzi se foutent sur la gueule, tandis que Cordoba déclenche un uppercut dans le menton d’Ibrahimovic lors de la fête du club. Bonne ambiance donc, surtout lorsque Zlatan apparaît en photo tout sourire avec Moggi, en déclarant à la presse qu’il se verrait bien aller au Milan…

Avec un tel tableau des horreurs, pas étonnant que l’Inter accepte en 2006 le titre sur tapis vert laissé par la Juve de Moggi. A l’époque ce geste peu fair-play avait fait jaser dans toute l’Italie. Ce ne fut certainement pas la décision la plus classe prise par Moratti, mais ce fut sans doute l’une des meilleures qu’il n’ait jamais prises.

Un dernier wagon du destin à ne pas rater sous peine de couler définitivement dans la médiocrité. Deux ans plus tard, les Nerazzurri sont en passe de gagner leur premier vrai scudetto à armes égales avec leurs éternels adversaires : Roma, Juve et Milan.

L’Inter est peut-être moins sympathique depuis qu’il gagne, mais pour les Italiens, l’Inter sera toujours aussi fascinant : un club qui a donné naissance au catenaccio, qui avait dans ses rangs le premier arrière latéral offensif, Facchetti, et dont l’un des joueurs emblématiques, Materazzi, a donné à lui tout seul une coupe du monde à l’Italie, mérite bien un peu de reconnaissance.

Par Javier Prieto Santos

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