Le football, ça signifie quoi pour vous ?
Quentin : Moi, j’aime ça depuis un paquet d’années, quand même. Depuis que mon père a acheté une télé, en fait. L’année où le FC Metz a terminé deuxième du championnat de France. Et donc l’année de la Coupe du monde. Même si mon premier souvenir de foot, ça reste un match tout pourri que j’ai vu à la campagne : un France-Hongrie en amical. J’étais tout môme et à l’époque, je ne suivais pas du tout le foot. Je me rappelle m’être dit : « Putain, ça a l’air d’être chiant le foot ! » (rires) Désormais, je suis surtout le championnat de France et la Ligue des champions plus que la Premier League qui m’excite pas tant que ça, à vrai dire.
Adrien : Moi, disons que je suis pourri par Canal+. Toute les émissions un peu liées au foot, je regarde. Le dimanche, c’est un peu la tradition : le Canal Football Club, le match, le débrief du match, L’équipe du dimanche. Et puis, le lendemain, t’enchaînes sur J+1. Sinon, je supporte le Paris Saint-Germain parce que je suis parisien. Les premiers souvenirs que j’ai de ce club, ce sont les matchs avec George Weah, les joutes européennes. Les gros matchs cools des années 90 qui m’ont fait aimer ce club, quoi. Avant ça, j’avais vibré pour la première fois devant un match de foot lorsque Zidane avait claqué ses deux buts en équipe de France contre la République tchèque. Mais le plus drôle, c’est que je n’ai pas vu le match à la télé : je l’ai écouté à la radio !
Toi, Quentin, tu as une équipe de cœur ?
Quentin : J’aime le côté terroir qui émane du championnat de France et j’éprouve un grand amour pour le Stade de Reims. C’était pas évident au début des années 2000 quand on végétait en National. Pas cool du tout. J’étais super vénère. Bon, ils sont remontés en Ligue 1, mais ils font une saison de merde, cette année. Ils n’auraient jamais dû vendre Grzegorz Krychowiak, il était bien trop bon. J’ai eu la haine quand j’ai appris qu’il partait. Fournier, c’est pareil, je comprends pas pourquoi il s’est barré…
Bah… pour entraîner un meilleur club ?
Adrien : Ouais.Quentin : Mais non ! Y a pas de vie à Lyon, c’est nul. Reims, ça sent le terroir ! Les pelouses gelées, les tacles à la carotide, le stade qui est tout pourri… C’est trop bien ! Il aurait jamais dû partir. Le côté crade, vivant, je trouve ça beau. Il y a quelque chose de touchant dans l’idée d’avoir des mecs qui ne jouent pas nécessairement bien, mais qui donnent tout pour battre une grosse équipe. C’est ce que j’aime dans le championnat de France. C’est ce qu’on a vu en décembre ou janvier dernier, quand Bastia – qui est quand même une équipe assez pourrie – arrive à taper le PSG. Voilà, j’aime les scénarios hallucinants et les histoires de fous dans le foot. J’aime les Franck Jurietti, les Cyril Rool…Adrien : T’aimes les enfoirés, en fait ?Quentin : Ouais, c’est ça. J’aime bien les bouchers. J’ai toujours trouvé ça drôle. C’est pour ça que j’ai toujours été un fan d’Éric Cantona. Et le fait que le mec jouait super bien et qu’il avait la répartie facile le rendait encore plus sympathique. Tant qu’on est sur les bouchers, je dois avouer que j’ai beaucoup aimé le passage de Spahić à Montpellier. Je ne sais plus combien de matchs de suspension le mec s’est pris. Deux saisons entières basées sur de la méchanceté gratuite, c’est fort, quand même. Donc je dois reconnaître que j’ai une grande affection pour lui.
D’autres joueurs qui vous ont marqué ?
Quentin : Quand j’étais gamin, j’adorais Robert Pirès. Mais le fait qu’il vienne de Reims a sans doute joué en sa faveur. Ceci dit, c’était un joueur assez cool. Il avait un super sens de la passe.
Sans lui, on n’aurait peut-être jamais gagné l’Euro 2000 !
Quentin : C’est vrai ! Mais déjà en 98, pendant le match contre le Paraguay, c’est lui qui ramène l’action sur le but de Laurent Blanc. Il fait l’avant-dernière passe. Et pour la Coupe du monde 2002, il se blesse juste avant la compétition. C’est con parce que je suis sûr qu’il aurait pu faire un Mondial de ouf. Adrien : Pour le Mondial 2002, je me rappelle que notre prof de maths avait ramené en loucedé une télé pour qu’on regarde les matchs. On s’est tapé des purges de l’enfer. Le match contre le Sénégal… Mais c’était soit ça, soit avoir cours de maths, donc bon, c’était un peu mieux. C’était cool cette période. Enfin cool, non. Mais t’as l’impression que cette lose, ça fait partie du sport français. Je ne sais pas si c’est parce qu’on est philosophes qu’on est des losers ou si c’est parce qu’on est des losers qu’on est philosophes. Mais on a toujours cette idée de croire que cette frappe, on va jamais la rentrer. Tu sais bien que tu vas pas niquer tout le monde et que t’es pas le meilleur sur terre.
Quentin : Et d’un autre côté, quand tu gagnes, vu que tu n’es pas habitué, ton plaisir est vraiment décuplé.
Ou alors on s’habitue un peu vite à gagner : après la Coupe du monde 98 et l’Euro 2000, tout le monde voyait la France gagner, au point d’avoir des pubs où les joueurs avaient la deuxième étoile cousue sur le maillot avant la compétition…
Adrien : Attends, t’as oublié de mentionner qu’on a également remporté la Coupe des confédérations en 2001 !Quentin : Ça, tu peux pas nous l’enlever, OK ! (rires)
Revenons à nos moutons : Adrien, un joueur qui t’a marqué particulièrement ?
Adrien : Jérôme Leroy. Je ne me souviens plus exactement de l’année, mais il y a eu ce match contre l’OM où il met un but de ouf. Il est aux trente-cinq mètres, sur l’aile. Il fait mine de faire un centre et en fait, il met un but de dingue. Sur ce même match, à la toute fin, il y a le rush de Ronaldinho qui peut potentiellement marquer un but de malade. Mais Leroy vient lui voler le but comme un enculé, genre à dix centimètres des cages. Le mec qui est capable de faire des coups d’éclat trop cool et derrière, faire des actions toutes pourries comme piquer un but trop cheum. Il faisait beaucoup de trucs comme ça, à l’époque.
Quentin : Il a signé à l’OM par la suite, d’ailleurs. Les mecs du PSG devaient être contents. « Ouais, il s’est barré ! » (rires)
D’ailleurs, Leroy joue toujours à 40 piges, à Châteauroux. Et entre-temps, il a fait du MMA.
Quentin : Oh putain ! Le mec que t’as envie d’avoir en face… (rires)
Adrien : Vu son physique, il a dû faire une espèce de sport asiatique un peu fourbe qui met des chassés dans les couilles ! Sinon, dans les joueurs actuels, il y a un joueur que j’adore, c’est Aubameyang. Je trouve que c’est un putain de joueur, assez sous-coté. Et puis, dans le mauvais goût des joueurs de football, c’est celui qui y va le plus à fond. Et qui assume de kiffer la Tecktonik. Il a cet état d’esprit ultra-bon enfant. Par exemple, je n’ai jamais vu ou lu d’histoires d’embrouilles sur ce mec comme il peut y en avoir cinquante mille avec des jeunes formés dans le foot français.
Le nom Iñigo Montoya, c’est quand même lourd de sens (inspiré du personnage du film Princess Bride). Qui serait le Iñigo Montoya du foot, selon vous ?
Quentin : Attends, je vais fouiller dans ma mémoire pour trouver un joueur espagnol ou mexicain… (rires)
Adrien : Non, il faut trouver un mec plein de revanche. Du genre Adebayor qui marque son but contre Arsenal et qui remonte tout le terrain pour aller célébrer son but devant les fans d’Arsenal, ça représente ça un peu.Quentin : Après, David Luiz qui se fait Chelsea à lui tout seul, c’est un peu un bon esprit de revanche à la Iñigo Montoya. Ça peut marcher.
Iñigo Montoya, c’est aussi cette phrase : « Buenos dias, mon nom est Iñigo Montoya, tu as tué mon père, prépare-toi à mourir. » Quelle serait la meilleure punchline de footballeur que vous ayez entendue ?
Adrien : Je pense que c’est Best qui dit : « J’ai claqué beaucoup d’argent dans l’alcool, les filles et les voitures de sport. Le reste, je l’ai gaspillé. »
Quentin : En revanche, il y en a une que je n’ai jamais pigée. Surréaliste. C’est quand Thierry Henry a dit : « Tu peux sortir de la cité. Mais pour que la cité sorte de toi… » J’ai jamais compris ce qu’il voulait dire.
Le premier EP d’Iñigo Montoya, InigEP01, est sorti le 25 mai.
Le Facebook d’Iñigo Montoya
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