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Inter : certifiée label Conte
Défaite 2-1 par le Barça ce mercredi soir, l'Inter, auteure d'une première mi-temps exemplaire au Camp Nou, a ensuite sombré, torpillée par les individualités supérieures des Catalans. Mais l'essentiel est sans doute ailleurs pour les Nerazzurri, qui continuent de démontrer que les enseignements d'Antonio Conte commencent déjà à porter leurs fruits.
Il s’agit d’abord de souligner le contraste. Qu’est-ce que l’Inter, défaite par le Barça 2-0 le 24 octobre dernier, était allée faire au Camp Nou lors de la C1 cuvée 2018-2019 ? Rien. Et quasiment un an plus tard, ce mercredi ? Une mi-temps, déjà. Et pas n’importe laquelle. Pendant 45 minutes, le Barça, étouffé, n’a rien créé ou presque, quand les Lombards auraient pu mener 2-0 à la pause, si Ter Stegen n’avait pas sorti une parade monstrueuse sur une tête de Lautaro Martinez. Et alors quoi ? Alors, l’Inter ressemble enfin à quelque chose, et ça, c’est à Antonio Conte qu’elle le doit.
La reconquête du style
Voilà qui est déjà beaucoup pour un club en manque cruel d’identité stylistique sous le mandat du prédécesseur de Conte, Luciano Spalletti. Sous les ordres de ce dernier, les Nerazzurri s’étaient surtout contentés de retrouver une défense à la hauteur de leur standing, leurs insuffisances collectives étant périodiquement masquées par les exploits de Mauro Icardi devant et ceux de Samir Handanovič derrière. L’Inter restait cependant cette équipe visuellement neutre, trop rarement flamboyante et surtout sans logiciel idéologique, sans vrai maître plan tactique. Puis Conte est arrivé. Avec son éternel 3-5-2 millimétré, son travail sur le bloc équipe, l’harmonie des déplacements et la verticalité des transmissions milieu-attaque. Le miracle s’est-il accompli ? Pas encore, mais la première mi-temps des Interisti face aux Barcelonais ce mercredi est porteuse de quelques premières certitudes.
D’un, comme l’Italie à l’Euro 2016, l’Inter de Conte peut faire bien avec peu. Face au Barça, les Lombards n’ont eu la gonfle que 34% du temps. Pourtant, les statistiques sont formelles : si l’Inter a coulé après la pause, elle a totalisé 9 occasions contre 13 pour les Catalans, tiré à onze reprises (contre 17 pour le Barça) et cadré trois fois pour un but marqué. Surtout, elle a démontré à maintes reprises sa capacité à accélérer les phases de transition, en investissant la surface adverse avec un nombre parfois très restreint de transmissions. À cet égard, le duo d’attaque Sánchez-Martinez, qui a justement combiné en première période dans une recherche constante de la profondeur, mais aussi l’apport de Sensi et Barella au milieu, deux joueurs dotés techniquement et dont l’Inter de Spalletti ne disposait pas, sont autant d’atouts qui semblent déjà justement utilisés et valorisés. Sans compter que Conte avait dû se passer de Romelu Lukaku ce mercredi soir. Une absence de poids : le Belge constitue son point de terminaison offensif numéro un et apporte aussi une variation appréciable aux assauts interisti, de par la qualité de son jeu de tête et de déviation.
Des pensées et des actes
Malheureusement, l’Inter a aussi fini par piquer du nez au Camp Nou et ça n’avait rien de tout à fait étonnant : d’abord parce que, individuellement, le Barça est évidemment d’une autre classe, comme en attestent les deux buts de Suárez. Mais aussi parce que l’Inter de Conte reste encore un chantier inachevé. Le poste de piston droit, où ni Candreva ni D’Ambrosio n’apportent encore totale satisfaction, reste un problème, quand Alexis Sánchez, auteur d’une première mi-temps exemplaire, doit encore cravacher physiquement pour ne plus sortir rincé à l’heure de jeu comme ce mercredi, où il fut remplacé par Gagliardini.
Conte avait alors constaté les limites des siens et, alors que le Barça venait d’égaliser, voulait tenir le score plutôt que de tenter de planter un second pion. Un pari raisonnable, mais perdu, Suárez ajoutant une seconde banderille en fin de partie après un show de Messi. Mais, là encore, l’essentiel est ailleurs : le projet de Conte n’est pas encore parfait, mais les idées sont là. Pas seulement ébauchées, théorisées dans son crâne bien fait, mais déjà tangibles, sur la pelouse. Et pour achever de démontrer leur solidité, le Mister de l’Inter sait ce qu’il lui reste à faire : battre la Juve dimanche prochain à San Siro, lors du derby d’Italie.
Par Adrien Candau