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Indice UEFA : la Ligue 1 stagne, mais se rapproche du Portugal
La Ligue des champions et la Ligue Europa arrivent bientôt à leur terme. En France, en Russie et au Portugal, la saison européenne s'est arrêtée au stade des quarts de finale avec les éliminations de Paris, Monaco, Porto et du Zénith. L'occasion de faire le point sur l'indice UEFA au crépuscule de cet exercice et la veille du suivant.
On le sait depuis la semaine dernière, 2015 ne sera pas l’année qui reverra un club français atteindre un dernier carré européen. Le PSG s’est fait piétiner par le Barça, et Monaco a fait face à ses limites contre la très solide Juve. Tous deux ne porteront donc pas le football français sur leurs épaules plus longtemps. Quel bilan tirer au terme de cette saison européenne ? Est-il positif ? Sans doute. Dire le contraire serait faire preuve de pessimisme. Deux écuries hexagonales ont atteint le top 8 européen, tandis qu’une autre a déjoué les pronostics en atteignant les 16es de finale de la C3. Et si l’on en attend plus de Paris dans les mois et années à venir, les prouesses de Monaco – prédestiné à connaître une saison pourrie – et Guingamp permettent de relativiser un tant soit peu la présumée nouvelle mauvaise mouture du football national.
D’autant que la L1 boucle l’exercice 2014-2015 avec 10,916, son meilleur total depuis 2010. C’est bien, mais pas encore top. Être optimiste, oui, mais sans oublier l’élimination prématurée de l’Olympique lyonnais en barrages de la Ligue Europa et la phase de poules nulle (c’est le cas de le dire) de Lille et Saint-Étienne dans la même compétition. Si les Gones avaient atteint ne serait-ce que la phase de poules de la C3, la France totaliserait aujourd’hui au moins 11,916 points. C’est beaucoup et donc forcément rageant. Surtout quand on sait qu’une saison de merde en Angleterre vaut 13,571 points et que l’Italie, quatrième devant la Liga portugaise, et ses 18,166 points ne sont battus que par l’Espagne en 2014-2015. Le chemin de la reconnaissance est encore long pour la Ligue 1.
L’Italie, un autre monde
Intouchable, la Serie A ? A priori oui, et ce, pour quelques années encore. Car si, à l’image de son championnat, la Juve est seule au monde lorsqu’il s’agit de jouer des coudes avec les colosses européens, ses poursuivants directs, eux, se situent quelque part au-dessus de la Ligue Europa et en dessous du gratin continental (on parle du football italien actuel et non de son âge d’or). Ce qu’il faut retenir, c’est qu’à l’inverse des clubs français, ceux de la Botte cueillent les points comme des fleurs quand ils jouent la C3. D’aucuns brandiront l’éternelle excuse du manque d’investissement des équipes tricolores en Ligue Europa plutôt que de pointer du doigt le vrai problème, à savoir la médiocrité de certaines d’entre elles une fois face au mur européen. Qui peut oser prétendre que Saint-Étienne ou Lille aurait pu sortir Naples ou la Fiorentina même « en jouant le coup à fond » ?
Certes, il y a une différence de budget à prendre en considération, mais aussi un fossé culturel qu’il faudra combler pour pouvoir rivaliser avec les Italiens – et les autres – par le futur. Tant que l’identité du championnat français ne changera pas, tant que la Ligue 1 restera (exception faite pour l’actuel podium et l’OM version Bielsa) le championnat de la frilosité et du manque de rythme, ses représentants se casseront les dents en Europe, même face à des Roumains ou des Islandais, à partir du moment où ces derniers joueront intensément face à onze gars qui n’en ont pas l’habitude. Car si l’excès de rythme nuit à la Premier League, la mollesse et le manque d’ambition de notre football handicapent les clubs gaulois au moment de faire le grand saut vers l’Europe. De ce point de vue et malgré la crise qu’elle traverse, la Serie A peut dormir sur ses deux oreilles.
La menace russe s’éloigne, le Portugal en ligne de mire
Le présent, c’est donc la Russie et le Portugal, dont les championnats sont de niveau actuellement équivalent au français (du moins sur le plan comptable). Un temps au-dessus, les Russes ont finalement réalisé une saison moyenne et se sont arrêtés à 9,666 points. La Liga Nos, elle, fait encore moins bien avec 9,083, mais préserve son cinquième rang malgré la perte de l’année 2010-2011 (celle de la victoire de Porto en C3) à partir du prochain exercice, que la France débutera nettement devant les Russes et sur les talons des Portugais. Ce sera donc principalement avec ces derniers qu’il faudra se battre. La Russie pourra toujours compter sur le Zénith pour rapporter des points en C1, mais c’est presque tout. Kraznodar et le CSKA, eux, auront la lourde tâche de grappiller des points en C3. Ça paraît léger pour renverser la L1 sur le court terme.
À l’inverse, le Portugal pourrait offrir davantage de résistance, à condition que Porto et Benfica réussissent à se reconstruire rapidement après un mercato aux allures de remaniement ministériel, et que le Sporting réussisse à se qualifier en Ligue des champions, ce qui n’est pas dit puisque les Lions ne jouiront pas du statut de tête de série lors des barrages. En revanche, c’est en C3 que la différence se fera par rapport à cette année. À la place des bizuts Estoril et Rio Ave, le Portugal enverra Braga et Guimarães, deux formations expérimentées capables de gagner des matchs sur la scène européenne. Comme bien souvent, la Ligue Europa sera le juge de paix de cette lutte luso-française. Car en Ligue des champions, les moyens de Paris, la jeunesse lyonnaise et l’audace monégasque – si tant est que les trois se qualifient – devraient faire le travail.
Par William Pereira